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Allégations visant Claude Jutra: le milieu du cinéma marche sur des oeufs

Photo: Archives Métro

Le milieu du cinéma et de la culture marche sur des oeufs à la suite d’allégations, contenues dans une biographie à paraître mardi, entourant des liens qu’aurait eus le cinéaste Claude Jutra avec de jeunes garçons.

“C’est vraiment questionnant. C’est beaucoup de ouï-dire, mais pas de faits, pas de témoins ni d’accusations réelles”, a affirmé Ségolène Roederer, directrice général de Québec Cinéma, qui organise les prix Jutra récompensant le cinéma québécois.

L’organisme se voit forcé de se pencher sur l’avenir de ces prix en ce qui a trait à leur nom, dont certains se demandent déjà s’il devrait être changé.

Ces allégations, contenues dans une biographie du cinéaste québécois qui doit être publiée ce mardi, ne représentent que quatre pages de l’ouvrage, mais elles ont néanmoins semé l’émoi dans le milieu. Elles reposent sur des témoignages de personnes apparemment “très proches” de Claude Jutra, selon l’auteur de la biographie, Yves Lever, mais pas sur des témoignages de victimes.

Québec Cinéma a dit prendre acte des passages controversés de la biographie, mais a aussitôt invoqué la prudence et annoncé, lundi, la création d’un “conseil de sages” afin de “suivre l’évolution du dossier et de faire les recommandations qui s’imposent, le cas échéant, sur tout ce qui concerne cette question”.

Le conseil, qui n’est pas encore formé, sera chargé de rencontrer différentes personnes qui pourraient être impliquées dans le dossier. Encore une fois, Mme Roederer appelle à la prudence.

“On est dans des délais assez serrés (NDLR: le gala des Jutra aura lieu le 20 mars) et en même temps on prendra le temps qu’il faut. Là, on sent un emballement dans lequel on ne veut pas rentrer. On va prendre le temps pour bien analyser les choses, pour réfléchir à ce qui est le mieux pour le milieu, pour ce qu’on défend et ce qu’on représente”, a-t-elle dit.

Le président du conseil d’administration de Québec Cinéma, Patrick Roy, a qualifié l’affaire, par voie de communiqué, d’“extrêmement délicate”, rappelant que “les sources sont anonymes”, qu’“aucune accusation n’est portée” et que “la personne visée par les allégations est décédée”.

L’industrie du cinéma a créé les prix Jutra il y a 18 ans en l’honneur “d’un des plus grands artisans du cinéma québécois”, indique le communiqué, ajoutant que “la reconnaissance de l’oeuvre exceptionnelle de Claude Jutra reste aussi fondée aujourd’hui qu’hier”.

“L’oeuvre existe et elle va rester une oeuvre incomparable et exceptionnelle”, a confirmé Mme Roederer en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne. “Cette oeuvre-là va rester, et quoi qu’il arrive par rapport à cette affaire, ce ne sera pas la première fois où un artiste et sa vie et son oeuvre sont effectivement séparés.”

Ségolène Roederer a affirmé qu’aucun proche de M. Jutra n’était entré en contact avec Québec Cinéma.

De son côté, visiblement mal à l’aise, la ministre de la Culture, Hélène David, a invité tout le monde à la prudence. Sur la question de changer le nom des prix Jutra, Mme David a indiqué qu’il était beaucoup trop tôt pour en arriver à une telle conclusion.

Mme David a reconnu que “ce genre d’allégations est toujours troublant”, mais elle a répété à plusieurs reprises qu’il fallait être prudent “par rapport à quelque chose qui, pour l’instant, ne porte ni visage ni nom”.

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