Soutenez

Gurov et Anna: nuances d’infidélité

Photo: Filmoption International

Désirs, obsessions, gouffres existentiels: Gurov et Anna, du réalisateur québécois Rafaël Ouellet, ne manque pas de thèmes chauds et encore moins de passion.

Gurov et Anna est un film de premières pour Rafaël Ouellet. Il n’avait jamais tourné un long métrage en anglais, dont l’action se situe en ville et en hiver, jamais non plus réalisé un film d’après le scénario d’une autre personne (Celeste Parr). Surtout que la prémisse – un professeur (Andreas Apergis) marié et père de deux enfants tombe amoureux d’une de ses étudiantes (Sophie Desmarais) – semble loin de ses préoccupations habituelles et verse dans l’universalité anonyme.

«Même si l’infidélité devient un peu banale de nos jours, en tout cas dans les œuvres de création, c’est un moteur qui permet de montrer plusieurs facettes de notre personnalité, de montrer les personnages dans ce qu’ils ont de plus noir et de plus blanc, réfléchit le cinéaste, rencontré au bar d’un hôtel du Vieux-Montréal. On voulait parler de l’humain derrière ça. Qu’est-ce que c’est, vivre ça dans ses tripes, dans sa tête et dans son cœur.»

«J’aime ça, les défis. Je ne ferais pas Transformers 5, mais Fifty Shades of Grey 2, peut-être. Ce n’est pas parce qu’on a une prémisse de trois lignes qui est clichée qu’on va faire un film cliché.» – Rafaël Ouellet, qui a voulu que Gurov et Anna transcende le long métrage sur fond d’adultère

Le long métrage puise dans la nouvelle La dame au petit chien, de Tchékhov, pour donner du souffle aux personnages. Ces derniers arrivent à légitimer leurs actes grâce à la fiction, se créant des destins parallèles qui leur permettent d’écrire leur propre existence. Une évasion fantasmée de leur sort, des responsabilités de l’âge adulte et peut-être même de cet ennui de plus en plus généralisé (pensons seulement, dans le cinéma québécois, à Félix et Meira et à Autrui).

«On habite en ville, où l’offre est tellement grande, l’offre culturelle. L’offre d’expériences de vie… On veut tellement s’accomplir! dit le metteur en scène. Ça s’appelle the fear of missing out (la peur de manquer quelque chose). Je ne sais même pas si on a besoin de s’ennuyer pour avoir envie d’être encore plus vivant. Je pense qu’il y a des gens qui sont là-dedans.»

Ne voir qu’elle
Sophie Desmarais est omniprésente dans le cinéma québécois des dernières années. On ne l’a pourtant jamais vue accaparer autant le regard que dans Gurov et Anna, où elle est filmée avec désir et volupté. «Je n’avais jamais eu à jouer un personnage qui doit dégager de la séduction, confie-t-elle. Comme actrice, comme femme, ça m’oblige à être très consciente de moi-même. Je suis quelqu’un qui n’aime pas poser et je n’aime pas me sentir filmée de cette façon-là… Il fallait que je fasse confiance à mon corps, à ma féminité. Que je me laisse aller. La séduction, c’est comme la comédie. C’est une affaire de rythme. Il faut être très en contrôle.»

Gurov et Anna
En salle vendredi

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.