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L’artiste Mayra Andrade refuse les étiquettes

Photo: Vanessa Filho/collaboration spéciale

Mayra Andrade, artiste capverdienne maintenant basée à Paris, amènera ses rythmes métissés et chaleureux au Centre Phi vendredi soir, pour le seul passage de sa tournée au Canada.

On dit de vous que vous êtes «la perle du Cap-Vert». Comment décririez-vous l’identité capverdienne?
Ça ne se décrit pas, en fait. L’identité capverdienne, c’est quelque chose qu’on est, qu’on ressent, mais qui est difficile à expliquer. Je peux vous dire que ce que j’aime au Cap-Vert, c’est le peuple capverdien. Au-delà de ses paysages magnifiques et de ses plages, ce qui fait la beauté du pays, c’est vraiment la gentillesse, le sens de l’accueil, l’ouverture, la générosité simple des gens du Cap-vert.

C’est un pays où, heureusement, les habitants peuvent encore vous donner quelque chose, vous aider sans rien demander en retour, vous adopter très rapidement aussi. Les gens [qui y vont et qui m’en parlent] en reviennent souvent bouleversés. Parce qu’ils y ont trouvé un coin de paradis. Et quand je dis ça, je n’ignore pas tous les problèmes qui sévissent là-bas, tout ce qui ne va pas bien. Mais l’essence de ce peuple est quelque chose qui me touche beaucoup. Même si je suis de là-bas.

Votre musique est-elle ancrée dans vos origines?
Totalement, oui. Sauf que mon parcours de vie fait que je suis un exemple de «l’Afropolitain». Je suis Africaine, je suis Capverdienne, mais je suis aussi complètement cosmopolite. J’ai habité cinq ou six pays. Je passe ma vie à voyager depuis que j’ai cinq ou six ans.

Je sais faire de la musique traditionnelle, mais depuis le début, j’ai le sentiment que mon rôle est d’apporter autre chose à la musique capverdienne. Parce que la vie m’a offert d’autres possibilités. Je veux créer un précédent dans la musique traditionnelle, je veux ouvrir d’autres portes. J’ai la chance de rencontrer d’autres artistes qui m’influencent, qui m’inspirent, avec qui j’échange. Tout ça s’entend dans ma musique. C’est une espèce de chimie, de dosage. Je mets des éléments traditionnels partout, mais à plus ou moins grosse dose.

Sur votre dernier album, Lovely Difficult, vous chantez en créole capverdien, en français, en portugais et en anglais. Est-ce que chanter en diverses langues vous permet d’exprimer des choses différentes?
Oui, parce que le choix de la langue, c’est comme le choix d’un instrument musical. La langue vient avec une empreinte qui lui est particulière. Elle vibre différemment. Elle provoque des sentiments différents en moi.

Est-ce que vous avez une langue de prédilection?
Évidemment, la langue qui me vient le plus naturellement, c’est le créole capverdien. Après, c’est comme demander à un peintre quelle est la couleur qu’il préfère. On préfère avoir le choix! Mais le gros de mon répertoire est en créole capverdien.

Vous avez un parcours de globe-trotter. Qu’est-ce que vous pensez de l’étiquette «musique du monde»?
Pendant très longtemps, je n’en ai rien pensé du tout, j’étais assez indifférente à cette étiquette. Aujourd’hui, je pense que ce n’est vraiment pas assez large pour ce que je fais. Je pense que l’étiquette de la world music devient trop petite, trop étroite. Et que les gens ont vite fait de croire qu’ils savent déjà ce que vous faites. Ils attendent de vous un certain discours, une certaine esthétique, une certaine sonorité. Maintenant, j’essaie de me trouver une nouvelle étiquette. Ou aucune étiquette, ça m’irait très bien aussi.

Vous avez toujours fait beaucoup de scène, même avant d’enregistrer des albums. Est-ce que votre rapport à la scène a changé depuis vos débuts?
Je ne crois pas. La scène a été une constante dans ma vie. J’ai commencé à en faire il y a 15 ans déjà. J’avais 15 ans à l’époque. Cinq ans plus tard, j’ai enregistré mon premier album. J’ai toujours eu une approche intuitive, très spontanée. La scène reste l’endroit où je me sens le plus à l’aise en tant que musicienne. J’ai plus d’expérience aujourd’hui, évidemment, mais le sentiment originel est resté le même.

Qu’est-ce que vous cherchez à faire vivre à vos spectateurs?
Un moment de vérité. Même si on chante plusieurs fois les mêmes chansons, parfois pendant des années, je change les arrangements à chaque tournée. Et puis le gros du concert est évidemment constitué d’un nouveau répertoire qui est le gros du concert. À chaque spectacle, je cherche à avoir du plaisir, afin de pouvoir en donner aux gens et qu’ils sentent que c’est un moment sincère.

Après un an et demi, votre tournée tire à sa fin.Qu’est-ce que vous en retirez?
Que la scène est un endroit où on grandit beaucoup. Chaque fois qu’on fait un album, on est content de le terminer, de former un groupe et de faire des arrangements. Et quand on commence la tournée, on croit que tout est très beau, puis on se rend compte, après quelques concerts à peine, que ça a déjà évolué, que ça s’est déjà amélioré.

Au Centre phi
Vendredi à 20h30

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