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Rap: Lala &ce, service gagnant

Rap: Lala &ce, service gagnant
Lala &ce Photo: Facebook Lala &ce

En grande fan de Serena Williams, Lala &ce — prononcer «Lala Ace», dernier terme emprunté au tennis — bouscule les codes pour imposer son jeu dans le rap.

Le flow dilaté de cette franco-ivoirienne peut se comparer aux ralentis décomposés du film Matrix, référence citée dans ses chansons. Ce registre vocal singulier lui donne un petit côté venu d’ailleurs, qu’elle revendique. D’où les initiales E.T de son premier album Everything Tasteful, qui sort vendredi (chez &ce Reckless/Allpoints/Believe).

«Oui, c’est un petit clin d’oeil au fait que je suis un peu différente dans le paysage musical français, au fait que j’aime bien me sentir comme une extra-terrestre» confie à l’AFP la jeune femme, dans la seconde moitié de sa vingtaine.

Si on file encore la métaphore de l’ovni, comment qualifier ce premier disque après plusieurs mixtapes (entre maquettes et albums) remarquées ? «C’est le retour sur terre: j’ai ramené ce que j’ai découvert dans l’espace, voilà, et là, on va faire un nouveau départ et on va voir qui va venir dans la navette et qui reste au sol», s’amuse-t-elle.

Rapper en apesanteur, sans vouloir filer comme une météore, se traduit aussi dans la gestion de sa carrière naissante. «C’est comme une course de fond, je veux durer», analyse-t-elle.

Missy Elliot, Rammstein

Elle a pris le temps de poser ses jalons, dans la musique et dans la mode. Dès l’été 2019, Vanity Fair la qualifie de «secret le mieux gardé du rap français». Pour finir l’année 2019 «avec style», la marque de vêtements japonaise Edwin s’associe à elle pour une ligne inspirée de sa mixtape Le son d’après. Et le magazine GQ la classe fin 2020 parmi «les rappeurs les plus stylés», saluant «ses tenues sobres, androgynes, (ses) petites dreads fines, avec pour contraster une collection de superbes chemises imprimées».

Musicalement, cette longue silhouette (plus d’1,80 m) présente de multiples «influences recrachées dans l’album». Ado, elle écoutait «Lil Wayne, T-Pain, Missy Elliot, Booba», entre un père professeur en sciences économiques plutôt «variété française avec Renaud» et une mère éducatrice versée dans la musique ivoirienne. «Ma mère me réveillait aussi avec du classique, avant d’aller à l’école et un de mes grands frères (elle est la plus jeune d’une fratrie de sept) écoutait du rock-metal, Slipknot, je me souviens aussi de Rammstein, il y avait des sons que je kiffais».

Dès le lycée dans la région de Lyon, les logiciels musicaux l’accompagnent. Puis la bascule s’opère à Londres, où sont vite abandonnées des études de gestion du patrimoine.

Projets en Côte d’Ivoire

Londres fut capitale pour son «développement personnel». «Je me suis trouvée là-bas en étant toute seule, c’est là où j’ai commencé à avoir des copines». Ses histoires d’amour avec des femmes traversent ses morceaux, sans filtre et sans qu’elle en fasse un acte militant. «C’est naturel dans ma vie, c’est naturel dans mes textes, je ne me suis pas dit un jour ‘vas-y j’vais parler des meufs !’ (rires)».

Elle a aujourd’hui posé ses valises à Lisbonne, même si elle transite aussi par un QG à La Courneuve (région parisienne), qu’elle partage avec des amis producteurs/musiciens, et par un repaire dans Paris intra-muros. Mais la Côte d’Ivoire reste en point de mire. «J’y vais de plus en plus souvent, j’essaye de m’attacher là-bas et ma mère, après sa retraite, veut y retourner».

«Il y a là-bas des petits artistes qui essayent de faire leur truc: j’ai ouvert mon label &ce Reckless en 2020 et j’aimerais bien signer des artistes là-bas. J’ai toujours voulu faire ça dans la musique, mettre ma direction artistique au service des autres, créer un mouvement». Un autre genre de service gagnant.

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