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Le yin et le yang de Gaële

Photo: Yves Provencher/Métro

Elle est le point commun entre Marie-Pierre Arthur, David Usher, Jipé Dalpé et Damien Robitaille, entre autres. Et en plus de prêter sa plume à tant d’autres, Gaële lance maintenant Télescope, son troisième disque à elle.

Haut-Savoyarde d’origine, Québécoise d’adoption; solitaire qui adore les collaborations; à la fois nostalgique et positive; tantôt parolière pour d’autres artistes, tantôt interprète des mots des autres… Le moins qu’on puisse dire, c’est que Gaële n’est pas étrangère aux contrastes. Et cette dualité qui la caractérise dans plusieurs sphères de sa vie, elle a décidé de l’exploiter à fond sur son troisième album, Télescope. Un disque avec le deuil comme trame de fond, mais qui n’en est pas moins lumineux. «Plutôt que de me justifier d’avoir toutes ces facettes, je dirais que je l’ai beaucoup plus assumé», explique l’artiste à l’accent chantant.

Assumé tout d’abord par le choix de son co-réalisateur, Pierre Fortin (Gros Mené). «On est un peu le yin et le yang, lui et moi, fait-elle remarquer. On avait déjà joué ensemble sur mon précédent album, et quand je lui ai fait écouter mes nouvelles chansons, il avait déjà une direction bien claire en tête, un regard neuf sur ce que je faisais. Ç’a été très facile comme collaboration. Il vient du gros rock du Lac-Saint-Jean, donc il a apporté une couleur très particulière, avec des drums très groundés, quelque chose de très masculin, de tribal, d’ancré dans le sol. Moi, je suis venue compléter ça avec une voix plus introspective, plus profonde… quelque chose d’intime, de féminin.»

Et dans ce mariage entre la culture rock garage du Québec et la chanson à texte de France qu’elle affectionne aussi, Gaële a trouvé «un son qui lui ressemble», assure-t-elle : «C’est du Gaële, ça ne pourrait pas être plus moi. Cockpit, en 2007, c’était un peu ce que j’avais l’impression que les gens voulaient de moi; je m’étais mis beaucoup de barrières, j’étais une jeune fille en floraison, mais encore un peu verte.»

Diamant de papier (2010) l’a trouvée «complètement immergée dans le bassin d’artistes qui [l]’entouraient», poursuit-elle. «Avec Télescope, c’est comme si j’avais trouvé mon regard sur le monde qui m’entoure. Une vision beaucoup plus personnelle qu’avant. La femme en moi a fini par jaillir aussi – j’avais hâte qu’elle se pointe le bout du nez, celle-là!»

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Et c’est de façon toute féminine que Gaële se fait interprète sur deux chansons écrites ou co-écrites par des collaborateurs masculins : le slameur David Goudreault, derrière les paroles de Je t’aime toi, ainsi que Yann Perreau et Jipé Dalpé, qui signent respectivement le texte et la musique d’Attends pas. «Avant d’écrire mes propres mots, j’ai chanté beaucoup les chansons des autres, et retomber dans mes souliers d’interprète, ça fait tellement du bien, s’enthousiasme l’artiste. J’avais dit à Yann et Jipé : “Les gars, j’aimerais vraiment que l’interprète se fasse aller le cœur et la voix, alors écrivez-moi donc quelque chose.” Ils ont mis trois ans, mais ils l’ont fait.»

C’est entourée notamment de Dalpé, Perreau, Pierre Fortin et Antoine Gratton, qui signe les arrangements de cordes, que Gaële se produira au Club Soda jeudi soir, dans le cadre de Montréal en lumière. «Ça fait des années que j’ai en tête un spectacle où les gens plongeraient dans l’univers un peu corps et âme, dit-elle. Les chansons, je les ai écrites beaucoup dans l’idée de les présenter et de les chanter sur scène. Alors là, je vais me payer la traite!»

Mariage des cultures
Un peu surprenant, sur la chanson Poisson d’abysse, d’entendre Gaële susurrer, de sa voix chaude à l’accent français : «La lumière, je m’en crisse…» Mais il ne faut pas oublier que Gaële habite la Belle Province depuis 13 ans déjà.

«Pour l’anecdote, je sacrais déjà beaucoup en France – au grand dam de mes parents! avoue la chanteuse. Je suis assez impulsive et, quand il faut que ça sorte, il faut que ça sorte. Et au Québec, ce que j’ai adoré, c’est que les mots pour dire ton intention de colère ou de joie intense, sont beaucoup plus flagrants et représentatifs qu’en France. Alors, quand je suis arrivée, c’est la première chose que j’ai mise dans mon vocabulaire. Ce n’est pas pour être vulgaire ou quoi, parce que ça va plus avec une intention ou une émotion. Sur ce disque, je voulais arriver à avoir une plume plus précise, plus directe. Alors, quand je chante : “la lumière, je m’en crisse”, c’est qu’il n’y a aucune autre expression qui le dise aussi bien.»

Télescope
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