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Le rock’n’roll français perd une autre voix avec Dick Rivers

Ici photographié le 20 mars 2006 à Paris, Dick Rivers est décédé le 24 avril 2019, jour de son 74e anniversaire. Photo: AFP/Stéphane de Sakutin

Au paradis des rockers français, Johnny Hallyday n’est plus seul et c’est toute une époque qui continue de s’éteindre: Dick Rivers, une des voix les plus emblématiques des 60’s, est mort des suites d’un cancer, mercredi, le jour de son 74e anniversaire.

L’ex-leader du groupe Les Chats Sauvages « s’est éteint cette nuit d’un cancer à l’hôpital américain », a annoncé à l’AFP son manager, Denis Sabouret.

Ainsi, Dick aura été emporté au même âge que Johnny en décembre 2017, par la même maladie. Mais contrairement à l’idole des jeunes, lui n’aura pas droit à un immense hommage populaire.

« Il était le rock personnifié. Il avait tous les fondamentaux du Elvis sans cesse renouvelé. C’était un type extrêmement authentique, déterminé dans sa démarche, qui n’a jamais dévié et qui est un peu l’image de la droiture. Cela fait trente ans qu’on se connaissait. Je suis assez triste », a commenté sur RTL Francis Cabrel, que Rivers considérait comme son plus vieil ami dans le métier et avec lequel il fit une tournée en 1990.

Autre réaction, celle du maire de Nice, ville natale du rocker qui l’a placée sur la carte du rock français en 1984 avec son tube empreint de nostalgie « Nice baie des Anges ».

« Ce n’est pas le Niçois qui me manquera seulement mais c’est aussi une page d’histoire qu’il a écrite avec son groupe les Chats Sauvages. Sa musique, ce rock’n’roll formidable, nous parlait d’un temps d’optimisme, de jeunesse, de rébellion aussi (…) So long, my friend! », a déclaré Christian Estrosi dans un communiqué, tandis que l’OGC Nice, lui dédiera son match de Ligue 1 dimanche face à Guingamp.

Connu notamment pour sa célèbre « banane », Hervé Forneri de son vrai nom, restera l’un des plus célèbres voix du rock’n’roll à la française. Mais contrairement à Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell, lui était résolument resté ancré dans cette esthétique sans s’essayer au chanteur de variété, quitte à être bien moins médiatisé.

« J’ai souffert d’avoir été le troisième larron du rock français », confessa-t-il même dans son autobiographie « Mister D » (2011).

« Noblesse de l’interprétation »
Toute sa vie d’artiste, il aura tenté de marcher dans les pas de ses idoles, qui avaient pour nom Elvis Presley, Johnny Cash, Gene Vincent.

Auteur de 35 albums, en 55 ans de carrière, il connaît très vite le succès dans les années 60 et 70, avec des tubes tels que « Est-ce que tu le sais? », adapté de « What’d I Say » de Ray Charles et « Twist à Saint-Tropez » avec Les Chats Sauvages, ou « Tu n’es plus là », « Rien que toi » ou « Maman n’aime pas ma musique » en solo.

A partir des années 80, on l’entend moins, ses succès sont plus rares. Il apparaît comme le parent pauvre des ex-idoles yéyés, là où Johnny, Eddy et Jacques Dutronc remportent toujours autant de succès, quand il n’est pas singé – gentiment – par Antoine de Caunes dans l’émission « Nulle Part Ailleurs » de Canal+.

Après un sursaut notable avec l’album « Plein Soleil » (1995) baigné de ballades country, les années 2000 lui réservent un autre retour de flamme avec « L’homme sans âge » (2008) écrit et composé par Joseph d’Anvers.

« A l’époque j’écrivais pour Alain Bashung et lui. Quand je disais Bashung, les gens réagissaient par un +whaou!+ et pour Dick ils souriaient poliment. Mais le disque dans lequel il chantait l’âge, la mort, a été bien accueilli. C’était une fierté », témoigne à l’AFP Joseph D’Anvers.

« Un jour il m’a invité à chanter sur scène, quand j’ai eu le retour de sa voix je l’ai ressenti jusque dans la colonne vertébrale. Il incarnait la noblesse de l’interprétation », ajoute-t-il.

Dick Rivers rappela l’an passé que sa voix grave et profonde avait finalement peu d’équivalent en France, dans un duo avec Julien Doré pour la reprise du tube de Rose Laurens « Africa ».

Ce dernier n’a pas manqué d’exprimer sa tristesse en postant sur Twitter une image du clip où Dick fait un au-revoir de la main, accompagné de ces mots: « Bon voyage mon ami ».

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