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«Love Is Blind»: l’impossible quête de l’amour éternel

Fugueuse

Est-ce que l’amour, le vrai, est aveugle? Cette question plane dès les premiers instants de Love Is Blind, l’événement téléréalité présenté par Netflix depuis trois semaines.

Cette question, aussi, est la locomotive d’un concept surréaliste où des participants doivent se demander en mariage avant même de se voir. Avec des discussions, et seulement des discussions, l’amour s’alimente entre des candidats qui, quelques semaines après leurs premières salutations, devront officialiser leur union devant familles et amis… ou se dire au revoir pour toujours.

Est-ce que l’amour est aveugle? Cette question est sur toutes les lèvres après les 10 épisodes de Love Is Blind, mais peut-être pas pour les bonnes raisons.

Love Is Blind, une occasion manquée

À la base, je voulais résister à la tentation de visionner cette téléréalité. Regarder un épisode, me disais-je, ne serait qu’une façon d’alimenter ma curiosité morbide, et je pourrais mieux utiliser mon temps.

Puis, j’ai vu tous les épisodes. Par curiosité, par envie, par incompréhension, et même, un peu, par inquiétude pour la suite des choses.

Si Love Is Blind est le nouveau canevas de rencontres, que reste-t-il de nos relations?

Au fond, le concept soulève une question intéressante: est-il possible d’éprouver des sentiments profonds pour quelqu’un quand on passe par-dessus les jugements initiaux qu’on fait en regardant le physique d’une personne et en constatant sa position dans la vie?

Si l’exploration allait vraiment dans ce sens, Love Is Blind alimenterait des discussions pertinentes sur l’avenir des relations.

Sauf qu’on s’enfarge dans les fleurs du tapis avant même de finir le premier épisode.

Au final, qui est le moins avisé du lot? L’individu en quête d’amour dans un contexte hors norme ou le téléspectateur méprisant à l’affût de ses moindres faits et gestes?

D’abord, il faut le dire, tous les candidats de Love Is Blind cadrent dans les standards de beauté véhiculés par les médias traditionnels.

La diversité corporelle, ce n’est pas ici qu’on la mettra en avant. C’est une belle occasion manquée puisqu’on se demande si l’amour est aveugle dans cette émission.

Ensuite, il est difficile de ne pas être cynique devant ces mariages anticipés quand on voit les relations s’effriter un peu plus chaque jour que les candidats passent ensemble loin du huis clos initial de l’émission.

On se retrouve dans le «vrai» monde avec ces relations à l’aveugle et on tombe dans la vacuité de la téléréalité comme on s’engouffre dans un bain chaud l’hiver. Ainsi, on boit beaucoup d’alcool à l’écran, du déjeuner au souper en passant par la bouteille sur la table de
chevet, et on se dit des choses trop intimes qu’on regrette instantanément.

Pour le public, c’est du bonbon, comme regarder un désastre annoncé dans le confort de son salon. On se régale des impairs que les candidats commettent et des bêtises creuses qu’ils échangent. Puis, on prend quelques instants pour réfléchir, et la culpabilité mine notre plaisir.

On ne sait pas si l’amour est aveugle, mais on doit vite affronter la laideur de nos jugements devant ces individus qui se lancent dans le vide pour notre divertissement.

Notre moquerie trouve un écho très fort dans Love Is Blind.

Au final, qui est le moins avisé du lot? L’individu en quête d’amour dans un contexte hors norme ou le téléspectateur méprisant à l’affût de ses moindres faits et gestes?

Cette question est pas mal plus assommante que celle lancée maladroitement par la série de Netflix.

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