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Berlin avec Boris sans Béatrice

Photo: Metafilms

TAG BerlinaleLa Berlinale? «C’est la cerise sur le sundae! Tous ces gens qui vont être là! Scarlett Johansson, Colin Firth, Jude Law, les frères Coen, George Clooney, Emma Thompson…» énumère Simone-Élise Girard. À cette liste pleine d’étoiles, l’actrice québécoise ajoute avec émerveillement son propre nom, celui de son collègue à l’écran James Hyndman et celui de Denis Côté, cinéaste qui les a réunis dans Boris sans Béatrice. «Je n’en reviens juste pas!»

Pour James Hyndman, voir le long métrage dont il est la tête d’affiche être présenté en compétition dans l’un des trois plus prestigieux festivals de films au monde, «c’est une fleur, c’est un cadeau». «Mais je prends ça avec pas mal de… comment dire… bonhommie! s’esclaffe-t-il. Je vais débarquer à Berlin avec… curiosité. Oui. Je vais me laisser entraîner et je vais être curieux. Curieux de voir c’est quoi, curieux de rencontrer des gens. Mais je n’y vais pas avec les mêmes attentes ou les mêmes ambitions que lorsqu’on a 30 ans et qu’on commence dans le métier!»

Reste qu’à certains égards, Boris sans Béatrice représente, peut-être, un certain «recommencement» pour le renommé interprète. Un renouement, en tout cas, avec le septième art, qu’il ne fréquentait plus autant qu’autrefois. Voire plus du tout. En effet, depuis un moment déjà, l’acteur, qui avait «quand même joué dans pas mal de films dans les années 1990», se consacrait principalement au petit écran et aux planches. Côté ciné, il y a eu Black Eyed Dog, de Pierre Gang, en 2006, la narration des deux Dans une galaxie près de chez vous, quelques apparitions. Mais sinon, il était «sorti des écrans radars du monde du cinéma». «Je me disais bon, visiblement, c’est derrière moi. Ça reviendra peut-être un jour… En même temps, ça se peut que ça ne revienne pas. Tout ça était un peu oublié.»

«Tout ça» est revenu, «tout à coup», il y a «un peu plus de deux ans». Dans la boîte courriel du comédien, un message. «Mon nom est Denis Côté, je ne sais pas si vous me connaissez ou si vous connaissez mon travail, mais j’ai une idée de scénario. Je n’ai encore rien écrit, je ne sais même pas si ça va voir le jour, mais c’est à vous que je pense pour le rôle-titre. C’est votre image et votre visage qui me viennent en tête. Si jamais je l’écris, est-ce que ça vous intéresse? Avant que j’aille plus loin avec ça?»

Alors? «Alors j’ai dit oui! Évidemment! C’est le message dont rêve tout acteur! Un réalisateur qui te confie, avant même qu’il ait pondu une histoire : “J’ai une envie de toi, de ce que tu dégages, de l’impression que j’ai de toi.” C’est vraiment une rencontre artistique.»

Une véritable rencontre, «une collaboration très ouverte, très franche», explique James Hyndman, dans le sens où le cinéaste lui a «même fait lire la première version de son scénario». «C’est rare, un réalisateur qui, à peine terminée l’écriture d’un premier jet, te demande ton avis sur son travail! Et j’ai pris la liberté de lui dire ce que je pensais vraiment, car j’ai tout de suite senti que c’est ce qu’il attendait. De travailler avec des gens qui parlent franchement, avec amitié, mais qui ne le caressent pas dans le sens du poil. Ç’a été un long processus, mais j’aimerais ça que ce soit comme ça à chaque fois. Qu’on ait le temps de mûrir ensemble.»

Ainsi, James Hyndman a eu le temps d’apprivoiser l’univers de Denis Côté, son «cinéma particulier» («Il a son monde à lui; c’est vraiment un auteur!») et le personnage issu dudit univers, qu’il a endossé. À savoir un homme prospère, évoluant «dans un milieu bourgeois», qui a tout, et qui a tout accompli. Un homme toutefois «perdu sur le plan relationnel, qui tentera de se retrouver, de renouer avec sa femme».

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Sa femme, mystérieuse, complexe, atteinte d’une bizarre affliction, plongée dans un mutisme quasi complet, c’est celle qu’incarne Simone-Élise Girard. Et à laquelle la comédienne a imaginé, avant de commencer à tourner, tout un parcours d’existence. «J’avais un agenda – j’appelle ça un psychological diary – dans lequel j’ai écrit toute sa vie, raconte-t-elle. Ça m’a permis de comprendre. Comprendre pourquoi elle en était arrivée là. Comprendre qui elle était avant. Étant donné que je n’avais pas beaucoup de dialogues, il fallait qu’elle dégage quelque chose!» Car, précise l’actrice, «ce n’est pas juste une malade qui ne dit rien». «Au contraire. Elle a toute cette vie intérieure qu’il fallait que je reflète à chaque plan. À un moment, Denis m’a même dit : “Tu fais de la magie.” Mais ce n’est pas de la magie! C’est du travail!» rigole-t-elle.

«Habituellement, on reçoit le texte d’une scène et trois jours plus tard, on est rendu sur le plateau! Là, on avait le luxe de se préparer. C’était tellement extraordinaire! Je me sentais comme Nicole Kidman ou Meryl Streep, qui reçoivent leurs scénarios super longtemps d’avance!» -Simone-Élise Girard, actrice

Celle qu’on voit dans Unité 9 et que «les gens ne reconnaissent pas tout le temps», car elle «change souvent physiquement pour ses rôles» dit avoir «adoré tourner avec un cinéaste québécois de la trempe de Côté». «Il sait bien s’entourer. Il faut dire que c’est son neuvième film aussi, qu’il a de l’expérience, mais tout le monde sans exception était… exceptionnel! En plus, on tournait en 35 mm, donc tout le monde était content à la technique! J’en garde un souvenir indélébile!»

Tout comme elle risque, non, est convaincue d’en garder un de la projection à Berlin demain soir. «Ça nous arrive! Ça m’arrive! Dans ma vie! Je… n’en reviens juste pas!»

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