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«The Aura»: tête-à-tête avec l’art contemporain

«The Aura»: tête-à-tête avec l’art contemporain
Vue de l’installation Bring Down The Walls de Phil Collins, présentée à la Fondation Phi l’automne dernier Photo: Collaboration spéciale Richard-Max Tremblay/Fondation Phi pour l’art contemporain

Le ton posé, l’écoute active et la passion contagieuse de la commissaire et directrice de la Fondation Phi pour l’art contemporain Cheryl Sim invitent à la confidence. C’est ce qu’offre The Aura, une série d’entretiens intimes qui permet de plonger dans l’univers d’artistes internationaux d’envergure.

La diffusion de The Aura depuis le 24 mars, à raison d’un épisode par semaine pour un total de huit (en anglais seulement, pour l’instant) tombe à point. Alors qu’il est impossible actuellement de visiter les musées et les galeries, ce balado permet d’explorer les arts visuels tout en respectant les mesures de confinement. «C’est dingue! commente Cheryl Sim à cet égard. On avait préparé ces émissions depuis un bout et on cherchait le bon moment pour les lancer. Voilà, c’est arrivé en plein confinement.»

Chacun de ses invités a pris part à une exposition de la Fondation Phi pour l’art contemporain (anciennement DHC/ART) au cours des dernières années. L’artiste britannique Ed Atkins, qui y a été exposé en 2017, ouvre le bal avec une généreuse entrevue truffée d’anecdotes fascinantes et de confidences sur sa vision artistique.

Dans le troisième épisode, Phil Collins – pas le chanteur, mais bien le photographe et vidéaste – détaille notamment l’approche collaborative et sociopolitique de sa pratique.

«La plupart de ces gens… Non, pas la plupart; tous ont été super généreux et très ouverts à explorer même les questions dont ils n’ont pas encore les réponses, relate Cheryl Sim. Tous les invités ont raconté des moments marquants de leur vie qui ont mené à une tournure dans leur pratique artistique. C’est un grand privilège d’avoir eu accès à leurs pensées.»

Selon elle, ces confidences n’auraient pas pu être obtenues dans un autre contexte. «Le balado permet d’aller beaucoup plus loin dans la discussion avec un artiste. On est juste tous les deux dans un studio et non pas pas devant 100 personnes comme lors d’une conférence, par exemple.»

«Il y a tellement de portes d’entrée à l’art et elles sont toutes bonnes! Tout peut nous mener à être transformé ou transporté. L’important est de ne pas avoir de préjugés et d’être ouvert à l’expérience.» Cheryl Sim, directrice générale de la Fondation Phi et animatrice du balado The Aura

Ce format ajoute une nouvelle corde à l’arc déjà bien garni de Cheryl Sim. En plus d’être commissaire et directrice de la Fondation Phi, elle est elle-même artiste visuelle, chanteuse (elle a sorti cinq albums) ainsi que chercheuse universitaire. Oh, elle a aussi une certification pour enseigner le yoga.

D’ailleurs, son timbre de voix apaisant rend l’expérience d’écoute de The Aura presque méditative. «Ça, c’est vraiment super gentil! s’enthousiasme-t-elle au bout du fil. On dit souvent que les yeux sont le lien direct à l’intellect, mais l’écoute et la voix nous lient directement à l’âme. Ça me captive vraiment! Je comprends bien pourquoi le ASMR est tellement populaire», dit-elle en riant.

Quand l’art contemporain nous parle

Parler d’art visuel dans un médium qui n’a justement rien de visuel est un défi en soi. Au début de chaque entretien, Cheryl Sim prend soin de décrire les œuvres de chaque artiste qu’elle a rencontré. Le fait d’avoir collaboré avec ceux-ci en tant que commissaire l’aide à accomplir cette tâche. Une fois la curiosité de l’auditeur piquée, celui-ci est invité à poursuivre sa découverte en menant ses propres recherches. «On essaye d’encourager les auditeurs à aller sur notre site pour voir les installations des artistes et à en découvrir davantage sur leur travail.»

Ces discussions qui abordent les questionnements et les préoccupations des créateurs permettent également de rendre leur travail plus accessible aux yeux des néophytes. En abordant le sujet, Cheryl Sim s’anime : «Ça, c’est cool, oui! Si un balado comme celui-ci peut réduire l’anxiété construite et nourrie par un certain monde de l’art, qui a un effet néfaste sur le public, qui se dit : “c’est inaccessible, c’est trop difficile, je ne comprends rien, je n’ai pas les outils”, alors tant mieux.»

Une des missions de la commissaire est d’ailleurs de briser la perception élitiste ou exclusive qui peut parfois coller au milieu des arts visuels. «L’art est pour nous, souligne-t-elle. Il parle de nos questions, de nos préoccupations, de nos peurs, de nos désirs, de nos joies…»

En contextualisant et en vulgarisant la démarche créatrice et la vision des artistes, ce balado peut ainsi être une porte d’entrée vers un domaine culturel moins populaire.

«Sans être artistes professionnels, nous pouvons tous comprendre comment une œuvre nous parle, avoir des questions et vouloir les explorer. Nous ne trouverons pas nécessairement des réponses, mais nous exercerons cette curiosité. Ça peut prendre différentes formes : ça peut être conceptuel, matériel, une performance, ou encore quelque chose d’accidentel – quand le résultat auquel on arrive n’était pas notre intention de départ. L’important est d’essayer de faire quelque chose. Comme un scientifique, nous avons une hypothèse, nous faisons une expérience, et nous voyons ce que ça peut donner.»

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