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Les aiguilles et l’opium: hallucinant

Photo: Nicola Frank Vachon\collaboration spéciale

Plus de 20 ans après la création de sa pièce Les aiguilles et l’opium, Robert Lepage lui donne une nouvelle vie sur la scène du TNM, faisant de nouveau appel à un Marc Labrèche au sommet de sa forme.

Il fallait voir la mine fière qu’affichait Marc Labrèche au terme de la première médiatique de la pièce Les aiguilles et l’opium, jeudi soir au TNM. Et il avait de quoi l’être: le grand blond, devenu vedette du petit écran depuis sa première apparition dans le spectacle de Robert Lepage, porte sur ses épaules cette nouvelle mouture, époustouflante à tous points de vue.

D’abord visuellement, il va sans dire: quiconque a déjà vu un spectacle du créateur de La face cachée de la lune sait qu’on peut toujours s’attendre à une mise en scène multimédia réglée au quart de tour, et celui-ci ne fait pas exception. Un cube rotatif au milieu de la scène se métamorphose au gré des projections en une chambre d’hôtel parisien où dort Robert (Labrèche), acteur québécois en peine d’amour venu prêter sa voix à un documentaire sur le passage de Miles Davis à Paris; en ciel étoilé, alors que Jean Cocteau (Labrèche encore) se trouve dans un avion qui rentre des États-Unis; en club de jazz, où Miles Davis (muet et impressionnant Wellesley Robertson III) rencontre Juliette Gréco… Ces histoires parallèles, qui se recoupent avec la même fluidité que les décors changent, gardent le spectateur stupéfié de la première à la dernière seconde.

Et outre la forme, il y a le fond, ces textes si «lepagesques» faits d’observations sur la vie, la nature humaine, l’histoire (il faut entendre ce Québécois expliquer le référendum de 1980 à un hypnotiseur français dans un délectable dialogue unilatéral, ou ressentir avec le personnage la douleur intolérable d’une dépendance amoureuse, exprimée avec une sobriété poignante). Des textes qui donnent à Labrèche l’occasion de montrer les multiples facettes de son talent d’acteur, alors qu’il se substitue avec brio à Lepage dans un rôle écrit à l’origine pour ce dernier. Le comédien demeure fidèle au style du metteur en scène, qu’on «entend» souvent au détour d’une réplique, tout en donnant sa couleur aux personnages.

C’est donc ainsi que se termine la saison régulière du TNM cette année. C’est ce qui s’appelle finir en beauté…

Les aiguilles et l’opium
Au Théâtre du Nouveau Monde
Jusqu’au 21 juin

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