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14e festival du Jamais Lu: l’occasion ou jamais

Entrevue avec deux auteurs du Festival du jamais lu : Marcelle Dubois et Justin Laramée Théâtre Aux Écuries. Photo: Denis Beaumont/Métro

Le festival du Jamais Lu présente depuis 14 ans des lectures de pièces de théâtre inédites. Selon ses directeurs artistiques, Marcelle Dubois et Justin Laramée, la lecture d’un texte permet d’avoir un contact plus direct entre le public et les artistes.

«Quand on va voir une grande production de théâtre, on s’écrase souvent dans le fauteuil en disant: “Impressionnez-moi”, observe Justin Laramée. Alors que le côté très dénudé [de la lecture] suscite une empathie naturelle de la part du public.» Selon lui, au Jamais Lu, les spectateurs sont plus actifs et écoutent davantage le message de l’auteur.

Pour cette raison, le festival se permet d’aborder des sujets plus engagés. «On est dans la prise de parole, on veut montrer que les jeunes auteurs se font le reflet des préoccupations d’une société», souligne Marcelle Dubois.

Si les lectures publiques sont répétées par des comédiens, elles restent avant tout centrées sur le texte et son sens. On met donc l’auteur à l’avant-scène plutôt que les comédiens. «Le Jamais Lu, c’est un incubateur, explique Justin Laramée. L’auteur vient découvrir la portée de son texte, et le public vient découvrir de tout nouveaux auteurs, des auteurs de la relève ou d’autres plus établis.» Selon les deux directeurs artistiques, le fait que les auteurs se lancent sans filet les humanise et les rapproche du public.

«La beauté du théâtre, c’est que chaque soir c’est différent, mais le Jamais Lu c’est plus dense que ça, c’est un soir seulement. Tu peux venir trois fois pour à chaque fois une première qui ne se répétera jamais.» – Justin Laramée

Les représentations se tiennent d’ailleurs dans l’intimité du Théâtre Aux Écuries, dans une formule cabaret. «C’est une ambiance décontractée, soutient Marcelle Dubois. Le bar est ouvert, on peut manger et boire avant la lecture, dont la durée varie entre une heure et une heure trente, et on peut ensuite rester au bar pour réfléchir ou discuter avec les artistes.» Chaque soirée se conclut par un «digestif» appelé «soir de scotch», où l’auteur de la lecture principale invite un autre artiste à venir discuter avec lui de son travail.

Le thème de cette année, «S’appartenir», a été choisi après la sélection des œuvres. «On choisit des textes qui sont parlants, qui ont une résonance dans l’actualité, indique la directrice artistique. Les auteurs sont des véhicules de leur époque, et cette année, on a vu que cette question de l’appartenance et de la dépossession était traitée dans beaucoup de textes.»

Le festival s’ouvre d’ailleurs vendredi avec S’appartenir(e), un spectacle complètement féminin qui met en vedette huit auteures. «Ce n’est pas un spectacle qui cherche à définir la place des femmes dans la société, ce sont huit femmes qui réfléchissent sur la société», explique Marcelle Dubois.

En écho à ce spectacle d’ouverture féminin, Justin Laramée a décidé de monter, pour clore le festival, (Y) Tenir, qui rassemble des textes de six auteurs masculins. «Je me suis senti très concerné par les scandales d’abus sexuels qui ont marqué 2014, mais j’ai pu en parler avec très peu de monde parce que je suis un homme, confie-t-il. Je me suis dit qu’il fallait personnaliser les hommes plutôt que de les mettre tous dans le même bateau.» Il a donc demandé à six auteurs d’écrire leurs réflexions sur la femme. Justin Laramée insiste pour dire qu’il s’agit d’une pièce féministe, qui appelle à l’équité. «C’est délicat de demander à des hommes de se prononcer là-dessus, car on se demande souvent si on ne devrait pas laisser le devant de la scène aux femmes, juge-t-il. Mais moi, je pense que c’est aussi aux pères d’éduquer les jeunes garçons et de célébrer la féminité, autant chez les femmes que chez les hommes.» Les auteurs s’adresseront donc aux garçons, mais ajouteront aussi des lettres d’amour personnelles qu’ils ont écrites étant jeunes, sans jamais les expédier.

14e festival du Jamais Lu
Au Théâtre Aux Écuries
1er au 9 mai

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