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FME 2015: Philippe Brach, l’expérience totale

Photo: Christian Leduc

Comme Rafiki levant le lionceau vers les cieux, Phil Brach a amorcé son spectacle dans l’antre de la salle La Légion, à Rouyn, avec un chant à la «Ah zabenya». Les mains vers le plafond, il a mystifié les spectateurs qui se regardaient, les yeux remplis de «What the…?!», en fredonnant une mélopée hypnotique et en bouclant le tout par un appel à «Gandalf!» et à son «Anneau!».

Puis, l’artiste originaire du Saguenay a lancé l’événement en musique avec sa nouvelle pièce au titre qui évoque un classique de WD-40 (et de Steppenwolf), Né pour être sauvage. «Je suis arrivé hier soir avec toute ma naïveté, a-t-il expliqué candidement. Mais je me suis fait avaler par le FME.»

Se faire avaler par le FME… Ceux qui ont déjà vécu une édition, voire plusieurs, dudit Festival, ont compris instantanément de quoi il en retournait. Dans le cas de Brach, le fameux «avalement» s’est manifesté, a-t-il raconté, par une soirée arrosée en ville, suivie d’«une heure à chercher son hôtel», suivie enfin d’une… séance d’autostop. Tandis que l’assemblée rigolait de bon cœur, le guitariste et chanteur au franc-parler – et en autoproclamé mode «toasté» – a interprété Héroïne qui, comme il l’a précisé, «n’est pas une chanson qui parle de sauver le monde».

Au cours de ce savoureux événement marquant la sortie de son nouvel album, Portraits de famine, qui suit La foire et l’ordre à juste un an d’intervalle, le jeune homme à l’air d’ange démoniaque (ou de démon angélique, c’est selon) a salué le public «de la section VIP» (ou plutôt, les spectateurs qui s’entassaient sur un p’tit balcon surmontant le parterre, à sa droite). «C’est un plaisir de vous faire un show de profil! Le moins bon en plus!»

Vu de face, Brach était entouré, entre autres, de Pierre-Olivier Gagnon à la basse et de son ami et coréalisateur «Luigi!» à la guit (lire: Louis-Jean Cormier). Il a d’ailleurs fait allusion aux nombreux commentaires qu’il dit avoir reçus sur la supposée métamorphose de son style depuis qu’il a travaillé avec l’ex(?)-leader de Karkwa sur son deuxième album. «On me dit : “Phil, t’a changé!” mais je tiens à préciser que je porte le même cr*ss de gilet qu’au premier lancement!»

Ouaip, on fait difficilement plus authentique que Phil B. Celui qui s’illustre aussi en impro (pour vrai, dans une ligue) n’offre pas, lors de ses interventions, le spiel habituel et politiquement correct qu’on entend souvent en show. Il lance plutôt, en rafale, des blagues qui font en sorte qu’on est pris, par après, avec le dilemme : iiiish, j’écris-tu ça? Comme cette allocution qu’il nous a servie en guise d’introduction à la pièce Nos bleus désirs: «C’est l’histoire de deux personnes qui ont un one-night, mais qui, ensuite, décident de continuer leur relation… avant de se rendre compte qu’elles n’auraient jamais dû le faire. (Petite pause pour l’effet…) Qu’elles m’ont dit.» Suivie de l’explication du processus créatif: «J’étais tanné d’écrire sur les relations homme-femme, donc j’ai écrit cette chanson pour deux hommes gais. En fait, ce n’est pas vrai. Ça peut très bien fonctionner pour un gars pis une fille qui font de l’anal. Faque, c’est une toune super universelle!» Suivie, enfin, de la toune: «Pris dans l’étau de tes fesses / Encore sous mes ongles, ton zeste…»

Cela dit, vers la fin de sa prestation, l’artiste s’est prêté, surprise, à une pratique plus «formelle», à savoir celle des remerciements. «J’essayerai d’être succinct. Cet album-là n’aurait pas été possible sans… les gens de la section VIP!» Applaudissements hilares. Puis, au milieu des «vrais mercis», il a annoncé : «le speed vient de popper!» Enfin, après une dernière composition plus planante et mélancolique, il a affirmé que «c’était la dernière toune du set». Avant de se reprendre : «Ben non! C’est pas vrai! J’vous laisserais jamais avec une toune vedge de même!»

Notons pour conclure qu’au milieu de son spectacle, Brach a abandonné momentanément sa guitare pour claquer des doigts et interpréter a cappella son morceau intitulé Bonne journée. Aparté: si Lisa LeBlanc chantait qu’«aujourd’hui», sa vie n’allait pas bien, Phil, lui, souligne dans cette pièce que «demain y’annoncent d’la marde.» Le lendemain de son concert, toutefois, en marchant sur l’avenue Principale, on s’est fait dépasser par une voiture de l’intérieur de laquelle sortait, à plein volume, la chanson en question. Pis il faisait beau.

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