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Le bon gros géant: rêve de jeunesse

Photo: Walt Disney pictures
Mehdi Omaïs - Metronews France

On peut à la fois être le réalisateur le plus populaire de la planète et faire montre d’une humilité de tous les instants. Preuve en est avec Steven Spielberg, dont le nouveau long métrage, The BFG (Le bon gros géant), sort en salle après avoir été présenté au Festival de Cannes. Discussion avec le sympathique et affable mæstro.

Vous aspiriez à adapter le roman de Roald Dahl The BFG depuis le début des années 1990. La concrétisation de ce projet intervient après des oeuvres historiques sérieuses telles que Lincoln ou Bridge of Spies. Était-ce une respiration de renouer avec ce type de spectacle grand public?
C’était comme si l’heure des vacances d’été avait sonné après des années de travail acharné. Voilà ce que représente The BFG pour moi. Quand je réalise Lincoln, Bridge of Spies ou Saving Private Ryan, qui sont basés sur des faits réels, je me dois d’être fidèle et précis par rapport à l’Histoire. Du coup, je laisse mon imagination derrière moi. Ici, je l’ai prise par la main et j’ai rêvé à l’écran.

Le bon gros géant, qui se fait brutaliser par ses concitoyens, est un personnage chargé de métaphores. Que symbolise-t-il, selon vous?
La solitude. Il donne à voir ce que c’est que d’être seul, isolé, sans amis. Les seules personnes qu’il connaît lui font la vie dure, le tourmentent. Sa mise au ban est, d’une certaine façon, proportionnelle à la place gigantesque qu’il occupe dans le monde en tant que géant. Sophie [la jeune héroïne orpheline qu’il rencontre] va lui permettre de trouver sa propre voie et de mieux s’imposer face aux autres. Il apprend dès lors le courage, tout comme le lion du Magicien d’Oz l’avait appris.

Vous avez réalisé les rêves de plusieurs générations de cinéphiles. Qu’en est-il des vôtres? Faites-vous encore des songes de petit garçon?
Mais oui! Et vous savez quoi? J’ai 69 ans et je rêve encore, à l’instar des enfants du monde entier, que je vole comme Peter Pan. Tous mes enfants ont volé dans leurs rêves. C’est très étrange de me voir encore dans les airs alors que, après un certain âge, on n’est plus censé rêver de ça (sourire).

«J’ai 69 ans et je rêve encore, à l’instar des enfants du monde entier, que je vole comme Peter Pan.» – Steven Spielberg, qui dit toujours rêver comme le petit garçon qu’il a été

Quand on s’appelle Steven Spielberg, les projets doivent sembler évidents à mener. Existe-t-il, malgré tout, des défis que vous souhaitez relever et qui vous paraissent encore inaccessibles?
Très franchement, chaque fois que je commence le tournage d’un film, j’ai l’impression de repartir de zéro. Tout ce que j’ai pu faire auparavant, toute l’expérience glanée… Tout ça ne prépare jamais assez pour se lancer dans un nouveau projet. C’est un éternel recommencement, raison pour laquelle je change de genre à chaque film. J’aime avoir peur! Je dis souvent que la peur est mon moteur. J’ai besoin de ça pour faire du bon boulot, pour me galvaniser et m’empêcher de trébucher. Il n’y a aucun défi à faire des suites à Indiana Jones ou Jurassic Park, car la formule existe déjà.

Tout, ou presque, a été dit sur votre travail. Y a-t-il une fausse idée vous concernant qui revient néanmoins sans arrêt?
Mon Dieu… Quelle question difficile! Je ne sais pas… J’ai confiance dans l’intelligence des gens. Ils m’enseignent beaucoup de choses sur mes propres films. Les critiques, les journalistes et le public m’ont d’une certaine manière appris collectivement ce qui était appréciable dans mon cinéma. Je ne vois pas toujours ce qu’ils veulent dire, mais je les remercie pour leur façon de voir et d’interpréter mes films. C’est un point de vue objectif à partir d’une expérience subjective.

The BFG
En salle dès vendredi

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