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Olivier Martineau: «Hey, toi! À table!»

Photo: collaboration spéciale

Humoriste autodidacte, Olivier Martineau se présente comme un gentleman farceur en parlant à 100 milles à l’heure. Dans son premier one man show, le créatif trentenaire propose de décortiquer notre société comme on décortiquerait un homard. «Ça va être bon, mais ça va r’voler!» prévient-il.

Une chose qui revient souvent quand on parle de vous, c’est que vous «passez du coq à l’âne». Quelle relation entretenez-vous avec ces nobles animaux?
Ha! Écoute, écoute… dans l’expression «du coq à l’âne», ce qu’on entend, c’est bien sûr passer rapidement d’un sujet à un autre (oui). Je pense que c’est l’essentiel du stand-up tel que je le conçois. Pour moi, le stand-up, c’est d’abord décliner plusieurs sujets en rafale, dans l’esprit d’«une ligne, une blague, et on passe à l’autre». Ensuite, c’est l’idée du cabaret, de performer avec un sentiment de proximité. Bien évidemment, je ne suis pas le seul qui adopte ce style-là. Ce sont des grandes lignes. Des lignes classiques. Plusieurs y adhèrent. Ce qui fait la différence, avec moi, c’est l’idée de rafale, de bourrasque, de rapidité. D’éclair. Beaucoup de gags au pied carré, beaucoup de sujets. Comme dans une vraie conversation.

Vous commencez votre nouveau spectacle avec la phrase: «J’haïs tout le monde égal»…
… en fait, l’esprit qui se dégage du show, c’est que j’haïs tout le monde égal. La première ligne, c’est plutôt «Le monde est cave». C’est ça, l’amorce. Le tableau sur lequel sera brossée l’entièreté du spectacle. Le monde est cave. Moi j’suis cave. Tout le monde est cave. Dans le passé. Là. Dans le futur. Ça ne va pas bien, nous autres, la société humaine. C’est donc l’idée d’une distinction rassembleuse. On aime haïr ensemble les mêmes affaires. Ce n’est jamais un show moralisateur, cela dit. Je ne fais pas de politique, je ne fais pas de religion, c’est toujours… de l’observation.

Mais l’idée de haïr est donc là. Et vous le faites ouvertement. Que pensez-vous de ceux qui haïssent anonymement, cachés derrière leur écran? Les fameux «haters»?
Ça, je ne m’y avance pas. C’est une réalité qui s’applique beaucoup aux nouveaux médias, et je suis quelqu’un de très archaïque. Si je pouvais chauffer au bois, je chaufferais au bois! Je viens d’avoir un iPhone. Je capote. J’ai l’impression de naviguer dans une fusée! Cela dit, je suis très intéressé par divers sujets qui se retrouvent dans le spectacle. Mais ça reste du commentaire d’observation. Ce n’est pas parce qu’il y a de l’opinion qu’on déteste. On peut aimer haïr, aussi. Tu comprends ce que je veux dire? Comme la neige. Quand elle tombe sur une pente et qu’on fait du ski, on adore ça. C’est beau, la neige, c’est Noël! Noël blanc! Mais quand ton char est pris dans un banc de neige de huit pieds, la perception change. Pourtant, c’est la même neige. L’idée d’haïr tout le monde égal, c’est dans cet esprit-là. C’est une belle image, la neige.

Vous dites parfois vouloir décortiquer la société parce que vous ne la comprenez pas. Monter sur scène, ça vous aide?
J’aime définir les mécaniques. Pour vrai, ce show, c’est des images tout le temps. C’est: on va s’asseoir à terre et on va manger un homard ensemble. M’a te le défaire en morceaux. Ça va être bon, mais ça va faire des miettes. Ça va r’voler. Pas le choix. C’est ça, ce show-là! (Rires) L’image du homard est écœurante! Bon appétit!

Vous vous êtes déjà décrit comme «un garçon de 9 ans qui peut s’acheter un char et qui a de l’argent». Est-ce que ça fait du bien de vieillir en gardant cette mentalité? En restant un kid dans l’âme?
J’ai toujours été un p’tit nerd. Quand tout le monde jouait au Nintendo, moi, j’allais dans le bois ramasser des bibittes dans un pot Masson. Pendant je sais pas combien d’années, j’ai ramassé des roches pour faire une collection de roches qui étaient toutes pareilles! Et je suis toujours aussi émerveillé. J’ai une curiosité encyclopédique; je veux tout savoir sur tout. Je suis un peu l’archéologue que j’aurais voulu être, le gars qui va dans la jungle… mais je reste chez moi pis j’explore ça différemment. Vieillir, ça fait peur aux gens qui vieillissent mal. Moi, je ne vieillis pas. Je prends de la maturité.

Votre collection de roches toutes pareilles, vous l’avez gardée?
Oh non. À un moment donné… c’est fini. J’ai beaucoup de plaisir à me rappeler tous ces après-midi que je passais à en ramasser, mais j’ai plus de plaisir à traîner mes souvenirs qu’à traîner une boîte lourde.

«L’idée du zapping est importante dans mon show. Il y a des arrêts sur image. Comme lorsque t’es sur l’internet et que tu cliques sur des liens. Finalement, t’as 800 fenêtres ouvertes et tu fais voyons! Je cherchais une recette. De gâteau. Aux carottes. Et là, je suis rendu à chercher de quoi sur les requins.» – Olivier Martineau, dans un souffle

Vous parlez souvent au «tu» aux spectateurs…
Toujours au tu! Toujours au tu! Je commence peu à peu à dire «vous», mais ce n’est jamais un «vous» poli. C’est un «vous autres»… qui est quasiment un «tu»! Mais c’est parce que les verbes au vous sont tellement compliqués. Écoute!

Ce n’est pas un trait humoristique?
Oh, mais là, tu demandes au magicien de te montrer ses cartes! (Rires) Le «tu», c’est quelque chose que j’aime dire. J’aime tutoyer un ensemble. Ça me vient peut-être du temps que j’étais prof. Cela dit, si après on peut le décliner comme quelque chose d’utile à la scène… je laisse les gens qui analysent analyser.

On parle souvent d’humour absurde quand on parle d’Olivier Martineau. Est-ce une chose à laquelle vous souscrivez?
Ce n’est pas que j’y souscris ou pas. Ça relève de l’opinion de la personne qui écrit sur moi. Je pense que, dans les dernières années, on a fait de grands tiroirs dans lesquels on s’empresse de tout mettre: «lui fait du stand-up», « lui, du politique», «lui, de l’absurde». Moi, je fais trrrrrès attention aux tiroirs. Mais c’est vrai que j’ai un univers coloré dans lequel il y a des surprises!

Olivier Martineau
Au Théâtre St-Denis
Mercredi soir à 20 h

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