Dans les États cruciaux, les catholiques sont essentiels

Churchgoers participate in a procession at the Holy Apostles Church in Milwaukee, Saturday, Sept. 12, 2020. For decades, Roman Catholic voters have been a pivotal swing vote in U.S. presidential elections, with a majority backing the winner — whether Republican or Democrat — nearly every time. (AP Photo/Morry Gash) Photo:

Depuis des décennies, les électeurs catholiques romains jouent un rôle central dans le choix du nouveau président, puisqu’une majorité d’entre eux appuient le gagnant, qu’il soit démocrate ou républicain, pratiquement chaque fois.

Leur vote dans les États cruciaux pourrait bien décider de l’issue du scrutin cette fois encore, et les campagnes les supplient de voter en respect avec leur foi.

Les partisans du président Donald Trump font valoir que les catholiques ne peuvent pas voter pour quelqu’un comme Joe Biden, qui appuie le droit à l’avortement. Les détracteurs de M. Trump estiment qu’il est trop polarisant et insensible pour mériter le vote catholique. Le décès de la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg met en évidence l’écart entre les deux camps.

Les campagnes se disputent le vote de gens comme Jeannie French — une électrice de Pittsburgh, dans l’État crucial de la Pennsylvanie — qui hésite entre les deux camps. Elle est membre de Democrats for Life, répugne à voter pour M. Biden en raison de sa position sur l’avortement, mais est horripilée par les politiques républicaines en matière de changements climatiques, d’immigration et d’économie.

Il y a à peine une semaine, Mme French, une consultante immobilière qui fait du bénévolat auprès de son église, n’était pas encore décidée et envisageait de voter pour un candidat tiers. Mais avec le siège qui vient de se libérer à la Cour suprême, elle pourrait voter pour M. Trump, qui a promis de l’offrir à une femme conservatrice.

«Si je vote pour Trump, ça veut dire que je vais devoir lutter encore plus fort pour l’équité salariale, les questions environnementales, la réforme pénale, les soins des immigrants ou d’autres questions sociales, mais ça veut aussi dire qu’on aurait la chance, en tant que nation, de bien faire les choses au sujet de l’avortement, a-t-elle dit. Pour cette catholique, c’est peut-être la bonne décision.»

M. Biden, un catholique pratiquant, deviendrait seulement le deuxième président catholique, après John F. Kennedy. M. Trump, qui s’identifie comme presbytérien, ne fréquente que rarement l’église.

Dans plusieurs États cruciaux comme la Pennsylvanie, le Wisconsin et la Floride, plus de 20 % des adultes sont catholiques. M. Trump a remporté les trois États en 2016, mais des sondages récents y donnent une courte avance à M. Biden.

«Les électeurs catholiques qui changent de camp changent plus de camp que n’importe quel autre pan de l’électorat — c’est vraiment le segment qu’il faut cibler», a dit Brian Burch, le président du groupe militant conservateur CatholicVote.org.

M. Burch croit que M. Trump plait à ces électeurs en raison de sa position anti-avortement et de politiques dont pourraient profiter les familles qui préfèrent une école catholique.

CatholicVote.org a récemment annoncé une campagne de 9,7 millions $ US ciblant les catholiques des États cruciaux.

Plusieurs autres groupes courtisent ces électeurs, dont Catholics for Trump, dont le conseil consultatif compte l’ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich parmi ses membres, et Catholics for Biden, qui a vu le jour le 3 septembre.

Parmi ceux qui ont pris la parole lors du lancement virtuel, on retrouve soeur Simone Campbell, qui dirige le Network Lobby for Catholic Social Justice. Le réseau organisera encore cette année sa campagne nationale Nuns on the Bus, avec des événements virtuels ciblant les États cruciaux.

«Les catholiques ne peuvent pas être fidèles à leur foi et voter pour Donald Trump en novembre, a dit Mme Campbell. Le président Trump fait tout en son pouvoir pour nous diviser, pendant que notre économie et notre système de soins de santé s’effondrent sous le poids de la pandémie de COVID-19.»

L’autre camp utilise des stratégies et des discours similaires.

Catholics for Trump organise des rencontres, dont une en Floride mettant en vedette le père Frank Pavone, un prêtre catholique qui estime que les démocrates sont «le parti de la mort».

Plus tôt ce mois-ci, le père James Altman, qui dirige une paroisse de LaCrosse, dans le Wisconsin, a lancé sur YouTube que «tu ne peux pas être un catholique et être un démocrate».

L’évêque de LaCrosse, William Callahan, a critiqué le père Altman pour avoir empêtré l’Église dans la controverse, mais on retrouve parmi ceux qui ont félicité le père Altman le cofondateur du mouvement Men of Christ, Kevin O’Brien.

«Quand on examine les principes catholiques, ce qu’Altman a dit est vrai», a dit M. O’Brien.

Au sujet du siège vacant à la Cour suprême, M. O’Brien croit que plusieurs catholiques prient pour obtenir un juge qui «fournira des lois justes pour tout le monde, surtout les foetus».

Barbara Pfarr, une religieuse de Milwaukee impliquée dans la campagne Nuns on the Bus, a dénoncé M. Trump en ligne, mais elle condamne aussi la polarisation politique qui s’intensifie cette année.

«J’essaie d’être moins cynique, de moins diaboliser l’autre camp, a-t-elle dit. Je ne suis pas encore très bonne.»

En Floride, un fervent catholique et ancien Navy SEAL qui travaille pour une firme de réadaptation physique, John Doolittle, affirme que l’avortement arrive au sommet de ses priorités.

«Ma foi joue un rôle très important dans mes décisions politiques (…) et l’avortement en est une composante très importante, a dit le résidant de St. Petersburg. Je ne peux pas appuyer quelqu’un qui est d’accord avec (l’avortement).»

Un des principaux partisans catholiques de M. Biden en Floride est Felice Gorodo, un homme d’affaires qui a coprésidé le lancement national de Catholics for Biden.

Fils d’immigrants cubains, l’homme de 37 ans a fréquenté une école jésuite et a rencontré M. Biden quand il a travaillé pour la Maison-Blanche de Barack Obama.

Il croit que le siège vacant à la Cour suprême ne changera rien à la campagne, puisque des questions comme les soins de santé, le chômage et le coronavirus demeurent les principales préoccupations.

«En bout de compte, je ne pense pas que ça va distraire les électeurs de tout ce que Trump a fait pour détruire l’économie, de son échec face à la COVID qui a causé des morts et des malades inutiles, et de la manière dont il a si souvent agi à l’encontre des valeurs catholiques», a-t-il dit.

En Pennsylvanie, où Joe Biden a habité jusqu’à l’âge de 10 ans, le représentant local Frank Ryan croit que M. Trump détient une avance en raison de sa position face à l’avortement et au choix des écoles. Il ajoute que les prêtres de sa région, près d’Harrisburg, laissent ouvertement entendre que les politiciens qui appuient l’avortement ne devraient pas avoir droit à la communion.

Toutefois, le sénateur Bob Casey, qui compte parmi les rares démocrates de premier plan à se dire «pro-vie», assure que plusieurs catholiques de la Pennsylvanie et lui dénotent une plus grande valeur morale dans les positions de M. Biden dans d’autres dossiers, comme la justice raciale, l’immigration, les soins de santé et l’appui aux familles défavorisées.

De tels électeurs, a-t-il dit, «ont une vision assez large de ce qu’est un bon catholique».

David Crary, The Associated Press



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