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Jesse Mac Cormack: «Il ne faut pas bousculer les choses»

Jesse Mac Cormack Photo: Collaboration spéciale

Tout vient à point à qui sait attendre. Après trois EP remarqués, Jesse Mac Cormack livre un premier album attendu et bien mûri, Now.

«C’était important de bien préparer le terrain avant de faire un premier disque, parce que je n’étais pas intéressé à faire un album sans avoir mis la table, explique calmement l’auteur-compositeur-interprète mont­réalais, qui a fait tourner bien des têtes, ici comme à l’étranger, avec ses trois premiers mini-albums.

«Premièrement, je voulais que l’album soit minimalement attendu. Et ça m’a aussi permis d’explorer, de trouver mon son et de savoir un peu plus ce que je voulais faire. Parce qu’au début, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire», admet-il candidement.

Ses trois premières cartes de visite, Music for the Soul et Crush, tous deux sortis en 2015, et After the Glow (2016), nous avait laissé une impression de folk intimiste, où un rock indie plus musclé venait parfois pointer le bout du nez.

Now se situe au bout de se tournant rock. Les trois premières pièces de l’album – Give a Chance, No Love Go et Stay – donnent l’exemple avec leurs guitares aériennes, la présence de synthétiseurs en sourdine et même l’arrivée inattendue d’un solo de saxophone bien senti.

Si les choses se calment un peu par la suite en deuxième moitié (mais pas tant que ça, comme le prouve la dansante Ever Go On), le ton est donné.

«Ça s’est fait organiquement, au fil des EP et de tous mes projets, explique le jeune trentenaire à propos de cette évolution musicale. À force de faire de la tournée, j’ai eu envie d’avoir des chansons un peu plus rythmées qui donneraient plus d’énergie aux spectateurs, plutôt que de les plonger dans la contemplation, mettons. J’ai senti que j’avais besoin que ça bouge plus.»

«Quand tu as quelque chose à dire, tu le dis. Sinon, tu te retiens» –Jesse Mac Cormack, à propos de son processus de création, qui laisse une place au mûrissement.

À l’image du taciturne chanteur, très posé en entrevue, ce tournant s’est fait bien calmement. Tout comme l’écriture de ce premier long jeu, qui s’est fait sur une longue durée.

«Il y a peut-être 3 ou 4 chansons sur le disque (qui en compte 10) que j’avais commencées en tournée, dans un espace de temps assez court. Mais sinon, ça s’est fait sur une longue période. Il ne faut pas bousculer les choses non plus. C’est plate, écouter quelqu’un qui n’a rien à dire.» Jesse Mac Cormack, lui, avait envie de parler des liens qui nous unissent, nous les humains.

«C’est pas mal toutes des chansons sur les relations humaines : entre amis, entre parents, entre amours. Je ne me suis pas posé la question, je suis allé avec ce qui est venu et that’s it.»

Paysages
Pour illustrer son premier long jeu, Jesse Mac Cormack a choisi une pochette où on voit son enfant à Badwater, un désert de sel au cœur de la Vallée de la mort. Un lieu fantomatique qui correspond bien à l’atmosphère ouverte et un peu hors du temps de l’album.

«Il y a des milliers d’années, c’était un océan et il y avait de la vie en masse. Et aujourd’hui, c’est un désert. C’est un peu une représentation de ce à quoi l’avenir pourrait ressembler. »

«C’est un endroit qui donne le vertige, c’est tellement grand. La perspective est trompeuse, on a l’impression que les choses sont proches, mais elles sont pourtant si loin. Il y a des journées où il n’y a pas de vent. C’est tellement silencieux. C’est tellement fou d’être dans un endroit aussi vaste, mais sans bruit. Ça donne le vertige, d’entendre ton cœur battre et tes oreilles siller dans un endroit tellement grand.»

Du pays, Jesse Mac Cormack­ en verra beaucoup à la fin mai, avec une mini-tournée­ européenne qui le mènera notamment à Paris, Londres, Hambourg et Berlin. Au mois de juin, ce sera au tour des États-Unis : Brooklyn, Philadelphie, Washington, Los Angeles, Seattle… avant de revenir à Montréal, au Club Soda, à temps pour le début du Festival de Jazz.

«Je suis un gars de tournée, dans la mesure où j’aime faire des shows. C’est trippant de se promener en faisant de la musique, rencontrer du monde et de nouveaux musiciens. Ce que je voudrais, c’est continuer à faire ma musique, mais à plus grande échelle. Je veux continuer à faire de la bonne musique, collaborer le plus possible avec les musiciens qui m’entourent, ne pas me mettre de barrières et toujours être ouvert.»

Seul ou avec d’autres
En plus d’être un chanteur et un multi-instrumentiste accompli, Jesse Mac Cormack­ est aussi un réalisateur au service d’autres artistes.

Il a notamment travaillé avec Mélanie Boulay, Helena Deland, Emilie Kahn, en plus de co-réaliser l’excellent Silence des troupeaux de Philippe Brach. «C’est vraiment nourrissant de travailler avec d’autres, explique-t-il. Je fais des choses que je ne ferais pas nécessairement seul. C’est entrer dans l’univers de quelqu’un d’autre, ressentir d’autres choses, écouter d’autres paroles et d’autres musiciens qui apportent des nouveaux angles.»

Now est disponible dès vendredi

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