Soutenez

Mathieu Dufour, sur le pilote non-automatique

Mathieu Dufour
L'humoriste Mathieu Dufour Photo: Josie Desmarais/Métro

Mercredi, au plus fort de la canicule, l’humoriste Mathieu Dufour a tenté de faire cuire un œuf sur sa table de verre noir en plein soleil. Avec son talent inné de conteur et son enthousiasme contagieux, il a habilement documenté chaque étape de sa mission – hautement sérieuse, il va sans dire – dans sa story sur Instagram, pour le plus grand plaisir de ses 110 000 abonnés.

Sur une base quasi quotidienne, celui qui se fait surnommer Math Duff partage ainsi ses tranches de vie, souvent invraisemblables, toujours très divertissantes. Sa saga pleine de rebondissements au sujet du pilote allumé d’une cuisinière au gaz d’un restaurant est à se tordre de rire. «Quand on me dit: “Le pilote est allumé”, je vois juste un vieux pilote d’avion sur les hautes», confiait-il récemment dans une vidéo.

Grâce à sa forte présence sur les réseaux sociaux – d’abord sur Snapchat, puis sur Instagram –, le jeune humoriste connaît un succès impressionnant. Il a même réussi l’exploit de vendre la totalité des sièges de la salle Wilfrid-Pelletier avec pour seule promotion une story.

C’était avant la pandémie et avant que ledit spectacle, qui devait avoir lieu en juillet dans le cadre de Juste pour rire, ne soit reporté à une date indéterminée.

Puis, avec le coronavirus est arrivé le Show-Rona-Virus, talk-show quotidien en direct que Mathieu Dufour a animé de main de maître sur Instagram à 50 reprises. À l’instar du pilote de la cuisinière, son succès s’est enflammé : l’humoriste a vu son nombre d’abonnés doubler sur la populaire plateforme.

Bien sûr, la grande tape dans le dos que lui a donnée une certaine Véronique Cloutier en étant fidèle au poste les 50 soirs ne lui a certainement pas nui. Mais si Mathieu Dufour a conquis le cœur et la rate des Québécois, c’est d’abord grâce à sa joie de vivre, sa candeur – il répète plusieurs fois en entrevue se sentir comme un enfant – et son habileté à rendre captivante n’importe quelle anecdote en apparence banale.

Justement, l’humoriste à la longue crinière ondulée est une machine à anecdotes. Sa vie semble être un enchaînement de péripéties inusitées, ce qui sert de matière première à ses spectacles. «Je suis vraiment une mine inépuisable à anecdotes. La vie envoie des affaires sur mon chemin qui n’ont pas de bon sens!» dit-il en riant.

«Je n’ai jamais rien fait comme tout le monde. Je me suis toujours fait mettre dans une case à part et regarder un peu de travers, avec appréhension ou jugement. C’est très flatteur de voir aujourd’hui les gens comprendre que j’ai trouvé le filon qui me ressemble.»

Cela fait en sorte que Mathieu Dufour ne donne jamais la même représentation d’un soir à l’autre. Contrairement à ce qu’on lui a enseigné à l’École nationale de l’humour, il préfère ne rien écrire avant de monter sur scène. Mieux vaut se jeter dans le vide que de répéter des centaines de fois la même histoire de la même façon, selon lui.

Demain soir, il animera un spectacle en direct dans le cadre de Hahaha, festival d’humour numérique organisé par Juste pour rire. Ce qui signifie qu’aujourd’hui, il devrait commencer à s’y attaquer. «Le spectacle est samedi, donc vendredi, je vais penser à ce que j’ai le goût de dire. Je vais prendre des petites notes, on va partir et on verra ce qui va se passer», nous a-t-il expliqué le plus simplement du monde il y a quelques jours.

Sur le site de l’événement, on invite les spectateurs à «vivre plus de 60 minutes de folies, d’anecdotes et de surprises» en sa compagnie. Lorsqu’on lui demande si ces trois mots – folie, anecdote et surprise – le résument bien, Mathieu Dufour s’emballe: «À 100 %! Je ne l’avais même pas lu, c’est full bon!» lance-t-il en éclatant de rire.

Pour le plaisir

Mathieu Dufour s’exprime avec la même passion en entrevue que dans ses vidéos, l’appellation «la gang» en moins. C’est un défi quand vient le temps de transcrire ses propos au débit hyperactif, mais aussi une grande qualité: il est authentique.

Ce qualificatif peut paraître cliché, mais il résume la démarche sans compromis du jeune humoriste. Son omniprésence sur les réseaux sociaux n’est jamais un effort déguisé pour gagner en popularité; il éprouve un plaisir évident à communiquer. 

«C’est un réflexe pour moi d’utiliser les réseaux sociaux, c’est vraiment impulsif dans mon quotidien de publier du contenu très sporadiquement», dit-il. Ça tombe bien, puisque ces plateformes sont devenues le seul outil à la portée des artistes pour rester en contact avec leur public. Tout comme son confrère Arnaud Soly, l’humoriste n’a pas eu à se dénaturer pour rester actif professionnellement.

On écrit «professionnellement», mais Mathieu Dufour n’a jamais l’impression de travailler. C’est d’abord le plaisir qui guide les choix de carrière de celui qui sera de l’équipe de l’émission L’été c’est Fantastique dès le mois prochain sur Rouge FM.

«Ça part tout le temps du fun, explique-t-il. Le Show-Rona, ce n’était pas prévu. Je ne me suis pas dit: “Eille, je vais faire un live tous les soirs pendant la pandémie pour tenir compagnie aux gens qui sont en isolement”. Ça a commencé avec un live pas rapport, suivi d’un: “On continue-tu à le faire? Pas game! Ok, on le fait.” Tout ce qui m’arrive part sur des “T’es pas game”».

Cette spontanéité n’empêche pas le vingtenaire d’avoir de l’ambition. Sans fausse modestie, il dit «savoir» qu’il remplira le Centre Bell «d’ici deux ans».

«Depuis le début, j’ai vraiment des gros projets en tête et je veux aller vraiment loin côté carrière», dit-il. Le natif de Jonquière anticipait la popularité dont il jouit présentement, car il a toujours voulu faire ce métier.

Mais pas à n’importe quel prix. «En ce moment, je suis juste vraiment content, parce que ce succès arrive au moment où je sais ce que j’ai envie de faire, je sais ce qui me ressemble et je suis bien entouré», dit-il.

L’avenir est prometteur pour Mathieu Dufour, qualifié de «phénomène»  par ses collègues de l’industrie de l’humour. Cela ne l’«angouesse» pas du tout, contrairement à l’expression qu’il emploie souvent accompagnée du mot-clic #Jean-Gouesse.

«Je ne fais jamais de plans à long terme, parce qu’il y a tellement d’affaires qui changent et la vie va tellement vite, dit-il. J’ai vraiment juste des objectifs plus larges: m’amuser, m’entourer de gens avec qui j’aime travailler et faire des affaires que j’aime faire! Je veux rester un enfant, c’est vraiment ce qui me décrit le mieux. J’ai confiance que la vie va continuer à me surprendre avec des projets plus débiles les uns que les autres.»


Un peu d’info

Mathieu Dufour en direct samedi à 21 heures au festival Hahaha

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.