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«Jouliks»: la nécessité d’être soi-même

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Jouliks Photo: Courtoisie - Bertrand Calmeau

Mariloup Wolfe aime les univers marginaux. Une décennie après son premier film Les pieds dans le vide, elle plonge tête première dans Jouliks.

Les deux longs métrages ne pouvaient toutefois pas être plus aux antipodes. Le dynamisme adolescent du premier devient ici plus lent, mature et poétique.

«Avec le cumul des années et de l’expérience, le fait que je suis devenue maman et que j’ai dans la quarantaine, les sujets et les intérêts ne sont plus les mêmes, avoue la cinéaste en entrevue. Les drames m’interpellent énormément. Je me sens dramatique. Quand je vais au cinéma, c’est pour être transportée.»

Il y a suffisamment de matière pour ne plus toucher le sol au sein de ce récit doux et dur à la fois qui porte sur une famille de jouliks (voyous, en russe) qui vivent dans une maison abandonnée. Rien ne pourra ébranler papa (Victor Andrés Trelles Turgeon), maman (Jeanne Roux-Côté) et leur fillette (Lilou Roy-Lanouette), si ce n’est la pression de la société.


Sortie mouvementée

Jouliks prend l’affiche dans la controverse, alors que des membres de la communauté rom accusent le film de véhiculer des stéréotypes racistes à leur égard et de pratiquer l’appropriation culturelle. «Il est bourré de préjugés, véhicule des stéréotypes et propose une représentation erronée de la population rom», évoque Dafina Savic, la directrice et fondatrice de Romanipe, en entrevue à La Presse. «On a enlevé toutes les références aux Roms, dans un esprit de respect et de collaboration», affirme pour sa part la cinéaste Mariloup Wolfe, toujours à ce même média.


«Je trouvais que ça posait plein de questions sur la famille, l’éducation, l’amour, la liberté, la différence des valeurs, expose la réalisatrice. Quand tu viens de cultures si différentes, est-ce que tu peux faire des concessions pour te retrouver à mi-chemin?»

Scénarisée et dialoguée par Marie-Christine Lê-Huu à partir de sa propre pièce de théâtre, l’oeuvre adopte le point de vue d’un enfant candide. Un regard habité rempli d’humanité et de vérité qui fait toute la différence.

«J’ai l’impression d’avoir beaucoup appris mon métier dans les 10 dernières années» – Mariloup Wolfe, qui a réalisé plusieurs séries télévisées depuis Les pieds dans le vide en 2009.

«On en a vu en tabarouette des petites filles, explique celle qui a fait beaucoup de doublages ces dernières années. À sept ans, tu ne peux pas leur apprendre à être rebelle. Tu l’es ou tu ne l’es pas. Cette petite fille est comme ça. Elle est bilingue, porte des poules, monte dans les arbres… Je peux la pousser dans une direction, mais il fallait qu’elle soit un peu à la base le personnage.»

Mais est-ce que la fougue de cette attachante héroïne sera suffisante pour propulser Jouliks hors du lot? En l’espace d’un mois, le cinéma québécois propose au moins cinq fictions intimistes réalisées par des femmes, qui risquent toutes de se partager le même public.

«Mon film dort sur les tablettes depuis mars, révèle Mariloup Wolfe. Pourquoi? Parce que ce n’est pas un film qui sort au printemps, encore moins à l’été. Il y avait déjà beaucoup de films en septembre et on ne voulait pas être en même temps que le Dolan en octobre. On est tous en ligne d’attente et je trouve ça triste. Ce n’est pas facile de faire un film. On le fait avec notre coeur et là on va se séparer tous ces spectateurs-là. C’est vraiment poche. On souhaite du succès à tous les films.»


À l’affiche le 1er novembre 2019

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