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Lydie Dubuisson : le courage de ses convictions

Comment défier une religion qui nous a toujours guidés et se révéler à soi-même, si cet aveu de renoncement déçoit la communauté qui nous a vus grandir et qui a déjà tracé notre avenir?

Poussée à cette vaste, mais indispensable réflexion avant de se lancer en théâtre, la dramaturge Lydie Dubuisson enchâsse son propre récit à sa plus récente œuvre Sanctuary.

Crédit photo : Maude Touchette

Élevée dans une famille québécoise et haïtienne, rigoureusement contrôlée par l’Église évangélique, Lydie Dubuisson a longtemps baigné dans les chorales et le théâtre biblique. Faire carrière en théâtre était une idée très lointaine, voire impensable, et dès que son sens artistique était applaudi, elle s’en remettait plutôt à son essence spirituelle.

« François Pérusse, ça faisait partie de notre quotidien, mais j’avais un mode de vie hyper rigide. La radio, la télévision et la musique [populaire], ça représentait le diable », lance l’autrice au bout du fil.

Même lorsqu’elle s’adonnait à des activités en dehors de sa communauté religieuse, elle avait l’impression d’en être punie. Le jour de son premier spectacle parascolaire auquel elle avait participé en cachette, sa maison a été tragiquement détruite par un incendie.

« Punition, punition, punition! Dans ma tête, j’avais pêché », se souvient-elle.

Si les arts l’ont inévitablement rattrapée au fil de sa vie adulte, entreprenant des études en théâtre à l’aube de sa trentaine, Lydie a attendu l’arrivée de ses enfants avant d’en faire une carrière principale.

« Je n’avais plus le choix. Je ne pouvais plus jongler avec des projets au-delà de mon travail », affirme-t-elle.

Comme quoi son choix était judicieux, la femme de théâtre s’est taillé une place parmi la relève du Black Theatre Workshop, et a vite fait ses preuves par ses textes engagés pour la cause des femmes noires et nourris par une volonté de justice sociale.

En 2018, ses lectures publiques de Quiet/Silence ont trouvé écho chez nombreuses femmes musulmanes, juives et catholiques, interpellées par le personnage d’une femme enceinte qui cherche à pardonner sa mère à l’approche de son accouchement.

Rappliquant l’année suivante avec Blackout : The Concordia Computer Riots, pièce coécrite principalement avec Tamara Brown, Kym Dominique Ferguson, Mathieu Murphy-Perron, la dramaturge a cette fois ravivé la conversation entourant le 50e anniversaire de l’émeute raciale de l’Université Sir-George-Williams de Montréal par un plaidoyer contre la mémoire sélective.

À la fois autobiographique et surréaliste, la plus récente œuvre de Lydie Dubuisson, Sanctuary/Sanctuaire, aborde la position complexe d’une adolescente soumise à la pression d’un mariage organisé qu’elle n’a jamais souhaité.

« Qu’est-ce que ce féminisme inné qui pousse à dire non, tout en sachant que ce n’est pas ce que le monde veut autour de nous? », questionne-t-elle.

L’autrice a obtenu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec pour le développement de son projet.

« Je me suis réveillée le matin de mes 40 ans avec la plus belle validation de ma vie », estime-t-elle.

Ce soutien, qui lui permet notamment l’embauche de collaborateurs, l’accompagne dans l’élaboration d’une première lecture publique en anglais. Épaulée par le Black Theatre Workshop, celle-ci sera diffusée sur Facebook et YouTube le 10 décembre.

Une adaptation française produite conjointement avec le Théâtre Aux Écuries sera présentée au printemps prochain, si le contexte pandémique le permet.

Crédit photo : Jaclyn Turner / Tableau D’Hôte

Le Conseil des arts et des lettres du Québec investit dans l’imaginaire et célèbre le succès des artistes qui créent des œuvres marquantes et façonnent la culture québécoise. Ses différents programmes de bourses soutiennent des artistes et écrivain(e)s professionnel(le)s, dont la lauréate présentée dans ce texte.

En savoir plus : www.calq.gouv.qc.ca   

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