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Robert Gravel 15 ans après sa mort

L’acteur et metteur en scène Robert Gravel revit sous nos yeux dans Mort subite d’un homme-théâtre. «Je me souviens très bien de la journée où il est mort, le 12 août 1996, confie le cinéaste Jean-Claude Coulbois, rencontré dans un restaurant montréalais. J’étais dans une salle de montage en train de visionner ce que j’avais tourné avec lui et je prenais des notes. Quelqu’un ouvre la porte pour me dire que Robert Gravel est décédé. La porte se referme et je le voyais sur le moniteur. Je n’y croyais pas.»

Ces quelques jours d’entrevues avec le réputé interprète ont failli ne jamais être utilisés, le cinéaste ne voulant pas d’un hommage post-mortem. Il a donc conservé son matériel dans une voûte jusqu’à une rencontre avec Luc Senay, cinq ans plus tard, qui l’a convaincu de mener à terme son projet.

Pendant la dernière décennie, Jean-Claude Coulbois a cogné à toutes les portes des télévisions pour obtenir un peu de financement. La seule qui ait embarqué est TV5 qui, ironiquement, n’est pas une chaîne québécoise. «Chaque fois que je mentionnais le nom de Robert Gravel, les gens disaient non, se remémore celui qui a déjà consacré un essai au comédien Jean-Louis Millette. Faire un film sur Robert Gravel 15 ans après sa mort, c’est comme faire un film sur l’alzheimer. »

À force d’acharnement, Mort subite d’un homme-théâtre a pu voir le jour. Ce document revient sur l’apport de Robert Gravel au théâtre, de son parcours et de sa collaboration avec Jean-Pierre Ronfard. Le tout entrecoupé d’extraits de ses pièces et d’entrevues réalisées avec sa «famille» artistique (Guylaine Tremblay, Alexis Martin, Jacques L’Heureux, etc.). Un travail d’orfèvre qui tente de transcender la mort.

Liberté de…
Impossible de parler de Robert Gravel sans aborder la question de la nécessité du risque. «Leur théâtre était un jardin pour faire ce qu’il ne pouvait faire ailleurs, rappelle Jean-Claude Coulbois. Il avait une liberté de pensée incroyable. Qu’il y ait 12 personnes sur scène et 3 spectateurs dans la salle, l’important, c’était que ça ait lieu. Aujourd’hui, ce n’est plus pensable. Ça nous ramène à la politique des industries culturelles, qui date de 1992. Sur 20 ans, on voit les dégâts que ça fait. C’est une politique de prédateurs. Il faut que les directions artistiques remplissent leurs salles au minimum à 80 %. Sinon, elles risquent des coupures dans les subventions. Ça veut dire prendre des vedettes populaires – donc de la télé – et des auteurs reconnus, pas ceux qui ont une parole contemporaine qui dérange.»

Et pour obtenir des subventions, mieux vaut avoir le visage d’un chien battu. «Combien de temps ç’a pris avant que la Ligue nationale d’improvisation soit subventionnée? On disait à Gravel : « Vous avez l’air d’avoir du fun. Si vous avez du fun, vous n’avez pas le droit aux subventions »!»

Mort subite d’un homme-théâtre
En salle dès vendredi

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