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Alexandre Chartrand: l’art de la provoc

Photo: Alexandre Chartrand

Jusqu’au 13 mai, la galerie Point Rouge présente On se fait tous fourrer!, une expo provocatrice et engagée du peintre Alexandre Chartrand.

Votre exposition s’intitule On se fait tous fourrer! Pourquoi?
Je suis un peintre engagé et dénonciateur. Pour cette expo, j’ai décidé d’aller droit au but. Les tableaux ont également un aspect caricatural, car j’ai représenté, sans détour, des gens qui se font fourrer dans le sens strict de l’expression. Pour ce faire, j’ai, notamment, mis l’accent sur les visages.

Comment on en vient à faire une expo sur cette thématique?
Ça fait longtemps que je suis désenchanté par la politique. Les politiciens font, en général, davantage partie du problème que de la solution. Je trouve qu’il y a trop peu de gens qui s’intéressent à la chose politique et je me disais que la peinture, à la fois ludique et très colorée, pourrait attirer les regards. Il faut dire que, si le sujet semble à la mode en ce moment, il ne l’était pas au moment où j’ai eu cette idée d’expo, il y a deux ans.

Cette expo est donc volontairement racoleuse.
Exactement. Généralement, lorsque je peins, je m’inspire de photos que j’ai prises moi-même de mes sujets. Dans ce cas, j’ai travaillé avec des photos glanées sur l’nternet, en cherchant délibérément la provocation par l’intermédiaire de la pornographie.

On retrouve même la reine d’Angleterre en position, disons… inhabituelle.
Oui, c’est le clou de l’exposition et ce geste est, par sa nature, illégal au sens de la loi, car il est interdit de représenter la reine sans son consentement. Je n’ai pas commencé par cette image, mais j’ai trouvé tellement effrontée la visite du couple royal après son mariage que je me suis dit qu’il me fallait émettre un commentaire sur la monarchie. Cela semble anodin, mais le fait que nous soyons encore une colonie, que l’on ramène le terme «royal» dans les institutions, que l’on paie à ces jeunes un voyage pour venir rire de nous en pleine face et nous rappeler que nous sommes encore sous domination, m’apparaît totalement déplacé. Ces gens sont quand même les descendants des grands dictateurs de l’histoire européenne.

Vous présentez cette expo dans une galerie de l’Ouest-de-l’Île. Double provocation?
Oui et non. Ce n’était pas aussi flagrant qu’on pourrait le croire, car j’en suis à ma troisième expo à cet endroit. Je m’entends particulièrement bien avec la propriétaire de la galerie. J’ai pu lui proposer mon concept verbalement et elle l’a accepté d’emblée. Cela dit, je suis bien content, car l’emplacement de la galerie a pour effet de confronter plusieurs personnes. Il y a déjà des gens qui se sont plaints du mauvais goût de ma série.

Et cela est imputable, selon vous, à l’aspect politique ou pornographique de l’expo?
L’aspect politique. Parce que des gens nus, en peinture, ça pleut. C’est surtout le fait d’avoir associé la reine et la porno qui choque. D’autant plus que je lui ai donné un titre assez salé…

Lequel?
À faire bander Stephen Harper…

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