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Isabelle Huppert: «Je ne joue que des super héroïnes»

Isabelle Huppert dans «La daronne» Photo: Axia Films
Martin Gignac/Collaborateur Métro

Isabelle Huppert devient une baronne de la drogue dans La daronne, une comédie policière qui lui va comme un gant.

«Je ne joue que des super héroïnes!» lance en riant Isabelle Huppert, rencontrée l’an dernier dans le cadre des Rendez-vous du cinéma français à Paris.

Difficile d’imaginer quelqu’un d’autre dans la peau de Patience, une interprète franco-arabe qui travaille pour la brigade des stupéfiants… tout en étant à la tête d’un important réseau de drogue!

De Greta à Elle en passant par La pianiste et La cérémonie, la star est passée maître dans l’art d’incarner des femmes transgressives qui sèment la zizanie dans les sociétés patriarcales.

«Elle est amorale sans le savoir, concède celle qui a tourné avec les plus grands. Elle ne se pose aucune question et c’est ça qui était assez intéressant à jouer.»

Au départ, Patience ne cherchait qu’un moyen de trouver de l’argent afin de prendre soin de sa mère malade. Puis, elle s’est laissée prendre au jeu, prisonnière d’un engrenage rappelant ceux déployés dans les opus du regretté Claude Chabrol.

«Il n’aurait pas désavoué le film, maintient les yeux brillants son ancienne actrice fétiche. Il avait cette insolence, cette absence de morale et cette forme d’humanisme. Il y a ça dans le personnage de Patience, une forme d’humanité.»

Romance douce-amère

Plus qu’un simple polar ironique, La daronne est également une romance douce-amère, une méditation mélancolique sur le passé et même une histoire d’amitié entre la protagoniste et son animal domestique, alors qu’Isabelle Huppert donne la réplique pour la première fois de sa carrière à… un chien.

«Je ne suis pas très chien, je suis plus chat, avoue celle qui a joué deux fois de suite avec des chats: dans Elle et L’avenir. Mais il était gentil.»

Le ton du récit aurait pu être difficile à trouver, mais ce ne fut pas le cas, assure son interprète principale. «C’était déjà un peu dans le ton du livre [de l’écrivaine Hannelore Cayre]… Ce mélange des genres s’est trouvé accentué sur le film: l’aspect portraits de femmes était moins sensible dans le livre. Le cinéma permet justement de mélanger les genres, peut-être encore plus que la littérature.»

«Le cinéma n’est pas engagé dans le terme militant du mot et il ne doit pas l’être. Ça reste un moyen d’expression.» -Isabelle Huppert

Cette sororité entre Patience, une aide-soignante qui craint pour l’avenir de son fils et une voisine qui aide la Daronne à blanchir de l’argent s’avère ainsi exacerbée dans le long métrage de Jean-Paul Salomé. Serait-ce un reflet de l’époque – luttes féminines croissantes, effets du mouvement #MeToo, etc. – qui se fait ressentir dans l’art?

«Je ne pense pas que le cinéma s’engage d’une manière aussi factuelle, avance la comédienne. Quand je dis que le personnage est amoral sans le savoir, le cinéma est aussi un peu politique sans le savoir. Et il faut qu’il le reste d’ailleurs.»


La Daronne

À l’affiche le 5 mars

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