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L’enseignement artistique favorise-t-il les inégalités raciales dans la culture ?

L'enseignement artistique favorise-t-il les inégalités raciales dans la culture ?
Une étude a montré que les élèves britanniques étaient initiés à l'art visuel par des enseignants majoritairement blancs (94 %). Photo: Jeswin Thomas/Unsplash

Alors que le secteur culturel est souvent pointé du doigt pour son manque de diversité, une nouvelle étude britannique cherche à établir les raisons derrière ce problème récurrent. Dans son viseur : l’enseignement artistique dans les établissements scolaires du Royaume-Uni, qui contribuerait aux inégalités raciales dans les arts.

Le Runnymede Trust, un groupe de réflexion sur l’égalité raciale, et la Freelands Foundation, une organisation artistique caritative, se sont associés pour réaliser une étude sur les étudiants noirs, asiatiques et issus de minorités ethniques (désignés comme «BAME» en anglais) exclus de l’enseignement artistique britannique. Ce rapport, dont les premiers résultats seront publiés à l’automne, espère être le «catalyseur» d’un changement structurel au sein du secteur culturel.

Bien que des artistes tels que Sonia Boyce, Steve McQueen et Lubaina Himid ont une réputation bien assise, seuls 2,7 % des personnes travaillant dans les industries créatives sont issus de minorités ethniques selon les chiffres officiels. Un déséquilibre inquiétant qui s’explique, en partie, par l’enseignement artistique que reçoivent les élèves britanniques.

«Nous savons que les étudiants noirs, asiatiques et issus de minorités ethniques rencontrent des obstacles importants pour étudier l’art à chaque étape de leur parcours éducatif, notamment en raison d’un manque frappant de représentation dans le programme d’études et chez les enseignants en art. Cette situation a un effet d’entraînement sur le manque de représentation dans l’ensemble du secteur artistique», explique Elisabeth Murdoch, fondatrice et présidente de la Fondation Freelands.

Apprécier la diversité dans les arts

Ce programme de recherche de deux ans examinera notamment l’enseignement artistique dans les écoles secondaires du Royaume-Uni et recueillera des données sur les inégalités raciales parmi les étudiants, les enseignants et au sein même des programmes scolaires. Le ministère de l’Education avait révélé en 2017 que les élèves britanniques, dont un tiers appartient à une minorité ethnique, étaient initiés à l’art visuel par des enseignants majoritairement blancs (94 %).

Par ailleurs, une attention particulière sera accordée dans l’étude aux élèves âgés de 11 à 16 ans afin d’observer leur passage de l’enseignement artistique obligatoire à l’enseignement facultatif. «Les élèves de nos écoles sont une toile vierge. Il est impératif qu’ils soient capables de voir et d’apprécier la diversité dans l’art. Avec la représentation vient l’inspiration, et je ne doute pas que ce projet, mené par la Freelands Foundation et le Runnymede Trust, apportera des données et des preuves importantes concernant l’étude, jusqu’à présent rare, de l’équité et de l’inclusion dans le secteur artistique britannique», déclare Dr Halima Begum, directrice du Runnymede Trust.

Le rapport final comprendra un ensemble de lignes directrices, de recommandations et de ressources d’enseignement et de formation. Leur but ? Donner aux organisations artistiques et éducatives les moyens d’opérer des changements structurels à long terme en faveur d’une plus grande inclusion dans les arts. «Si nous pouvons aller sur Mars, nous pouvons envoyer plus d’enfants dans les écoles d’art», a affirmé l’artiste noire britannique et ambassadrice de Freelands, Sonia Boyce, à The Art Newspaper.

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