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Bienvenue à F.L.: l’essence de l’adolescence

Photo: Collectif 3.14

Après une projection au TIFF l’été dernier, une «mémé anglophone de 70-80 ans» est sortie de la salle, a pris Geneviève Dulude-De Celles par la main et lui a dit, en riant aux éclats, «It makes me feel like a teenager again!»

C’est un des effets que peut provoquer le visionnement de Bienvenue à F.L., documentaire immortalisant l’adolescence d’une poignée d’élèves de Fernand-Lefebvre (F.L. pour les intimes) à Sorel-Tracy, école secondaire qu’a fréquentée la cinéaste il y a une dizaine d’années.

Écouter ces ados raconter leurs rêves les plus fous – comme vivre en Alabama pour aucune raison apparente ou entreprendre une «petite carrière ben relaxe en tant que plongeur sous-marin» – et leurs tourments, qui donnent envie de les prendre dans nos bras en leur disant «ça va se passer», fait inévitablement remonter chez le spectateur des souvenirs de sa propre adolescence. Jusque chez cette vieille dame torontoise, dont la jeunesse devait être à mille lieues du quotidien des protagonistes de ce documentaire.

Et pour cause: l’adolescence est un moment charnière dans toute vie, d’où l’intérêt d’en faire un documentaire. «C’est un âge particulier et c’est pourquoi il est nécessaire de donner une voix aux jeunes et de respecter ce moment qui est très précieux», élabore la réalisatrice.

Ce qui au départ devait être un documentaire sur l’intimidation s’est ainsi rapidement transformé en un projet plus large sur l’adolescence. «On fait toujours un scénario, mais dès qu’on est confronté au réel, on le jette aux poubelles! C’est ça, le documentaire», lance Geneviève Dulude-De Celles énergiquement.

Bienvenue à F.L. laisse toute la place aux jeunes, qui n’ont que trop peu d’occasions de s’affirmer. «Ils n’ont pas nécessairement une voix dans la société: ils n’ont pas le droit de vote, ils sont obligés d’aller à l’école, ils sont redevables à leurs parents… Ils ont l’impression que leur parole n’a pas vraiment de valeur.»

Au point où certains élèves se demandaient pourquoi on voudrait faire un film sur eux. La cinéaste, dont c’est le premier long métrage, leur a répondu que leur parole a une valeur, puisqu’en tant qu’adultes, nous avons perdu la fraîcheur de leur point de vue.

«Je n’avais pas de thèse à défendre, je voulais faire vivre une expérience: immerger le public dans le monde d’une école secondaire avec ces jeunes-là pendant 75 minutes.» – Geneviève Dulude-De Celles, réalisatrice de Bienvenue à F.L., documentaire qui a remporté un prix aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal, en novembre dernier, et qui est sélectionné pour deux prix Écrans canadiens

Geneviève ne cache pas s’être sentie très nerveuse à toutes les étapes du film, des premières recherches jusqu’à la projection du résultat final en compagnie de ses vedettes, car elle tenait mordicus à donner une image fidèle de leur réalité. «Je ne voulais pas qu’ils aient l’impression que je suis une adulte qui vient porter un regard sur eux, même si forcément, je portais un regard sur eux et même si, forcément, je suis une adulte.»

On réalise rarement la richesse de cette période éphémère, remarque une des élèves qui se confie à la caméra. «Ce sont les plus belles années de notre vie, mais on ne s’en rend pas compte.»

Pourtant, on vit d’innombrables expériences marquantes entre les murs de son école secondaire. Comme cette jeune qui affirme avoir «tout vécu ici: l’amour et les déceptions de l’amour».

«Un conseil de vie que je pourrais me donner à moi dans 10 ans, c’est: oublie pas par où t’es passée, oublie pas F.L., oublie pas la vie que tu menais à 16 ans», témoigne une autre. Sages paroles.

Bienvenue à F.L.
En salle dès vendredi

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