Joe Biden courtise les électeurs latinos de la Floride

Joe Biden Photo: Patrick Semansky/AP
Alexandra Jaffe et Will Weissert - The Associated Press

TAMPA, Fla. — Joe Biden s’est rendu en Floride mardi pour la première fois en tant que candidat démocrate présidentiel, dans le cadre d’une mission urgente pour renforcer ses appuis auprès des électeurs latinos qui pourraient décider de l’issue dans un des États les plus chaudement disputés cette année.

M. Biden s’est tout d’abord arrêté à Tampa pour rencontrer d’anciens combattants. Il a vertement critiqué le président Donald Trump, qui aurait traité d’«imbéciles» et de «perdants» les soldats tombés au combat.

Il a ensuite pris la direction de Kissimmee, près d’Orlando, pour célébrer le Mois de l’héritage hispanique.

«Écoutez, il faut que je leur explique pourquoi ce serait tellement mieux (pour la communauté latino) si Trump n’était plus président», a lancé M. Biden aux journalistes mardi soir, après s’être posé à Orlando.

Une victoire de M. Biden en Floride rétrécirait considérablement le chemin qui pourrait mener M. Trump à la victoire. Mais dans un État où le vote se décide souvent par un point de pourcentage, les appuis mitigés des électeurs latinos à M. Biden font sourciller son équipe.

Les inquiétudes concernant la force de M. Biden en Floride ont été en partie alimentées par un sondage NBC-Marist publié la semaine dernière, qui révélait que les Latinos de l’État étaient à peu près également répartis entre MM. Biden et Trump.

Hillary Clinton menait M. Trump par une marge de 59 % à 36 % parmi les Latinos dans le même sondage en 2016. M. Trump a finalement battu Mme Clinton en Floride par un peu plus d’un point de pourcentage.

Les électeurs hispaniques de la Floride ont tendance à être un peu plus républicains que les électeurs hispaniques d’ailleurs au pays, en raison de la population cubano-américaine de l’État. À l’échelle nationale, peu de sondages sont disponibles pour mesurer les opinions des électeurs latinos cette année et voir si elles diffèrent d’il y a quatre ans.

Les démocrates ne prennent aucune chance. Le milliardaire Mike Bloomberg a promis de dépenser 100 millions $ US de sa fortune en Floride pour y défaire M. Trump.

En passant la journée le long du corridor de l’autoroute 4, M. Biden consacrait toutes ses énergies à l’une des régions les plus critiques de l’État. Si les républicains font habituellement bien dans le nord et le sud-ouest de l’État, et que les démocrates sont forts dans les villes côtières, les campagnes s’arrachent normalement les votes dans les régions du centre.

La rencontre avec les anciens combattants, qui ont majoritairement appuyé M. Trump en 2016, visait à élargir la brèche possiblement ouverte par les commentaires du président. M. Trump nie avoir dénigré les soldats morts au front, contrairement à ce qu’affirment les sources anonymes du magazine The Atlantic, mais l’Associated Press a ensuite été en mesure de valider plusieurs de ses commentaires.

«Il n’y a nulle part où ses défauts sont plus évidents et plus offensants, du moins à mon avis, que lorsqu’il dénigre les soldats, les anciens combattants, des guerriers blessés qui sont tombés», a dit M. Biden.

En référence à son défunt fils Beau, qui avait servi outre-mer avec la Garde nationale du Delaware et qui a éventuellement succombé à une tumeur au cerveau, M. Biden a ajouté, «Il n’est plus ici, mais ce n’est pas un imbécile.»

M. Biden a raconté comment, en tant que vice-président de Barack Obama, il a escorté des cercueils militaires jusqu’au pays. Il a aussi parlé de sa détermination à renforcer le département des Anciens combattants et à combattre la crise des problèmes de santé mentale parmi les anciens militaires.

Il a enfin reproché à M. Trump de s’approprier le crédit d’une loi adoptée par l’administration Obama pour faciliter l’accès des soldats aux soins de santé privés.

La décision de M. Biden de souligner le Mois de l’héritage hispanique à Kissimmee témoigne de l’attention qu’il accorde à la communauté portoricaine en pleine croissance de l’État. De nombreux Portoricains ont déménagé vers la Floride après que l’ouragan Maria eut dévasté leur île en 2017.

La campagne Biden a annoncé mardi un nouveau plan pour renflouer l’économie de Porto Rico et pour l’aider à continuer à se relever de Maria. Des mesures ciblent aussi les infrastructures de l’île, comme l’énergie, les soins de santé et l’éducation.

M. Biden n’a toutefois pas dit si Porto Rico, un territoire, devrait accéder au statut d’État.

Les Portoricains pourraient être plus réceptifs au message de M. Biden que les cubano-américains de Miami, qui accueillent favorablement M. Trump quand il associe le ticket démocrate au socialisme.

M. Biden n’a pas visité la Floride depuis le mois d’octobre. Une partie du scepticisme des Latinos envers lui découle de politiques de l’administration Obama. Sous la pression de manifestants pro-immigration lors de la primaire démocrate, M. Biden s’est excusé pour le taux élevé de déportations lorsque le président Barack Obama était à la Maison-Blanche.

Mais sur plusieurs questions spécifiques, M. Biden a refusé d’adopter les positions les plus libérales de son parti, notamment en ce qui concerne la décriminalisation des traversées illégales de la frontière.

Quant à M. Trump, malgré ses nombreuses politiques anti-immigration, certains électeurs latinos ont répondu positivement à l’adoption par le président des positions religieuses conservatrices et à ses avertissements sur la violence et le socialisme liés aux manifestations.

Alexandra Jaffe et Will Weissert, The Associated Press

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