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Crise au MBAM: Nathalie Bondil sera difficile à remplacer, croit un expert

MBAM Bondil
Le Musée des beaux-arts de Montréal Photo: Pablo A. Ortiz/Métro

L’ex-directrice du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) Nathalie Bondil, congédiée en juillet, sera difficilement remplaçable, prévient le muséologue Yves Bergeron.

Une offre d’emploi a récemment été mise en ligne afin de trouver le successeur de celle qui s’est fait montrer la porte en raison du climat de travail malsain qui régnait entre les murs de l’établissement de la rue Sherbrooke.

Après avoir pris connaissance de cette offre, M. Bergeron, également professeur à l’UQAM, a l’impression que le CA cherche un candidat ayant un «profil identique» à celui de Mme Bondil.

«Un clone, ça n’existe pas. Ils devront trouver quelqu’un qui a d’autres forces, avec un profil différent et qui correspond à la vision de l’avenir du Musée.» -Yves Bergeron

Parmi les nombreuses responsabilités énumérées dans l’offre d’emploi, il est précisé que le candidat devra «planifier, organiser, diriger, coordonner et contrôler l’ensemble des activités muséales du MBAM».

La perle rare aura aussi la tâche de «maintenir et créer un environnement de travail sain et positif axé sur la reconnaissance des employés et le maintien de bonnes relations de travail.»

«Les gens qui ont un profil comme ça se comptent sur les doigts de la main, c’est difficile à trouver», soutient le chercheur.

Double expertise requise

Selon lui, le défi du MBAM et de la firme Boyden, mandatée pour dénicher des candidats, est de trouver un expert en art et en muséologie qui a également des compétences en gestion.

«Ce n’est pas parce qu’une personne a étudié en histoire de l’art et en muséologie qu’elle est une bonne gestionnaire», souligne le spécialiste de la gouvernance des musées.

Ayant lui-même occupé des postes de direction, notamment en Musée de la civilisation de Québec, Yves Bergeron assure que la gestion des ressources humaines et le plus grand défi de tous les musées.

«C’est toujours difficile à gérer, parce que les équipes génèrent toujours des conflits et des tensions. Le défi des gestionnaires est de maintenir un climat de travail sain, mais ce n’est jamais simple.»

Selon lui, le bassin de candidats ayant les compétences pour ce poste au Québec est très limité. «Ceux qui ont acquis les dix ans d’expérience requis sont peu nombreux.»

Il y a donc de fortes chances que le MBAM se tourne vers l’international pour trouver son nouveau directeur. Or, ce dernier devra parler français. Sinon, «comment gérer une équipe dont la grande majorité est francophone?» soulève M. Bergeron.

Le hic du côté de la francophonie européenne est que la culture muséale y est complètement différente, ajoute-t-il. «Les musées n’ont pas de CA, ils sont totalement financés par les gouvernements. Le contexte n’est pas du tout le même.»

La COVID-19, un défi supplémentaire

Le candidat idéal aura par ailleurs la mission de donner un coup de barre à l’institution qui, comme tous les musées, a perdu d’importants revenus depuis le début de la pandémie de COVID-19.

«Actuellement, tous les musées sont en crise. Il y a énormément de stress, soutient-il. La personne qu’ils cherchent pour gérer le Musée devra avoir de la vision et faire de bons choix pour générer des revenus.»

À ses yeux, Nathalie Bondil est la personne «la plus performante au pays» pour remplir ce mandat. «Personne n’a autant de talent», tranche-t-il.

«Ils peuvent toujours trouver un directeur qui a un bon profil, mais qui va arriver avec des résultats? Qui a généré des revenus et dirigé de grandes expositions internationales? Au Québec et au Canada, il n’y a personne de comparable à Nathalie Bondil.» -Yves Bergeron

L’aile Riopelle compromise

Sans se prononcer sur les circonstances de son départ – «on ne sait pas tout dans cette affaire-là», dit-il –, M. Bergeron croit que le congédiement de Mme Bondil relève d’«une mauvaise décision», car il fragilise l’avenir du MBAM.

Il cite en exemple la décision récente du gouvernement du Québec de retirer sa subvention de 10M$ pour réaliser le projet d’aile Riopelle, qui devait être déployé dans les prochaines années et que Nathalie Bondil coordonnait.

«À mon avis, c’est fini pour ce projet. Ou alors, il se fera dans un autre musée, soutient-il. Actuellement, le ministère ne peut pas faire confiance au Musée parce que c’est le chaos.»

M. Bergeron suivra de près la nomination au poste de direction du MBAM. «Ce sera une décision très, très importante. Le défi est grand. Ils devront trouver quelqu’un de diplomate pour rétablir un climat de travail sain et rétablir le lien de confiance avec tous les partenaires du Musée.»

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