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Stromae: «L’anglais ne sonne pas mieux que le français»

Photo: collaboration spéciale
Jérôme Guillas et Boris Tampigny - Métro France

La sensation belge de l’heure, Stromae, interprétera deux soirs de suite au Centre Bell, à l’occasion des Francos, les pièces de son album √. Il parle de ce dernier à Métro.

Vous écrivez des textes graves sur des thématiques qui le sont tout autant: le cancer, les infections sexuellement transmissibles, la colonisation, l’absence d’un père… Vous ne craignez pas que la force de vos textes soit diluée par une musique festive?

Non. Tant mieux si c’est le cas. On ne choisit pas le public qu’on a. Je ne fais pas de la musique pour les intellos ou pour les clubs. Trois ans après, on vient me dire: «Alors on danse, c’est vachement glauque, en fait.» Bah ouais. Tant pis si à ce moment-là tu n’as pas percuté sur les paroles. Ou tant mieux. Je fais de la musique comme moi, je l’entends. Le groove, pour moi, c’est hyper important. Et non, l’anglais ne sonne pas mieux que le français. Je ne te demande pas d’écouter les textes si t’as pas envie de les écouter. Je te demande juste de me dire si t’aimes ou pas. Le reste, c’est de la masturbation intellectuelle.

Il y a plein de gamins qui dansent sur Papaoutai, une chanson qu’ils adorent sans rien comprendre aux paroles…
Je ne suis pas sûr qu’ils ne comprennent pas. On essaie toujours de dramatiser le fait de demander où est son père. Ça n’a rien de grave, ce n’est pas méchant. Le refrain est entraînant? Et alors? C’est ce côté-là, enfantin, qu’on a perdu avec l’âge. Ce ne sont pas des choses noires, c’est la mélancolie. C’est ce qui fait ce qu’on est, et c’est pour ça qu’on est beau. C’est ça que j’ai envie de garder de l’enfance. Ce n’est pas à nous de dire aux enfants ce qu’ils ont vécu de dur. C’est à eux de le décider.

Comment ça se passe dans votre tête lorsque vous écrivez des textes qui restent sombres malgré tout?
Je photographie mes proches, les gens, ce que je vois autour de moi. C’est de la caricature. Ce sont des personnages. Je me mets à leur place. C’est un peu de la schizophrénie. Je travaille comme un réalisateur, un scénariste ou un photographe.

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Incarner des personnages… C’est pour ça qu’on vous surnomme «Brel 2.0», selon vous?
C’est un super beau compliment. Mais on ne compare pas deux albums avec une carrière, deux musiques, deux époques… On fait le rapprochement parce qu’il est Belge. Mais vous savez, il faisait partie d’une école qui avait cette façon de fonctionner: «Je joue et je défends un personnage.» Notre métier, c’est aussi un peu de faire l’acteur. On défend un travail, celui d’une équipe. Le type sur scène est le porte-parole de cette équipe. C’est un métier. Même si je le fais avec passion, c’est un métier.

Stromae
Au Centre Bell
Les 17 et 18 juin à 20 h

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