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Pablo Hasél, le rappeur devenu symbole de la liberté d’expression en Espagne

Pablo Hasél, le rappeur devenu symbole de la liberté d'expression en Espagne
Une manifestation en soutien à Pablo Hasél Photo: Capture d‘écran Youtube Pablo Hasél

Chantant dans un relatif anonymat avant les ennuis judiciaires qui ont abouti mardi à son incarcération, Pablo Hasél est un rappeur provocateur aux textes révolutionnaires devenu pour une partie de l’opinion espagnole un symbole de la liberté d’expression.

Condamné à neuf mois de prison pour des tweets attaquant les forces de l’ordre et la monarchie, ce rappeur catalan de 32 ans a reçu le soutien de stars espagnoles comme le cinéaste Pedro Almodovar ou l’acteur Javier Bardem.

Son cas a même amené le gouvernement de Pedro Sanchez à promettre une réforme du code pénal fin que les «excès» des artistes dans l’usage de la liberté d’expression n’entraînent pas de peines de prison.

Il qualifiait dans ces tweets les forces de l’ordre espagnoles de «mercenaires de merde», les accusait de torture et d’assassinats et s’en prenait également à la couronne.
Des termes en ligne avec les textes antifascistes et marxistes de ce rappeur massif, portant la barbe et parfois des lunettes et peu connu du grand public.

De son vrai nom Pablo Rivadulla Duró, Hasél est l’un des représentants de la scène rap indépendante et engagée en Espagne, proche de certains mouvements d’extrême gauche.
Enregistrant depuis 2005, Hasél, qui a découvert le rap à l’âge de dix ans grâce à l’album culte Straight Outta Compton du groupe américain NWA, diffuse souvent gratuitement ses morceaux sur internet.

Des titres aux textes crus et révolutionnaires, comme Mort aux Bourbons, dans lesquels il s’attaque notamment à la famille royale espagnole qu’il accuse d’être l’héritière du régime franquiste.
Ses paroles visent également le Parti populaire de droite ou le parti de gauche radicale Podemos, membre de l’actuel gouvernement de coalition.

Hasél multiplie aussi les références à des organisations armées d’extrême gauche comme les Groupes de résistance antifasciste du 1er octobre (Grapo), accusé d’un millier d’actions violentes entre 1975 et 2003 en Espagne, dont 80 assassinats et tentatives de meurtre.

Son nom de scène, Pablo Hasél, est une référence à un conte arabe dans lequel un guérillero nommé «Hasél» fait tomber une monarchie, avait-il expliqué en 2018 dans une interview.

Marxiste et fils d’entrepreneur

Fils d’un entrepreneur, ce rappeur vit dans sa ville natale de Lérida, en Catalogne (nord-est de l’Espagne), où son père fut dirigeant d’un club de football. En 2018, il avait expliqué dans la presse avoir du mal à trouver un travail stable, ce qui l’avait amené à faire les vendanges en France.
Avant sa condamnation pour les tweets ayant entraîné son incarcération, Hasél avait eu d’autres démêlés avec la justice.

Ses hommages aux Grapo lui ont valu plusieurs condamnations depuis 2011 pour apologie du terrorisme qui avaient, elles aussi, suscité la polémique et mobilisé sur les réseaux sociaux et dans les rues.
En 2014, il avait notamment été condamné à deux ans de prison pour apologie du terrorisme mais n’avait pas été incarcéré car il n’avait pas d’antécédents judiciaires et la peine ne dépassait pas deux ans.
L’an dernier, il avait aussi été condamné à six mois de prison pour avoir aspergé un journaliste avec un produit d’entretien durant une manifestation.

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