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Griffintown: le western urbain de Marie-Hélène Poitras

Photo: Maxyme G. delisle

Fana des films de Sergio Leone et de polars, l’auteure et journaliste Marie-Hélène Poitras livre son roman Griffintown. Ce western-spaghetti nappé de «montréalités» sublime ces marginaux, souvent poqués, qui conduisent des calèches. À lire avec du Ennio Morricone en musique de fond.

Vous avez choisi d’écrire un western urbain…
Je laisse les gens décider si c’est vraiment un western ou non. Mais je le suggère d’autant plus que j’ai eu vraiment du plaisir à jouer avec les clichés qui s’y rattachent. Je ne parle pas des westerns traditionnels construits de façon manichéenne, mais bien des westerns-spaghettis avec leur côté série B, leur aspect lyrique et leurs trames musicales. Mon défi était de trouver une façon de faire passer ces effets sonores dans l’écriture. C’est d’ailleurs pour cela que j’emploie un style assez sensible et que la prise en charge de la narration frôle la forme poétique. Pour la conclusion du livre, j’avais la volonté de créer quelque chose qui pourrait rappeler la célèbre scène finale du film Le bon, la brute et le truand, lorsque le gars se sauve à cheval avec la musique qui embarque sur l’image.

Vous dites que les cochers sont des gens qui construisent leur légende. Pourrait-on dire que ce sont aussi des poqués qui se font du cinéma?

Oui, c’est cela. Ce sont tous des conteurs nés. C’est ainsi qu’ils gagnent leur vie. Plus leur tour de calèche est captivant, davantage ils touchent en pourboire. En les côtoyant, j’ai découvert que ces gens colorés ont souvent un passé assez dur qu’ils essaient d’oublier. Un cocher raconte toujours sa légende, celle qu’il a peaufinée. Or, lorsqu’il n’est pas présent, les autres cochers proposent une autre histoire sur ce même cocher. En passant pas mal de temps avec eux, on finit par connaître la vérité qui est toujours fascinante. Par exemple, lorsque nous attendions les touristes, il m’arrivait de les observer, de les écouter et j’avais l’impression d’être dans une pièce de théâtre où il n’y aurait jamais de temps morts.

Vous révélez que les cochers sont détestés par les résidents du Vieux-Montréal.

Ce sont des gens assez fortunés qui achètent des condos de luxe. Pour eux, de voir un gars à l’allure un peu louche qui n’a pas bien nettoyé son emplacement en partant et en y laissant l’odeur du cheval, c’est dérangeant. Vous savez, le fouet dont sont munis les cochers n’est pas destiné aux chevaux. On me l’a dit assez tôt. Une fois, alors qu’un conducteur me mettait de la pression pour me dépasser dans une petite rue où cela n’était pas possible, j’ai arrêté mon cheval et je suis descendue de ma calèche avec mon fouet pour lui en administrer un coup retentissant sur le capot de sa voiture! Et je lui ai dit : « Si t’es pressé, ne passe pas par les petites rues du Vieux. » Je suis ensuite remontée sur ma calèche avant de repartir très lentement.

Marie-Hélène, si je vous invitais à savourer un bon steak de cheval…
(Rires). Jamais de la vie. Je ne mange même pas de poisson ni de fruit de mer, alors encore moins du cheval!

Griffintown
Aux éditions Alto
Présentement en librairie

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