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Cécile Gariépy: celle qui colorait les vi(ll)es

Cécile Gariépy
Cécile Gariépy Photo: Pablo Ortiz/Métro

Son coup de crayon vous dit quelque chose? Vous l’avez sûrement croisé au détour d’une rue, sur une fresque bariolée ou dans la vitrine d’une librairie. Ou était-ce sur le mur de la pizzeria Melrose, sur une affiche publicitaire Apple, dans une chronique du New York Times ou sur la façade d’un hôtel? De Montréal à Paris en passant par les États-Unis et le Belize, Cécile Gariépy vit de sa passion avec un succès qui la surprend encore elle-même!

Métro: Réalisatrice de formation, vous êtes devenue une illustratrice chevronnée. Racontez-nous ce virage surprenant dans votre parcours.

Cécile Gariépy: Honnêtement, je ne me l’explique pas encore. J’ai fait des études de cinéma à Paris. C’était une formation très théorique et je voulais davantage exprimer mon esprit créatif, alors j’ai commencé à faire des esquisses de mon quotidien, de ma vie parisienne. Je les partageais sur Instagram pour donner des nouvelles à mes amis; ils y étaient très réceptifs, alors j’ai continué, puis au final, quand je suis rentrée à Montréal, des gens se sont mis à m’appeler pour me passer des commandes. C’est donc devenu mon nouveau plan de carrière!

Le dessin était-il déjà une passion pour vous? À quand remonte votre plus ancien souvenir avec un crayon?

C.G.: J’ai toujours aimé dessiner ce qui se passe autour de moi. Je me souviens que je griffonnais déjà sur les murs de l’appartement dans lequel je suis née! Ça fait bien rire ma mère, maintenant que je peins des murales… Quand j’étais enfant, mes parents nous emmenaient souvent manger dans un restaurant grec de la rue Saint-Denis, chez Tasso [l’établissement a fermé depuis], et le chef nous donnait des crayons de cire et des napperons en papier pour nous occuper ma sœur et moi. Il racontait toutes sortes d’histoires sur sa vie en Grèce et je m’amusais à dessiner les villages, la mer et les pêcheurs de ses récits. À mes 18 ans, M. Tasso m’a offert une grosse enveloppe dans laquelle il avait conservé tous les dessins que j’avais griffonnés sur ses napperons. C’était un cadeau très symbolique!

Vous êtes appelée à travailler à de nombreux endroits dans le monde, mais votre port d’attache demeure Montréal. Qu’est-ce qui vous plaît ici?

C.G: Montréal est une ville agréable à vivre. J’aime son rythme calme. Je peux me rendre à pied de mon appartement à mon atelier, faire pousser des tomates sur mon balcon et promener mon chien dans les parcs et ruelles. Ma famille et mes amis sont ici; c’est également important pour moi. Et puis les gens sont gentils, souriants et de bonne humeur, ce qui inspire beaucoup mon travail, car je suis entourée de personnages aussi joyeux que ceux que je dessine!

Quelles y sont vos habitudes et adresses fétiches?

C.G.: Grâce à mon chien et à ses promenades, j’explore tous les jours mon quartier de La Petite-Patrie. Notre rituel, c’est d’aller au café Pista chaque matin et à la pizzeria Gema quand on veut manger dehors. Quand on se balade avec un chien, on sait jamais jusqu’où on va aller ni quand on va rentrer, le temps est élastique. Ça contraste avec la cadence et les échéances strictes que je dois respecter dans mon métier.

Vos dessins se caractérisent par leur joyeuse simplicité : des scènes du quotidien, des anecdotes… Quelles sont vos sources d’inspiration?

C.G.: Je suis fascinée par les gens qui m’entourent. J’aime me promener pour les observer et capter leurs gestes, leurs positions, leurs expressions faciales et leurs interactions dans différentes circonstances. J’essaye aussi de m’entourer de choses qui me rendent de bonne humeur comme des plantes et des couleurs vives.

Instagram est un vecteur important de votre travail, celui qui vous a révélée au public. Quels sont les autres outils «2.0» que vous utilisez?

C.G.: La tablette graphique et les logiciels de design me permettent de produire des illustrations à un rythme plus rapide que si je travaillais à la main, puis d’effacer et de recommencer en quelques secondes. Ces outils facilitent le travail de réalisation, mais pour ce qui est de la création, je ne compte que sur mon imagination. J’aime observer les tendances sur Pinterest et Instagram, mais je mets un point d’honneur à suivre mon propre style.

Une de vos dernières réalisations est une gigantesque murale sur le boulevard Décarie. Pouvez-vous nous raconter cette aventure d’envergure?

C.G.: C’est un projet qui souligne le 50e anniversaire de l’Office municipal d’habitation de Montréal. J’ai dessiné des personnages qui jouent avec des maisons sur le mur d’un immeuble résidentiel pour illustrer le sentiment communautaire. La réalisation a pris 14 jours, une grue et environ 50 gallons de peinture! Ce n’était pas facile; je ne pensais pas avoir le vertige, mais maintenant, je peux vous assurer que oui. (Rires)

Quels sont vos prochains projets?

C.G.: Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a un gros virage qui se profile dans ma carrière, en animation. Une affaire à suivre dans les prochains mois…

Si Cécile Gariépy était…

• Une couleur: Gelée De Goyave P180-4 de Behr.

• Un objet: des jumelles.

• Un lieu: le lac Plaisant, à Saint-Élie-de-Caxton.

• Un dicton: La preuve est dans le pouding.

• Une œuvre d’art: un pavlova qui sort du four.

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