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Préparer son enfant pour la maternelle en temps de pandémie

enfant féminin se promenant main dans la main avec un adulte masculin
La rentrée à la maternelle sera différente, alors vaut mieux se préparer. Photo: 123rf

En raison de la pandémie, les activités de transition pour les enfants qui commencent la maternelle ne se passeront pas comme d’habitude cette année. Les parents peuvent tout de même profiter de l’été pour préparer leur tout-petit pour
son entrée à l’école.

Habituellement en mai ou en juin, les écoles organisent des visites à la maternelle pour les enfants et leurs parents. C’est l’occasion de familiariser les tout-petits avec les classes et les enseignants de la maternelle et d’informer les parents sur l’école. Cette rencontre n’aura pas lieu comme prévu cette année, mais le personnel des écoles travaille à différents scénarios pour déplacer ou remplacer cette visite et préparer la rentrée des petits nouveaux de la maternelle. Rien n’est encore fixé et les parents seront informés en temps et lieu par leur école.

Cette situation peut inquiéter les parents, «mais d’ici là, ils peuvent utiliser différentes activités de leur quotidien pour préparer leur tout-petit pour la maternelle», indique Ann-Marie Picard, directrice générale du Centre régional pour la valorisation de l’éducation, un organisme de Lanaudière voué à la persévérance scolaire.

Vivement l’autonomie!

Les parents n’ont toutefois pas à se mettre de la pression pour faire des apprentissages scolaires en montrant à leur enfant à écrire leur nom et à reconnaître des lettres et des chiffres. «Le plus important pour préparer son tout-petit, c’est de l’aider à devenir autonome», indique Solène Bourque, psychoéducatrice. Elle conseille par exemple aux parents d’habituer leur enfant à aller seul à la toilette, à s’habiller avec le moins d’aide possible, à mettre leurs souliers et à ranger leurs jouets.

«C’est aussi une bonne idée d’exercer son enfant à gérer une boîte à lunch», ajoute Maryse Rondeau, présidente de l’Association d’éducation préscolaire du Québec. L’été est d’ailleurs la saison parfaite pour faire des pique-niques dans la cour ou au parc afin de montrer à son enfant comment s’organiser avec un lunch. Comme l’autonomie d’un tout-petit de quatre ou cinq ans a des limites, il est également important de lui apprendre à faire des demandes claires et polies quand il a besoin d’aide.

Le défi des habiletés sociales

La pandémie a tenu les enfants loin de leurs amis au cours des derniers mois réduisant ainsi les occasions d’apprendre à bien s’entendre avec les autres. Bonne nouvelle toutefois, le gouvernement autorise maintenant les rassemblements extérieurs de 10 personnes et moins provenant de 3 familles différentes.

Il est donc possible pour les enfants de jouer ensemble dans une cour ou une ruelle en respectant une distance de deux mètres. Les parents devraient profiter de cet assouplissement pour permettre à leur enfant de jouer avec d’autres. Le développement d’habiletés sociales comme attendre son tour, collaborer et partager facilite la vie scolaire.

Ces habiletés se développent aussi facilement à travers la vie de famille. «Par exemple, on peut prendre l’habitude de se parler au souper des beaux moments de notre journée, dit Solène Bourque. Cela aide l’enfant à parler devant d’autres personnes et à exprimer ses idées.» Créer des moments de causerie avec son enfant peut aussi lui apprendre à tolérer des délais. «C’est l’occasion de l’aider à respecter le tour de parole des autres», poursuit Maryse Rondeau. Faire des jeux de société en famille est un autre bon moyen de pratiquer le tour de rôle.

Ann-Marie Picard suggère aussi d’impliquer son tout-petit dans certaines tâches pour lui apprendre à collaborer. On peut lui demander de l’aide pour plier du linge, mettre la table ou arroser le jardin.

