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«Play»: le temps retrouvé

Play
Play, qui est présentement à l’affiche, met en scène un héros qui a filmé les 25 dernières années de sa vie. Photo: Collaboration spéciale/Praesens Film

Le réalisateur français Anthony Marciano a décidé de défier le sablier du temps qui s’écoule inlassablement dans son plus récent film, Play.

Anthony Marciano semble être obsédé par le temps qui passe. Dans Les gamins, le film qui l’a révélé en 2013, deux hommes retombaient littéralement en enfance. Cette fois, pour Play, son héros retrouve le fil de son existence à l’aide d’un montage vidéo de tout ce qu’il a filmé pendant les 25 dernières années.

«J’ai envie de rattraper le temps, confie le réalisateur, rencontré lors des Rendez-vous du cinéma français, à Paris. Comme je n’ai pas trouvé de boîte magique pour le faire, j’ai fait un film pour retrouver ces moments-là. Je voulais que les gens soient en immersion et revivent toutes ces années-là.»

«Les gens qui sortent du film me disent qu’ils ont envie de rappeler un pote ou leurs parents avec qui ils sont fâchés depuis longtemps. Qu’ils ne peuvent pas laisser le temps passer parce que la vie est courte.» -Anthony Marciano, réalisateur de Play

Cette fiction inspirée des souvenirs de son créateur prend la forme d’un montage de vieilles vidéos captées ici et là, qui exploite à fond la nostalgie des années 1990 – musique, modes vestimentaires et Street Fighter II – en misant sur la mélancolie. Celle de voir ses parents vieillir, ses rêves pas nécessairement se réaliser et ses béguins filer entre ses doigts.

«C’est une question importante qu’on se pose à mon âge, à 40 ans, expose le cinéaste, dont les films préférés – L’auberge espagnole et Eternal Sunshine of the Spotless Mind – abordent tous la question du temps. Et si j’étais passé à côté de l’amour de ma vie? Je pense que l’histoire d’amour est la quête numéro un de n’importe quel être humain… sauf ceux qui sont avides de pouvoir et d’argent. À 40 ans, c’est le moment où tout est encore possible.»

Alors que le protagoniste filme constamment ce qu’il vit pour ne rien oublier, son obsession risque de se retourner contre lui, car il n’arrive jamais vraiment à être dans le présent.

«C’est quelqu’un qui me ressemble beaucoup, parce que j’ai été ce personnage-là qui filmait, reconnaît le metteur en scène. J’avais tout le temps ma caméra sur moi. Quelque part, c’était une manière de me mettre à distance de ce qui se passait… Mais c’est aussi une façon d’immortaliser certains moments pour pouvoir les revoir et les revivre, sinon ils sont perdus à jamais. Il y a plein de choses qui n’arrivent qu’une fois dans une vie.»

Pour Anthony Marciano, ce fut la concoction de ce troisième long métrage, qui rachète l’échec critique et commercial de son précédent Robin des bois, la véritable histoire (inédit au Québec).

«C’est mon film le plus personnel, c’est certain, assure-t-il. J’ai l’impression d’avoir tout donné. Je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre. Tout ce que j’avais à faire, je l’ai fait là. C’est le film de ma vie.»

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