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Cargo Culte: Ni prémédité ni censuré

Photo: Denis Beaumont/Métro

Les gars de Cargo Culte balanceront demain leur rap rock violemment rafraîchissant au public des Francos. Pour l’occasion, Alex McMahon , Seba et J-F Lemieux reviennent sur la naissance de leur trio. Un trio né du désir de faire du hip-hop honnête, agressif, sans préméditation ni censure.

«On s’est réunis, le courant est passé, le feu a pogné, et on ne s’est pas posé beaucoup de questions.»

Depuis la sortie, en avril dernier, de leur premier album, Les temps modernes, les gars de Cargo Culte se sont souvent fait dire que ce disque, «le Québec l’attendait». «Plusieurs personnes nous ont confié qu’elles avaient hâte d’entendre du son comme le nôtre ici», dit Éric Brousseau, alias Seba.

Le parolier et rappeur qu’on a connu pour son travail au sein de Gatineau concède d’ailleurs que oui, peut-être, en effet, ça manquait un peu. «Ces dernières années, on a entendu beaucoup de rap plus électronique. Mais du rap avec un son rock? Et grunge? Pas tant.»

Reste que, comme le rappelle J-F Lemieux, qui officie à la basse et à la programmation, l’idée, en créant l’album, était d’abord et avant tout de faire «quelque chose de punché. Quelque chose d’honnête.»

«Quelque chose de violent!» ajoute Seba.

«Violent, oui, mais dans la lumière», relativise son comparse.

Lorsqu’il a joint ses forces à celles de J-F (qui a notamment joué aux côtés de Daniel Bélanger et de Jean Leloup) et à celles du batteur, claviériste et programmateur Alex McMahon (un des membres fondateurs de Plaster), Seba avait déjà une idée derrière la tête. Il imaginait trois types «dans une espèce de petite cabane, avec des chemises de chasse et des barbes longues». «Je voyais quelque chose de masculin. D’agressif. Trois gars dans une pièce qui sent la transpiration. Trois gars qui composent un disque quasiment en une journée. Et qui font du rap de bûcheron.»

Outre les barbes et les chemises à carreaux, il voyait, ou entendait plutôt, des «gros drums sales» façon Beastie Boys. «Lorsqu’on écoute des chansons comme So What’cha Want ou Pass the Mic, de l’album Check Your Head, on remarque à quel point les batteries sont lourdes. Je rêvais depuis longtemps d’en avoir des semblables pour appuyer le rap que je fais.»

Cet amour inconditionnel des Beastie Boys est d’ailleurs une des choses qui ont réuni les trois musiciens. «Moi, c’est mon groupe préféré à vie», dit le rappeur. «Moi aussi!» ajoute J-F. «OK, moi aussi d’abord!» renchérit Alex.

Plus sérieusement, le parolier rappelle que ses comparses et lui ont grandi avec le trio du regretté MCA. «On est vraiment tombés dans la marmite quand on était jeunes.» Dans cette marmite, plusieurs autres sons se sont mêlés. Notamment ceux de Rage, d’Eminem…. «C’est le rap qui est entré dans nos oreilles… et qui est resté là!» dit McMahon.

«Sois vrai!»
Dans Cargo Culte, Seba continue d’employer des références au septième art. Sur ces Temps modernes comme ceux de Chaplin, on entend notamment passer les noms de De Niro, Taxi Driver et There Will Be Blood. Rappelant qu’il s’occupait autrefois d’un club vidéo de répertoire, il explique, sourire en coin, que le rap est pour lui «un moyen détourné d’arriver à faire du théâtre pis du cinéma». «Oh! Comme dans le faux documentaire sur l’acteur qui devient chanteur de hip-hop!» remarque Alex. «Oui! C’est malaisant, ce film-là! Comment ça s’appelle déjà? I’m Not There?» I’m Still Here.

Bref, dit-il. «Souvent, quand j’écris, je suis en train d’écouter – ou de penser à – un film. En fait, je pense EN film. En images. Ceux qui ferment les yeux pour écouter ce que je dis peuvent vraiment voir des choses.»

Sur ses nouvelles paroles qui mettent tour à tour en scène un type soumis, un pays meurtri et une dépendance aux téléséries, Seba dit avoir laissé «plus de place à la première personne, au je». Mais s’est-il révélé davantage pour autant? «Me révéler? Je ne sais pas. Je crois que j’ai simplement laissé…» «… t’as simplement laissé tes costumes dans le garde-robe, complète Alex. Les personnages sont derrière toi. On t’a amené à sortir un peu de tes tics. J-F et moi, on t’a dit : sois vrai! Sois real! Sois wack!»

«Je me suis laissé guider par les membres du groupe, approuve-t-il. Tout s’est fait d’un commun accord.»

Comme l’idée de dénoncer la corruption sur Les temps modernes, pièce-titre dans laquelle Seba regrette que «c’est ça l’Québec moderne» : «un pays où les crapules sans scrupule pullulent / Où les copains d’la corruption, s’accouplent, copulent». Une vision partagée par les trois membres du groupe? Une vision partagée par tous les Québécois, plutôt. «On avait peur que la toune ne soit plus d’actualité une fois l’album sorti. Heureusement, ou malheureusement, elle l’est toujours. Et je crois qu’on pourra encore la jouer pendant les 10 prochaines années, parce que ça ne va pas changer. Quand tu regardes ce qui se passe à Laval, à Montréal… C’est trop déprimant.»

Ce qui les déprime drôlement moins? Leur passage aux Francos, demain, en ouverture de leurs amis «de la même famille hip-hop», Loco Locass. Prévision? «Ça va être cool. Vraiment cool.»

Votre album franco le plus marquant?

Le dôme, de Jean Leloup
J-F : «C’est sûr que Le dôme, de Leloup, ça reste dans mon sommet. Quatre saisons dans le désordre de Bélanger aussi.»

Manifestif, de Loco Locass
Seba : «J’ai mangé une claque quand j’ai entendu ça. C’était comme si on m’avait mis la tête dans une laveuse. Il y avait tellement de mots, de sons… J’ai capoté.»

Jimmy Hunt, de Jimmy Hunt
Alex : «C’est incroyable, cet album, on dirait que c’est un greatest hits tellement toutes les tounes sont bonnes.»

***
Cargo Culte

Votre meilleur souvenir des Francos?
Alex : «Mon meilleur souvenir du festival, c’était un show au Shag. Pierre Lapointe était DJ. J’étais là avec… je pense que c’était Yann Perreau – pour nommer une célébrité des Francos – et je dansais en chest. En chest au Shag. C’était bien!»

J-F : «C’était à l’époque de l’album Nous et je devais jouer le soir, au Métropolis, avec Bélanger. Je me souviens que j’avais passé toute la journée au spa… et que je n’aurais pas dû. J’ai eu chaud. J’étais vraiment mou après.»

Seba : «Moi, c’est quand Bernard Adamus m’a invité à chanter avec lui [en 2011]. Je pense que c’était la foule record des Francos! Quand j’ai dit : ‘‘OK, pitche ta main dans les airs!’’ je ne sais pas combien de milliers de personnes m’ont écouté. C’était comme une vague. J’avais quasiment mal au cœur. Tout l’horizon bougeait. C’était hallucinant!»

Cargo Culte
En ouverture de Loco Locass
Au Club Soda
Samedi à 19 h
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