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Chorus: vivre sur pause

Photo: Funfilm

Faire le deuil d’un enfant: c’est ce cauchemar que doivent affronter Sébastien Ricard et Fanny Mallette dans le film Chorus, de François Delisle.

La première scène de Chorus glace le sang. En une succession de longs plans rapprochés, un prisonnier avoue un crime. Il y a une décennie, c’est lui qui a fait disparaître un gamin de huit ans, au grand désespoir de ses parents, maintenant séparés, qui, depuis, survivaient dans l’incertitude.

De cette tragédie familiale d’une tristesse infinie, qui n’est pas si éloignée de Trois temps après la mort d’Anna et The Disappearance of Eleanor Rigby, le cinéaste François Delisle a décidé de ne pas éclipser totalement l’espoir et la lumière.

«L’idée, c’était de parler de la réconciliation, de la consolation aussi, raconte en entrevue le réalisateur, qui est aussi scénariste, producteur, directeur de la photographie et monteur sur ce projet. Des valeurs tout à fait ringardes dans notre société, mais auxquelles j’accorde une grande importance.»

Faisant écho à son film précédent, Le météore, qui explorait des thèmes similaires avec ces mêmes soubresauts de poésie furtive et de résilience salvatrice, ce nouveau long métrage tourné en noir et blanc, qui s’est fait remarquer à Sundance et à Berlin, est centré sur les personnages. Ce sont eux qui arrivent à renaître de leurs cendres en sachant finalement ce qui est arrivé à la chair de leur chair.

«Ça leur permet de sortir de l’espèce de hiatus où ils étaient enfermés depuis 10 ans», admet Sébastien Ricard, qui a interrompu ses répétitions théâtrales de Richard III pour venir nous parler du père qu’il interprète.

Leur désarroi est montré avec sobriété, ce qui tombait dans les cordes de la figure maternelle qu’incarne Fanny Mallette. «Il fallait en donner juste assez, sans grossir les traits, sans m’épancher et sans que ça devienne larmoyant. Ça me permettait de tester mes limites.»

Apprendre à perdre?
Cette question est au cœur même de Chorus et elle hante le spectateur longtemps après le générique. «Vivre, c’est apprendre à perdre tous les jours, toutes les minutes, toutes les secondes, rappelle François Delisle. Apprendre à faire le deuil, et pas seulement le deuil de personnes qui sont mortes. On doit aussi faire le deuil de certaines idées. À partir de ces deuils-là, on se construit une personne et une personnalité. Et on peut aller plus loin que les idées qu’on avait au départ. C’est ce qui fait la richesse de la vie. La mort et la vie, ce sont les deux facettes de la même médaille.»

Chorus
En salle dès vendredi

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