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Andra Day: Soul rédemptrice

Photo: Myriam Santos/Collaboation spéciale

Reconnaître ses erreurs, assumer sa vulnérabilité et jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, aussi dure soit-elle. Voilà ce qui a guidé Andra Day dans l’écriture de son premier album, Cheers to the Fall. Un exercice rédempteur pour cette artiste soul qui livre, justement, le fond de son âme. «J’ai réalisé qu’on n’a pas à rester aux prises avec le sentiment d’être une mauvaise personne pour toujours.»

À l’autre bout du fil, Andra Day parle sans détour. Comme elle le fait dans ses chansons, dont les paroles reflètent son honnêteté, notamment quand elle aborde la rupture du point de vue de la personne qui blesse l’autre. «J’ai trompé mon ex pendant si longtemps! confie-t-elle d’emblée. Il existe beaucoup de chansons pour ceux qui se font briser le cœur, mais peu pour ceux qui sont de l’autre côté de la médaille, particulièrement les femmes.»

S’ouvrir ainsi de­mande une bonne dose d’humilité et de courage, ainsi que la capacité de marcher sur son orgueil. «J’ai l’impression qu’il est plus facile pour les gens de sauter d’un avion en parachute que de se montrer vulnérable!» observe-t-elle en laissant échapper un rire.

Très croyante – «Je ne suis pas gê­née de ma relation avec Dieu», dit-elle en début d’entrevue –, la chanteuse s’est fait un devoir d’être transparente en écrivant ses chansons. «Chaque fois que je pensais à un péché que j’ai commis et que j’avais peur d’en parler, je me disais : Non, tu dois le mettre dans l’album!»

Andra Day incarne la soul, tant par son look rockabilly inspiré des années 1950 que par sa voix puissante, souvent comparée à celles d’Adele et d’Amy Winehouse. Très inspirée par les chanteuses jazz du milieu du siècle dernier, Andra soutient que les temps sont durs pour celles qui veulent se démarquer dans ce créneau. «Mais de voir des artistes comme Erykah Badu faire ce qu’elles aiment en restant intègres m’inspire. Ça me fait croire que je peux y arriver moi aussi, peu importe combien de gens me disent que je devrais faire de l’électro-dance pour avoir du succès. Mais non! Je n’en verrais pas l’intérêt.»

«Je n’essaie pas de copier le son ou le style des années 1950, mais ils ont une énorme influence sur moi. En étudiant les grands chanteurs jazz et le cinéma classique, je suis tombée amoureuse de cette époque. J’ai une certaine nostalgie de ces années. il y avait quelque chose de si stylisé, de si vrai!» -Andra Day

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Étoile montante
À pareille date l’an dernier, son nom était pratiquement inconnu. Depuis, l’artiste de 31 ans vit une ascension fulgurante. Andra Day baigne dans les arts depuis son enfance, époque où elle chantait à l’église. Elle a étudié à la School of Creative and Performing Arts de San Diego, en Californie. Elle a dansé, joué au théâtre et rêvé de faire carrière sur Broadway. Quand elle a entendu les voix de Billie Holiday et de Nina Simone, elle a eu une révélation. «J’ai su que c’était le son que je voulais.»

La suite relève du conte de fées. Il y a six ans, la femme de Stevie Wonder découvre Andra dans une vidéo sur YouTube. Stevie la met alors en contact avec le producteur Adrian Gurvitz, avec qui elle travaille sur Cheers to the Fall. Comme si une bonne étoile – ou Dieu, dirait-elle – lui pavait la voie, Spike Lee en personne l’aborde après une performance au festival de Sundance en 2015. Il lui demande qui réalise son premier vidéoclip, et, à la blague, elle répond : «Toi, peut-être?» C’est ainsi que le réalisateur de Do the Right Thing signe la vidéo de son premier single, Forever Mine.

Puis, après avoir retrouvé Stevie dans une pub pour Apple, elle reçoit deux nominations aux Grammys, gala durant lequel elle offre une performance.

Quand on demande à Andra Day quel est pour elle le moment le plus marquant des derniers mois, elle s’exclame : «Oh gosh, c’est tellement dur!», puis en choisit deux. D’abord, les Grammys. «Mes parents, qui me soutiennent depuis le début, m’ont accompagnée à la soirée. Mon père, d’habitude très discret, m’a serré le bras et m’a dit : “Regarde où on est, c’est incroyable!”» Et ensuite, l’hommage à Ray Charles organisé par la Maison-Blanche, auquel elle a participé le mois dernier. «Là aussi mes parents étaient avec moi. Je suis sûre qu’ils n’auraient jamais pensé rencontrer un jour le président et la première dame des États-Unis! dit-elle avec enthousiasme. Moi non plus, d’ailleurs. Ma mère a littéralement eu des palpitations!»

Comment Andra s’adapte-t-elle à sa soudaine célébrité et à ce nouveau mode de vie? «En les rejetant! lance-t-elle en riant. Ça me fait bizarre d’entendre le mot célébrité. Honnêtement, je ne crois pas qu’on me voit comme une star. La grande différence entre ma vie d’avant et celle que je mène aujourd’hui, c’est que mon horaire est plus chargé.»

Et puis, «tout le monde est cool», assure-t-elle, faisant référence à ses fans et aux médias. «Si tu es cool avec les gens, ils seront cool avec toi», résume Andra Day. Comme un mantra, qui lui sied très bien.

Andra Day
En concert au Théâtre Corona
Vendredi, à 20 h

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