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Incursion dans les journaux intimes de Jane Birkin

Jane Birkin Photo: Collaboration spéciale

Voix fluette et visage d’ange, Jane Birkin est devenue célèbre au bras de l’extravagant Serge Gainsbourg, dont elle fut la muse, la chanteuse et l’amante dans les années 1970. Presque 30 ans après la mort de son «Sergio», elle publie le recueil des journaux intimes qu’elle a tenus de ses 11 à 67 ans. Elle en lira quelques extraits à Montréal.

Au-delà de sa mythique relation avec «l’homme à la tête de chou», on découvre dans les cahiers de Jane Birkin l’évolution d’une artiste accomplie, d’une maman débordant d’amour pour ses trois filles et d’une femme courageuse face aux épreuves de la vie.

«Je pensais que ces journaux n’allaient intéresser personne. C’est mon frère et Gabrielle [Crawford, photographe et amie de longue date de Jane Birkin] qui les ont triés quand j’étais à l’hôpital [Jane a vaincu une leucémie qui lui a été diagnostiquée en 2013] et qui m’ont encouragée à les publier, confie la chanteuse. Au début, j’ai paniqué, car j’avais peur de décevoir les gens. Tout le monde allait voir ma personnalité si peureuse et si jalouse, cette pauvre fille qui ne croit pas en elle. Puis, finalement, j’ai décidé que j’étais prête à assumer cette partie de moi.»

Confidences sur le papier

Ainsi sont apparus les deux livres qui réunissent les confidences de Jane Birkin. Le premier, intitulé Munkey Diaries en référence au singe en peluche auquel elle se confiait lorsqu’elle était enfant, raconte les aventures d’une fillette timide mais curieuse, de ses années de pensionnat en Angleterre à son arrivée à Paris et sa relation rocambolesque avec Serge Gainsbourg, sans oublier la naissance de ses filles Kate et Charlotte.

Le second, Post Scriptum, s’attarde à sa rupture et à l’autodestruction de Gainsbarre, sa rencontre avec le réalisateur Jacques Doillon et un amour plus sain que passionnel duquel est née sa troisième fille, Lou, «sans qui la vie ne vaut d’être vécue», puis la disparition de Kate.

Ce deuxième tome s’arrête brutalement le 11 décembre 2013, lorsque Jane apprend le suicide de sa fille aînée. Elle ne tiendra plus jamais de journal intime. Une épreuve épouvantable dans la vie de cette mère dont l’amour inconditionnel transparaît encore aujourd’hui dans chaque mot, chaque phrase et chaque soupir lorsqu’elle parle de ses enfants.

«Le plus terrible du livre a été de traduire les morceaux concernant Kate, se souvient-elle. Sa métamorphose quand elle devient adolescente. Les fois où j’ai cru la perdre. Elle a toujours été au premier plan de ma vie. Et elle y est encore, d’une autre façon. Je suis contente que les livres parlent d’elle, mais ç’a été dur.»

Jane Birkin, une vie extraordinaire

Avec une grande simplicité, Jane Birkin livre dans ses cahiers les aléas d’une vie extraordinaire et la nostalgie d’une période flamboyante qu’on n’entrevoit que dans les vieux Paris Match, des déjeuners huppés à Saint-Tropez aux soirées bien arrosées Chez Régine (célèbre club parisien), en compagnie d’un Johnny, d’une Brigitte ou d’un Pierre Richard.

Impossible de ne pas se prendre d’affection pour cette jeune British que rien ne prédestinait à devenir une icône de la mode, si ce n’est son goût marqué pour la provoc et l’anticonformisme.

«Quand je suis arrivée en France avec mon panier en osier, mes jupes courtes et ma paire de ballerines à l’anglaise, je me foutais de ce que les gens pensaient de moi, car je venais d’ailleurs. Je cassais le diktat parisien des mannequins chics avec mes fringues à trois balles et l’arrogance de ma jeunesse», ironise-t-elle.

Jane ne serait pas Birkin sans son légendaire accent britannique et sa drôle de manie d’intervertir les mots dans les expressions consacrées – elle parle ainsi «des jours où il pleut comme chat qui pisse». C’est pour conserver cette particularité si attachante qu’elle a choisi de traduire elle-même ses journaux intimes, donnant à ses lecteurs l’impression de l’entendre elle-même raconter ses souvenirs.

Le bijou montréalais

Dans la période la plus sombre de sa vie, après la mort de Kate, Jane est venue au Canada lire des textes de Serge Gainsbourg, dont une grande partie avaient été écrits pour elle. On lui a proposé l’orchestre symphonique de Montréal pour accompagner sa lecture. Ainsi est né son 13e et dernier album, Gainsbourg/Birkin: le symphonique, petit bijou avec lequel elle se promène depuis dans le monde entier.

«Serge aimait mettre le paquet avec des musiques classiques, pour plus d’émotion. Moi, je trouvais ça prétentieux, mais on m’a proposé d’élaborer ça avec Nobuyuki Nakajima [compositeur japonais], et ça me semblait moins chiant avec lui qu’avec un banal compositeur, alors j’ai dit d’accord», raconte-t-elle.

Elle ne chantera malheureusement pas au cours de son séjour à Montréal en raison de problèmes de santé du compositeur Nakajima. Mais elle lira tout de même quelques passages de son livre aux spectateurs du Théâtre Outremont et confie se réjouir de revoir le Québec.

Toujours un plaisir, Miss Birkin!


Jane Birkin, journaux intimes

En lecture-spectacle au Théâtre Outremont dimanche à 16h
Dans le cadre du Festival international de littérature

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