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Festival de Cannes: fou Max

Photo: Collaboration spéciale

OK, fans de Mad Max qui appréhendiez un peu ce retour. Vous pouvez souffler. Le nouveau-né de la série de films cultes de George Miller, qui paraît 30 ans après le précédent et troisième volet, est un délire jouissif de couleurs, de métal, de poussière, de feu, de sable et de Tom Hardy. C’est d’ailleurs par les explosions de joie des fidèles que le film a été accueilli durant (oui, pendant) sa présentation et après, au Festival de Cannes jeudi.

Il a peut-être 70 ans, mais George Miller avait l’air d’un p’tit cul qui vient de jouer aux pirates avec ses copains dans la ruelle hier. Le sourire fendu jusqu’aux oreilles, content, généreux dans ses réponses, le réalisateur australien est revenu sur la genèse de son Fury Road.

À ses côtés, Tom Hardy, acteur britannique (que, pour la petite histoire, la plupart de nos collègues trouvent «tellement trop, non vraiment trop, sexy»), a même fait son mea culpa. Dans un moment presque surréaliste, la tête un peu baissée, le visage très sérieux, il a confié, à l’adresse de Miller: «Je te dois des excuses parce que je me suis énervé…» Tandis que son aîné lui mettait un bras autour du cou, le serrant comme un vieil ami après un froid, l’interprète a enchaîné, à l’adresse du cinéaste, et de tout le monde dans l’assemblée: «J’ai entendu George parler pendant les sept mois [qu’a duré le tournage] de ce que ce projet allait devenir. Mais il y avait tellement de détails, tellement de départements impliqués! C’était impossible pour lui de m’expliquer ce qu’il voyait, là-bas, dans le désert. Je te dois des excuses, George, car j’ai été si myope…!»

Il faut dire que la bande a maintes fois souligné les conditions difficiles de cette production qui s’est déroulée dans le désert de Namibie. Notons à ce sujet que – contradiction peut-être – tandis que des groupes écologistes ont dénoncé les traces laissées par le passage de l’équipe, le film se veut, comme l’a rappelé Charlize Theron, une fable prémonitoire abordant les questions «de réchauffement climatique, de sécheresse et de gouvernement qui perd le contrôle».

Parlant de perte de contrôle, tout est fou et amplifié dans Fury Road. Il y a des camions monstres (lire: des monster trucks), des types qui tapent sur d’immenses tambours dans des véhicules qui roulent à pleine vitesse, et même un gars, placé lui aussi à l’avant d’un char filant sur le sable, et jouant de la guit-à-double-manche-qui-lance-des-flammes. «Comme tout ce qu’on retrouve dans cette histoire, il fallait que cet instrument possède une double fonction, a lancé le réalisateur, visiblement fier de son coup. Donc, ce n’est pas juste une guitare, c’est aussi une arme!» Soulignons par ailleurs que la musique tonitruante a été signée par le Néerlandais Tom Holkenborg, aussi connu sous le nom de Junkie XL et surnommé «Toto» par George Miller. «Il a réussi à m’expliquer, à MOI, qui n’ai aucune idée de la façon dont la musique est structurée, comment ça fonctionne!» s’est-il réjoui avant de préciser que le gros du boulot est quand même revenu à la monteuse Margaret Sixel, qui s’est retrouvée avec 450 heures d’images tournées sur les bras. «Je dois préciser ici que Margaret est aussi ma femme, a indiqué le réalisateur. Elle ne s’était jamais occupée d’un film d’action auparavant et elle m’a demandé: “Mais pourquoi diable veux-tu que je fasse ça?” Eh bien, lui ai-je répondu, parce que si ce sont les mêmes gars que d’habitude qui le montent, le film va avoir l’air de tous les autres films d’action. Comme d’habitude.»

France Cannes Mad Max Exits
«Mel [Gibson, le Mad Max original] a vu le film. Il était assis avec moi. Au milieu de la projection, il s’est mis à ricaner, et j’ai pensé: “Oh! Voilà le ricaneur que j’ai toujours connu!” C’était un moment émouvant. J’ai eu le cœur brisé en voyant tout ce qui lui est arrivé. Pour moi, Mel a toujours été un homme bon», a raconté hier George Miller (avec Charlize Theron sur la photo)./AP

Le fait «d’être une présence féminine dans un univers masculin» a également été abordé par Charlize Theron, qui dit avoir été captivée dès le départ par l’idée. «J’avais entendu dire qu’il y aurait une héroïne aux côtés de Max. Qui lui tiendrait tête. En tant qu’actrice, je trouvais ça merveilleux.» Rayonnante, la star sud-africaine s’est également dite «très impressionnée par tous ces gens qui ont mis tellement de temps et d’effort dans tout ça».

«C’était fascinant de voir toutes ces scènes de bataille si magnifiquement chorégraphiées entre Charlize et Tom. Même si j’étais inconscient la majorité du temps. Et qu’on me tirait par une chaîne.» – Nicholas Hoult, qui incarne un des soldats du vilain de Fury Road, Immortan Joe

Et quand on parle de «tous ces gens», c’est vraiment TOUS ces gens. Il y a même l’auteure des Monologues du vagin, la dramaturge et féministe américaine Eve Ensler, qui a agi à titre de consultante sur le film. Comme l’a noté Charlize: «C’était incroyable de pouvoir incarner une femme, de ne pas essayer de jouer à l’homme, d’être entourée de femmes si vraies et de célébrer tout ce qu’il y a à célébrer de la gent féminine, sans la mettre sur un piédestal.»

Ils ont dit…

CANNES, FRANCE - MAY 14:  Director George Miller attends the "Mad Max: Fury Road" press Conference during the 68th annual Cannes Film Festival on May 14, 2015 in Cannes, France.  (Photo by Clemens Bilan/Getty Images)«Je me sens comme une femme enceinte qui vient de donner naissance à un bébé géant.» – George Miller, reprenant un lieu commun pour parler de la création de son film, mais le disant avec un tel sourire qu’on lui pardonne

Cannes Charlize Theron Getty«La post-production de ce film a pris beaucoup de temps. Je le sais parce que, lorsque j’ai enfin pu le visionner, mes cheveux étaient attachés en couette.» – Charlize Theron, qui, côté capillaire, arbore le crâne rasé dans Fury Road

"Mad Max: Fury Road" - Press Conference - The 68th Annual Cannes Film Festival«NON. Pas même UNE seconde.» – Tom Hardy, répondant à un journaliste qui lui demandait si, en lisant le scénario marqué par la forte présence de personnages féminins, il a regretté que ce ne soit pas davantage «un film d’hommes»

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