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«Les Failles» de Pomme font sa force

Les Failles Pomme
Claire Pommet, dite Pomme Photo: Josie Desmarais/Métro

Quelque temps après avoir sorti une troisième version de son disque Les Failles, Pomme est de retour à Montréal. Rencontre avec l’artiste française qui s’épanouit dans une vie partagée entre les deux côtés de l’Atlantique.

C’est près du parc Laurier que nous retrouvons Claire Pommet, celui-là même de sa gracieuse chanson Les Oiseaux. Celle qui se fait appeler Pomme se sent «plus libre», ici, à Montréal, et la facette apaisante de la ville se reflète admirablement dans les différentes éditions de Les Failles.

«Quand je suis arrivée ici pour la première fois, à 19 ans, j’ai découvert le potentiel d’être moi-même. Dans ma tête, ma façon d’être. Ça teinte forcément mon écriture», dit celle qui a su puiser dans la mentalité et l’espace québécois pour exprimer ses pensées.

Chansons douces

«J’ai commencé à écrire Les Failles en janvier 2018, tout de suite après mon premier album pour passer à autre chose. J’avais une relation d’amour-haine avec lui. Comme l’impression d’avoir été formatée, de donner une fausse image de moi, d’avoir fait trop de compromis aussi. Mais celui-là me ressemble, il est très introspectif, intime», nous explique Pomme.

«Je vivais en plus ma première grande rupture amoureuse. Et donc ces évènements me ramenaient à mes angoisses, mes insécurités. Lors de cette période où j’étais au bout de ma vie, j’avais l’impression que ça allait m’aider d’écrire dessus.»

Anxiété, Vide, Pourquoi la mort me fait peur, entre autres, parlent de ces moments les plus sombres dont Pomme a su faire quelque chose de tout simplement beau. Et dans lesquels chacun peut d’identifier.

«Pour parler de moi, j’ai besoin d’utiliser des images. Je peux autant dire des choses comme « je veux un enfant le ventre », qui est très littéral et premier degré, que de parler de trucs plus abstraits. Ça m’arrive d’évoquer la mort avec un saule pleureur. Ce processus m’aide à mettre des mots sur des émotions compliquées. La mort me fait peur, mais quand j’en parle avec des images, je suis rassurée. Je souhaitais aussi que les gens puissent mettre leur propre histoire dans ma musique.»

Deux rééditions plus tard, Les Failles (novembre 2019) sont devenues cachées (février 2020) et nouvellement halloween version. «Je me suis sentie inspirée après avoir passé un été vraiment horrible, même un peu trash», explique Claire Pommet, qui devait – dans un monde sans pandémie – ouvrir le concert de Céline Dion au festival français Les Vieilles Charrues en juillet. «Ça aurait dû être la folie, donc j’étais un peu déprimée», confie-t-elle.

Halloween et le Québec

Début septembre, alors qu’elle était à Paris, Pomme cherchait ainsi une façon de conjurer le sort. «J’adore Halloween et en France, on ne la fête pas vraiment car on n’a pas cette culture. Mais ici oui, et comme je passe la moitié de ma vie à Montréal, j’ai eu l’idée de créer autour de ce thème. Évidemment, il fallait que j’ai une chanson spéciale qui accompagnerait Comme tu dis et Chanson pour my depressed love

«Flavien Berger – on ne se connaît pas bien mais on s’admire artistiquement – a répondu à mon appel sur Instagram pour trouver quel serait ce titre. Il m’a dit “yo! Moi aussi je veux faire une chanson d’Halloween!”. Ce fût la meilleure idée de composer une instrumentale avec lui car c’est un génie des machines et de la délicatesse dans la musique électronique», s’enthousiasme Pomme à propos de l’hypnotique Magie Bleue, devenu le titre phare de la dernière version des Failles.

«En trois jours, on a fait cette chanson un peu spooky de près de huit minutes en utilisant l’application Signal, qui est un genre de WhatsApp crypté pour les gens qui ont peur. (Rires) On l’a imaginée comme une BO d’un mini dessin animé d’Halloween qui n’existe pas.»

«Les Failles (halloween version) m’a aidée à accepter que cet album ait une vie différente de ce qu’il aurait dû avoir. Comme on est privé de concerts, c’est cool de sortir de nouvelles chansons» – Pomme, à propos des conséquences de la pandémie

Sorcières, sublime duo avec Klô Pelgag invoquant les femmes libres, celles qui ne sont pas comme les autres, figure aussi au répertoire des Failles cachées de Pomme. «Adolescente, j’écoutais beaucoup Cœur de Pirate. J’étais presque fanatique. Grâce à elle, j’ai d’ailleurs découvert les Sœurs Boulay et Fanny Bloom. C’était le point de départ de mon amour pour le Québec. J’appréciais le côté folk de leur musique, qui n’existe pas vraiment chez les artistes français. Je m’y reconnaissais», se rappelle Pomme qui confie avoir depuis trouvé une famille musicale et amicale ici.

«Il y a beaucoup d’opportunités en France pour moi, bien sûr, mais c’est à Montréal que je ne projette. Pour ma santé physique, mais aussi mentale, qui est moins taboue, c’est mieux d’être ici. En France, c’est la course au travail», constate-t-elle. «J’ai besoin des deux. Mais, ici, je peux désormais faire ma vie en tant que Claire Pommet.»


Pomme se produira au Québec en 2021.

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