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Extrême-droite: quand on se compare, on se désole

Rali Jamali - Collaboration spéciale

La tentative de coup d’État par des terroristes d’extrême-droite ayant répondu à l’appel de Donald Trump a ébranlé la planète entière et a provoqué de fortes réactions au Canada.

À moins de deux semaines de l’inauguration de Joe Biden, Justin Trudeau a enfin osé critiquer le président américain qui sombre dans des dérives autoritaires depuis son entrée en fonction en 2016.

Bien que le Canada ne confronte pas des défis d’une ampleur telle de celle des États-Unis, nous sommes aussi la proie de l’extrême droite et du fascisme dans nos médias, nos institutions et dans le public en général.

Les «Proud Boys», un des groupes de suprémacistes blancs qui a essayé d’interrompre la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle, a été fondé par le Canadien Gavin McInnes, cofondateur du magazine Vice.

Ce groupe a été décrit dans un rapport des forces canadiennes comme étant un groupe extrémiste, ouvertement islamophobe et misogyne, qui utilise des tactiques violentes pour faire la promotion de ses buts.

Suite à la pression du chef néodémocrate Jagmeet Singh, Ottawa considère maintenant de l’ajouter à sa liste d’entités terroristes. Faut-il rappeler la sympathie qu’exprime Trump face à ces néonazis auxquels il leur a demandé de «prendre du recul et de se tenir prêt» lors d’un débat présidentiel avec Joe Biden.

Sans oublier les suprémacistes blancs qu’il a décrits comme de «très bonnes gens» lors des émeutes de Charlottesville. Émeutes durant lesquelles un nationaliste blanc a foncé en voiture dans un groupe de manifestants antifascistes, tuant une femme et blessant 28 personnes. Ce discours ne semble pas préoccuper ses partisans au pays puisque plusieurs d’entre eux ont manifesté leur soutien indéfectible dans plusieurs villes canadiennes lors de l’assaut du capitole en répétant les allégations sans fondement de fraudes électorales chéries par la droite alternative.

Si seulement la présence d’extrémistes de droite au Canada s’arrêtait à la présence du groupe des «Proud Boys» et de quelques individus radicalisés sur le web. Malheureusement, plusieurs autres groupuscules à tendance fasciste sont présents aux pays et certains ont déjà infiltré les Forces armées Canadiennes. Comme l’a reconnu publiquement le Commandant de l’Armée canadienne, le Lieutenant-général W.D. Eyre, l’extrême droite s’est infiltré et croît au sein des rangs de l’armée canadienne.

Un rapport interne de l’armée démontre que, de 2013 à 2018, plus de 50 personnes se sont identifiées comme étant des membres à part entière de groupes haineux ou avaient exprimé de la sympathie envers ces visions haineuses du monde.

L’année dernière, le caporal-chef Patrik Mathews avait fait l’objet d’un article dans le Winnipeg Free Press qui le liait à un groupe néonazi appelé «The Base». Depuis il a été arrêté et a été accusé d’incitation au meurtre et à la guerre civile. «The Base» est l’un des 130 groupes d’extrême droite présents au pays. Une croissance de 30% depuis 2015 selon Barbara Perry, une professeur et experte sur les crimes haineux.

Sans oublier le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, et ses partisans qui flirtent avec le Trumpisme en partageant des publications comme quoi Justin Trudeau truquerait les élections en sa faveur, en le dépeignant comme étant à la merci de la Chine communiste et en s’appropriant des slogans à saveur populiste tels «Le Canada en premier» et «Joignez notre combat pour reprendre le Canada».

Selon un sondage de l’institut Angus Reid, peu après les dernières élections américaines 41% des conservateurs au Canada ne croyaient pas que ces élections étaient justes et croyaient qu’elles devaient être contestées. Ce chiffre serait peut-être différent aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, il démontre qu’une frange importante des conservateurs adhère aux thèses frauduleuses et conspirationnistes partagées par la droite alternative et leurs porte-paroles présents sur le terrain et sur le web.

La ville de Québec est l’une des grandes villes canadiennes qui signalent le plus de crimes haineux par 100 000 habitants. Une tendance qui est à la hausse depuis les dernières années.

La tuerie à la mosquée de Québec, dont nous commémorerons le triste anniversaire le 29 janvier, la présence de La meute et d’Atalante dans les rues de la Capitale nationale et le discours haineux partagé sans retenue par les radios poubelles sont des manifestations indéniables de la montée de l’extrémiste de droite et de leurs adeptes autour de nous.

L’influence de la droite alternative et la présence de ses adeptes partout au Canada démontre que les idéologies haineuses profitent d’un terreau fertile au pays et qu’elles continueront de s’afficher de manière décomplexée tant et aussi longtemps que nous resterons passifs face à elles.

Nous n’avons plus le luxe de rester silencieux face au retour d’une idéologie fasciste contre laquelle plus d’un million de Canadiens ont dû combattre outre-mer et à cause de laquelle des dizaines de milliers de patriotes canadiens sont décédés. L’antifascisme doit être au cœur des luttes environnementales, sociales et économiques que nous mènerons pour contrer les conséquences du capitalisme sauvage. Contre le fascisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire.

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