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La fête continue pour Orelsan

Photo: jean counet/collaboration spéciale

Figure incontournable de la scène rap française, Orelsan sera de passage au Québec ce week-end, le temps d’une autre tournée éclair en Amérique du Nord.

«Le quatrième ou le cinquième, je ne sais plus trop…» Très relax au bout du fil, le sympathique rappeur originaire de Caen tente de se rappeler le nombre de ses séjours en sol québécois.

Si sa renommée est moindre ici qu’en France, Orelsan fait tranquillement sa niche chez nous, lui qui a rempli deux fois le MTelus l’automne dernier.

Après un passage à Sherbrooke vendredi, il sera samedi l’une des têtes d’affiche du festival Santa Teresa, aux côtés de MGMT et d’Hubert Lenoir, avant de mettre le cap sur New York.

De l’autre côté de l’Atlantique, Aurélien Cotentin, son vrai nom, triomphe avec 600 000 exemplaires vendus de son troisième album (La fête est finie, qui lui a valu plusieurs Victoires de la musique, dont celui d’artiste de l’année), des tournées dans les plus grandes salles de l’Hexagone et des collaborations avec de gros noms comme Stromae et Dizzie Rascal.

Alors, qu’est-ce qu’un artiste de ce calibre vient chercher au Québec?

«De la nouveauté, répond-il avec flegme, après un moment de réflexion. Vous n’écoutez quand même pas du tout la même musique que nous. On rencontre aussi un nouveau public. Et on fait simplement plaisir au public qui nous connaît et qui ne nous voit jamais en concert.»

Un auditoire composé d’expatriés français, mais aussi de plus en plus de Québécois. «C’est moit’-moit’», selon lui.

Dur dur de vieillir
Le rappeur de 36 ans apporte dans ses bagages La fête est finie, album paru en 2017 qui s’est doublé l’an dernier d’Épilogue, une réédition qui comprend 11 nouveaux titres.

Un album présenté comme étant celui de la maturité, avec des thèmes comme la peur de vieillir, la famille et la déception de la vie d’adulte. Parce que la trentaine, la bedaine, les morveux et l’hypothèque font aussi peur aux rappeurs.

«Je vais me pencher là-dessus à partir de septembre­. Je ne sais pas si je vais prendre six mois ou quatre ans.» Orelsan, sur la démarche de création qui va mener à un éventuel nouvel album. «J’aime bien les albums cohérents, c’est pour ça que je prends du temps à les faire.»

«À la base, je ne voulais pas du tout parler de ça. Parce que ce n’est pas intéressant. Je me disais: “Mais qui a envie d’écouter un rappeur qui parle de vieillir?”, se souvient Orelsan en riant. La plupart des pièces que j’écoute, c’est de la musique immature, je crois. Et du coup, les artistes rangés, ça m’a toujours fatigué. Mais petit à petit, je voyais bien que l’inspiration et les chansons qui sortaient étaient toujours liées à ce genre de sujets. Un moment, je me suis dit : c’est ça, l’album s’appelle La fête est finie, ça parle vraiment du passage à l’âge adulte et je ne peux rien faire d’autre.»

«On était censé changer les choses / Depuis quand les choses nous ont changés?», demande-t-il sur la pièce titre, bilan de vie un peu (beaucoup) déprimant d’un ado un peu attardé qui aurait mal vieilli.

«Le danger, quand tu vieillis, c’est de vouloir faire comme si t’étais encore jeune, tranche-t-il.

Mais d’un autre côté aussi, tu as le droit d’être encore jeune. Tout dépend de ce que tu fais. Moi, à peu près toute la musique que j’écoute, c’est de la musique nouvelle, faite par de nouveaux rappeurs, donc c’est la musique que j’ai envie de faire. Je pense que, tant que c’est sincère, ça fonctionne.»

Comme il le dit dans la pièce San, pas question de vieillir comme les stars de [sa jeunesse], c’est-à-dire «morts ou devenus des parodies d’eux-mêmes».

Solution? L’innovation et l’authenticité.

«Être une caricature de soi-même, c’est aussi avoir une recette, l’appliquer et toujours essayer de faire la même chose. Pour ne pas être une caricature de soi-même, il faut se renouveler et pas toujours se dire : j’ai fait du Orelsan, ç’a fonctionné, faut que je refasse du Orelsan. C’est un danger qui nous guette tous.»

Des projets, encore des projets

Orelsan a choisi de se renouveler en multipliant les projets. D’abord, en sortant deux albums de son duo Casseurs Flowters, qu’il forme avec son pote caennais Gringe.

Les deux hommes ont aussi joué dans Bloqués, série de sketchs humoristiques présentés dans Le Petit Journal, émission culte de Canal Plus.

À cela s’ajoute la réalisation d’un film, Comme c’est loin (250 000 entrées en France en 2015) et même la création d’une marque de vêtements, Avnier.

«Je ne me pose pas la question en fait. Pour moi, c’est normal de faire parfois de la vidéo, parfois de la chanson. Des fois, il y a des chansons qui me viennent en pensant à une idée de clip. Pour moi, écrire une blague, un texte de rap ou un scénario, c’est plus ou moins la même démarche. C’est écrire.»

Une multidisciplinarité qu’il partage avec Stromae, qui vient faire un tour sur la chanson La pluie, hommage à leurs nuageuses régions respectives (la Normandie et la Belgique, pas exactement des destinations Club Med), terreau d’une «classe moyenne pas tellement classe».

Les deux artistes ont aussi en commun une écriture bien ficelée qui transpire l’ironie, souvent servie sur des rythmes accrocheurs.

«À la base, Stromae faisait aussi du rap. Le côté “on fait du rap et on l’adapte un peu en chanson”, ça se ressemble. On a un côté dépressif aussi. (Rires) On fait des chansons un peu tristounettes. On aime aborder des sujets graves, mais avec ironie. C’est vrai que ça se rejoint pas mal.»

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