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Coronartbalance: l’isolement en parfait équilibre

Coronartbalance: l’isolement en parfait équilibre
Le Coronartbalance depuis Stockholm en Suède Photo: Collaboration spéciale sabbahlife

Un virus hautement contagieux a contaminé les réseaux sociaux et se prolifère à une vitesse fulgurante aux quatre coins du monde. C’est le Coronartbalance, propagé par l’artiste Catherine White.

Le Coronartbalance est un virus «plus gentil, plus doux, qui réveille les esprits créatifs», résume la directrice artistique et réalisatrice (Le temps des chenilles). Surtout, c’est un virus qui fait du bien à tous ceux qu’il infecte.

Pour le propager dans les règles de l’art, il suffit de créer une sculpture en équilibre à partir d’objets du quotidien qu’on a sous la main, de la photographier, puis, de la partager sur les réseaux sociaux avec le mot-clic #coronartbalance.

Qui dit équilibre dit sérénité, calme, paix, quiétude. Cette initiative artistique lancée spontanément par l’artiste montréalaise permettrait-elle de trouver une certaine stabilité dans nos quotidiens perturbés?

«Beaucoup de gens créatifs sont devenus un peu amorphes avec la crise. Plusieurs m’ont dit que de participer à ce projet leur a permis de se lever et de faire quelque chose. C’est nice!» Catherine White, instigatrice du Coronartbalance

Si ce n’était pas son intention au départ, Catherine White constate que son défi lancé le 23 mars réconforte ceux qui y participent. «C’était vraiment un truc pour se divertir à la base, mais les gens me disent que ça leur fait du bien d’être créatif.»

C’est notamment le cas d’un père de famille en France dont la fille de quatre ans est atteinte de la COVID-19. Pour lui, se prêter au jeu a été un rare moment de plaisir dans cette crise.

Catherine White a elle-même trouvé un certain apaisement dans l’art ces dernières semaines. Comme plusieurs autres, elle a passé beaucoup de temps rivée sur son téléphone à suivre compulsivement l’actualité au début de la pandémie. Jusqu’à ce que le Coronartbalance ramène un certain équilibre dans sa vie. «Sans m’en rendre compte, je n’ai presque pas regardé les nouvelles la semaine passée. Je consultais des comptes rendus des points de presse et c’est tout. Ça m’a permis de me déconnecter, d’éviter une surinformation. C’est très anxiogène ce qu’on vit, ça peut facilement devenir malsain.»

Pour elle, la création est indispensable pour calmer l’anxiété. «J’avais juste envie de gosser avec des objets qui traînaient chez nous», résume-t-elle.

C’est ainsi qu’elle a «patenté» sa sculpture maison, qu’elle l’a prise en photo puis partagée sur les réseaux sociaux en invitant son entourage à faire de même. «C’était vraiment super intuitif!» assure-t-elle.

Des pommes et des oranges

Le fruit du travail des collaborateurs du Coronartbalance contient… beaucoup de fruits, justement. Citrons, pommes, raisins, oranges, bananes, et mangues sont présents dans la composition de plusieurs des œuvres qu’elle a reçues. «C’est une mode en design. Moi-même, au début, j’avais mis une orange dans mon assemblage. Puis je l’ai enlevée!» admet-elle, amusée.

Les quelque 400 œuvres qu’elle a recensées jusqu’à présent proviennent d’un peu partout dans le monde, dont l’Europe, le Japon, l’Argentine et l’Australie. «Le défi s’est répandu sans que tout le monde se tague ou utilise le mot-clic, j’ai donc un peu perdu le contrôle!» dit-elle en riant.

Catherine White se dit étonnée par la diversité des assemblages des internautes. Certaines sculptures ont été conçues en studio par des artistes expérimentés, d’autres ont plutôt été montées «sur un coin de comptoir.»

«Certains trucs captent plus mon œil, d’autres sont moins beaux! rigole-t-elle. Mais chaque œuvre compte parce que des personnes les ont faites; elles ont été contaminées par le “virus”. Ce n’est pas un concours de beauté. C’est une expérience pour tout le monde.»

Le Coronartbalance, un projet contextuel

Comme pour la grande majorité des artistes, le calendrier professionnel de Catherine White a été chamboulé par la mise en place des mesures de confinement. Trois tournages sur lesquels elle devait travailler ont notamment été reportés. «Je comptais sur ces contrats, mais c’est la vie. On est tous dans le même bateau», commente-t-elle.

Heureusement, l’artiste a récemment reçu une bourse d’écriture du Conseil des arts et des lettres du Québec pour l’écriture de son premier long métrage de fiction, Ciel Noir Orange.

En parallèle, elle compte profiter de son confinement pour vivre une «quarantaine créative». La réussite de Coronartbalance l’encourage à amener le projet plus loin en rassemblant les œuvres reçues dans une carte interactive.

«Je suis quand même occupée, j’ai des échéanciers pour des projets… Je me suis dit: “Aaah, qu’est-ce que je fais!?” Mais ce projet est hyper de circonstance, il ne fonctionnerait pas dans un autre contexte. Il doit donc se réaliser maintenant, pas dans trois mois.»

Des témoignages des participants pourraient être intégrés à sa future plateforme afin de contextualiser cette initiative qui a pris forme dans des circonstances si particulières. «J’aimerais partager des bribes d’histoires autour des œuvres, que ce soit des récits personnels ou encore des opinions plus larges sur ce qui va arriver à la société, par exemple.»

Le défi est lancé. À vous de jouer!

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