Faire face à la nouveauté

L’entrée à la maternelle comporte beaucoup de nouveautés pour un enfant: nouvel environnement, nouvelles personnes autour de lui, nouvelles consignes et nouvel horaire. C’est beaucoup d’inconnu, reconnaît Solène Bourque, et ça peut causer du stress pour certains enfants. «D’autant plus que cette année, un enfant peut arriver à l’école sans jamais avoir vu sa classe ni son enseignant», dit-elle.

«Plus les parents font preuve de calme face aux complications liées à la pandémie, plus leur enfant va s’adapter facilement.» – Maryse Rondeau, présidente de l’Association d’éducation préscolaire du Québec

Pour diminuer l’inconnu et faire baisser le niveau de stress, la psychoéducatrice conseille aux parents d’amener leur tout-petit voir son école et sa cour plusieurs fois durant l’été. C’est aussi une occasion de parler avec lui de l’école et de répondre à ses questions. Maryse Rondeau ajoute que certaines équipes-écoles travaillent à créer des vidéos ou des documents avec photos pour présenter aux enfants leur classe, leur enseignant et leur école avant la rentrée.

Il y a beaucoup de nouveautés même pour les parents qui ne savent pas à quoi va ressembler une rentrée en période de pandémie. «C’est normal d’être inquiet, dit Ann-Marie Picard, mais il faut parler de ses inquiétudes entre adultes et non devant son enfant pour ne pas transmettre son stress. Les messages que l’enfant reçoit de l’école devraient être positifs. On peut par exemple lui dire qu’on est fier de le voir devenir grand pour lui montrer que commencer l’école, c’est une expérience heureuse à nos yeux.»

Se préparer aux consignes

Les parents devraient continuer de rappeler les consignes sanitaires à leur enfant: tousser dans son coude, se laver souvent les mains, se tenir à deux mètres des autres et ne pas faire de câlins aux amis. Il est aussi conseillé de faire du masque un objet plus familier en le laissant jouer avec et en l’habituant à voir ses parents en porter un, par exemple quand ils partent faire des courses.

Selon Solène Bourque, les parents n’ont toutefois pas besoin d’en faire trop. Les enseignants vont bien expliquer les règles de l’école aux élèves durant les premiers jours de classe. Ils se préparent à rendre le tout amusant, par exemple avec des chansons pour le lavage des mains de même que des danses ou des jeux pour apprendre à respecter la distanciation.

Pour rassurer les parents, la psychoéducatrice rappelle que pandémie ou pas, l’entrée à la maternelle est un événement stressant. «Mais il faut savoir que les tout-petits ont une bonne capacité d’adaptation, plus grande que celle des adultes. Ils sont moins résistants aux changements et souvent en quelques semaines, ils peuvent s’adapter à un nouvel environnement. Je reçois déjà de bons commentaires de ce qui se passe dans les écoles qui ont rouvert en région», dit-elle.

Maryse Rondeau ajoute que les milieux préscolaires travaillent fort à préparer un bel accueil aux petits de la maternelle. «Ils misent sur le jeu pour rendre la transition amusante malgré les contraintes.»

Ne pas envoyer son enfant à la maternelle en septembre?

Certains parents inquiets au sujet de la COVID-19 ou qui craignent que leur enfant vive une première expérience scolaire désagréable pourraient envisager de ne pas envoyer leur enfant à la maternelle. Les spécialistes rappellent toutefois que même si la maternelle n’est pas obligatoire, c’est une étape importante du cheminement scolaire d’un enfant. Il y apprend notamment à vivre en groupe et à suivre des consignes en plus de se préparer pour la 1ère année du primaire et tout cela se fait par le jeu. «Moi, je ferais confiance aux enseignants qui travaillent à rendre l’expérience agréable dans le contexte», assure Solène Bourque. Les parents ont aussi un rôle important à jouer pour aider leur enfant à aimer l’école. Pour réussir à l’école et avoir le goût d’y aller, l’enfant a besoin de sentir que ses parents font confiance à l’école et aux enseignants.


Cet article a été écrit par Julie Leduc.


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