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«Le cygne de cristal»: l’oiseau de passage

Le cygne de cristal, qui met en vedette Alina Nasibullina, prend l’affiche aujourd’hui. Photo: Courtoisie

Rarement une actrice aura autant fait un avec son personnage qu’Alina Nasibullina dans Le cygne de cristal.

Velya est une DJ qui rêve de musique et des États-Unis. Sa perruque bleue attire les regards, au même titre que son attitude désinvolte et sa personnalité flamboyante.

«Elle représente la liberté pure et simple, lâche dans un délicieux anglais son interprète Alina Nasibullina, qui était de passage au Canada pour la première fois de son existence. Son énergie est vraiment contagieuse.»

Sauf qu’elle habite au Bélarus, en 1996, dans un régime post-soviétique pauvre et encore attaché au passé. Devant sa soif d’expérimenter et de se trouver, elle se heurtera à des mentalités qui ne risquent pas de l’enchanter.

«J’aime quand les jeunes personnes désirent quelque chose et qu’ils feront tout pour arriver à leurs fins, explique la comédienne de 29 ans. Cela fait changement de la jeunesse d’aujourd’hui, où les gens ont tout, qu’ils ne pensent qu’à leur téléphone intelligent. Sa quête est inspirante et parfois, j’ai vraiment besoin de me sentir comme elle.»

«Être Velya c’est vivre libre, avoir une confiance en soi démesurée.» – Alina Nasibullina, sur l’héroïne qu’elle incarne dans Le cygne de cristal.

Il y a pourtant tout pour entraver son bonheur. Comme le cadre de l’image, beaucoup plus resserré qu’à l’accoutumé et dont elle ne peut échapper, qui représente une prison. «Ce n’est pas suffisant pour la contenir, évoque l’actrice russe, qui a été choisie une semaine avant le tournage par la cinéaste Darya Zhuk. C’est pour ça que tout ce qu’elle porte est plus coloré. Elle est différente, plus lumineuse.»

Elle représente d’ailleurs ce rêve de changement, le cygne de cristal du titre, dont la grande valeur se veut évidemment très fragile. À l’image de cette démocratie qui risque d’éclater en morceaux à chaque moment.

«Lorsque j’ai grandi en Sibérie dans les années 90 et au début des années 2000, je n’ai jamais éprouvé d’entraves à ma liberté, se rappelle celle qui est également réalisatrice à ses heures. C’est différent aujourd’hui, on ressent davantage de limites en Russie… Ce n’est pas un bon moment pour la liberté.»

Il ne faut donc pas se surprendre que la rayonnante interprète qui réside à Moscou ait le goût de voir du pays, de voyager, de tâter le jeu au-delà des frontières. L’Europe l’attire, particulièrement la France – elle s’est mise à apprendre la langue de Molière – et son septième art foisonnant. Surtout pour une amatrice du cinéma de Claire Denis, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, et grande fan des comédiens Denis Lavant et Louis Garrel.

Pas question cependant d’imiter son personnage et de convoiter les États-Unis. «Je ne me verrais pas à Los Angeles, à Hollywood, maintient Alina Nasibullina. Je ne voudrais pas faire des auditions à tous les jours et prier pour obtenir des rôles. Ce n’est pas moi. Je ne veux surtout pas me pousser à faire quelque chose d’humiliant.»


À l’affiche le 20 septembre

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