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Raconter «Mégantic» 

La nouvelle série «Mégantic» est maintenant disponible sur Club illico. Photo: Club illico

C’est un Alexis Durand-Brault «troublé, fébrile et ému» qui présente Mégantic, maintenant disponible sur Club illico. En rencontrant les médias plus tôt cette semaine, le réalisateur et toute l’équipe de la série avaient en tête les gens de la petite ville d’Estrie, marquée à jamais par le déraillement d’un convoi ferroviaire de pétrole qui a provoqué une série d’explosions, il y a 10 ans.  

Écrite par Sylvain Guy, la nouveauté en huit épisodes est d’une rare intensité. D’abord réticent à l’idée d’embarquer dans un tel projet, le scénariste s’est laissé convaincre par des Méganticois.es qui souhaitaient que leurs histoires soient connues.  

Avec Sophie Lorain et Antonello Cozzolino, qui coproduisent également Mégantic, Alexis Durand-Brault et Sylvain Guy ont présenté le premier épisode de la série – le plus fleur bleue, précisons – à la population locale avant de rencontrer les journalistes de la métropole. L’écho qui est ressorti de l’expérience est clair: il y a un effet cathartique pour plusieurs personnes qui ont vécu le drame. Pas toutes, parce que tout le monde vit son deuil à sa manière, mais plusieurs.  

Huit petits films 

«Au visionnement, les gens nous ont dit que ça leur avait fait chaud au cœur de revoir leur centre-ville», illustre Sylvain Guy en s’adressant aux médias. Le lieu a en effet été reproduit, incluant son fameux Musi-Café, qui a subi l’impact de la tragédie. Le 6 juillet 2013, au petit matin, une quarantaine de personnes y festoyaient quand le drame est survenu. La plupart n’en sont pas ressorties vivantes.  

Cet endroit est au cœur de pratiquement tous les épisodes de Mégantic, qui sont chacun axés sur un personnage, toujours inspiré d’un réel individu. Une vingtaine de personnes ont raconté leur histoire à Sylvain Guy, qui a réuni certains récits en un seul pour les bienfaits du scénario. 

Je me suis demandé comment je pouvais réunir le plus de récits possible pour avoir le plus de perspectives possible sur ce qui s’est passé. L’idée m’est venue assez vite de faire huit petits films plutôt qu’une série conventionnelle.

Sylvain Guy, scénariste 

Les faits sont romancés, bien sûr, et les noms ont été changés. Un documentaire de Philippe Falardeau suivra sur Club illico en mars, la série ayant entre autres évacué tout l’aspect politique de la tragédie pour se focaliser sur les drames humains, souvent éclipsés de la couverture médiatique de l’événement.  

L’histoire vue de l’intérieur 

Ainsi, on est d’abord témoin de l’histoire de Gabrielle (Lauren Hartley), une jeune chanteuse inspirée de Geneviève Breton, décédée alors qu’elle progressait dans son rêve d’enregistrer un premier album. Dans un autre épisode, on découvre un jeune homme (Joakim Robillard) qui a mis fin à ses jours après le drame. «Sa mère m’a rencontré, parce qu’elle était tannée de toujours entendre qu’il y avait 47 victimes. On oubliait son fils», se souvient le scénariste.  

On plonge aussi dans l’histoire de Vincent Lamarre (Bruno Marcil), qui perd d’un coup sa conjointe, son frère et sa belle-sœur, mais qui passe malgré tout la nuit à aider les pompiers. L’épisode qui lui est consacré est particulièrement intense, tant sur le plan de la souffrance humaine qu’en matière d’effets spéciaux, les explosions étant nombreuses.  

Ma job, ce n’est pas de jouer un héros. Ma job, c’est de jouer un gars qui a réagi. Quelqu’un qui, devant la catastrophe, décide de faire quelque chose au lieu de subir. L’héroïsme, ce sont les autres qui le voient.

Bruno Marcil, interprète de Vincent Lamarre

Chacun des épisodes navigue dans le temps, allant tout au plus à une semaine avant la tragédie jusqu’à maximum deux mois après. Cette structure narrative implique que, malgré que chaque heure soit centrée sur un personnage, les différents récits s’entrecoupent tout au long de la série, parfois même par le biais d’une même scène reproduite de plusieurs points de vue. 

«Ça fait qu’on sent beaucoup le destin, parce qu’on sait souvent ce qu’il va arriver au personnage, s’il s’en sort ou non», croit Sylvain Guy, qui a su dessiner habilement ces chassés-croisés. 

Mégantic est disponible dès aujourd’hui sur Club illico.  

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