Se distanciant de Trump, des républicains promettent d’accepter l’issue du vote

Le président Donald Trump durant une conférence de presse le 23 septembre. Photo: Evan Vucci/AP Photo

WASHINGTON — Des membres républicains du Congrès se sont distanciés jeudi du président Donald Trump, qui la veille avait de nouveau refusé de garantir un transfert pacifique du pouvoir s’il est défait le 3 novembre.

«On va commencer par voir ce qui arrive, a déclaré M. Trump mercredi en conférence de presse, quand on lui a demandé de promettre une passation pacifique des pouvoirs. Vous savez que je dénonce fortement les bulletins (de vote postal), les bulletins sont un désastre.»

Le sénateur Lindsey Graham, un proche de M. Trump et le président du Comité judiciaire sénatorial, a déclaré jeudi sur les ondes du réseau Fox que «si les républicains perdent, nous l’accepterons. Si la Cour suprême tranche en faveur de Joe Biden, j’accepterai le résultat».

La représentante Liz Cheney du Wyoming, qui compte parmi les leaders républicains de la Chambre des représentants, a indiqué sur Twitter que «le transfert pacifique des pouvoirs est inscrit dans notre Constitution et fondamental à la survie de notre république. Les leaders américains prêtent serment à la Constitution. Nous allons respecter ce serment.»

Il est excessivement inhabituel pour le président au pouvoir de ne pas témoigner d’une confiance absolue envers le processus démocratique des États-Unis. M. Trump avait aussi refusé, il y a quatre ans, de promettre de respecter l’issue du scrutin s’il était battu par Hillary Clinton.

Le candidat présidentiel démocrate Joe Biden a été questionné mercredi soir au sujet des propos de M. Trump.

«Dans quel pays sommes-nous?, a demandé M. Biden, l’air incrédule. Je blague. Mais vous savez, il dit des choses tellement irrationnelles. Je ne sais pas quoi répondre. Mais ça ne me surprend pas.»

M. Trump dénigre depuis plusieurs mois l’intégrité et la fiabilité du vote postal. Davantage d’États encouragent leurs électeurs à voter par la poste cette année, dans l’espoir de réduire les risques de contamination au coronavirus.

Le président, qui votera lui-même par la poste, a tenté de distinguer les États qui envoient automatiquement des bulletins postaux à leurs électeurs de ceux qui, comme la Floride, les envoient uniquement sur demande.

M. Trump répète sans la moindre preuve que l’utilisation répandue du vote postal engendrera une fraude énorme. Les cinq États qui envoient normalement des bulletins à tous les électeurs n’ont constaté aucune fraude.

Les démocrates ont rapidement condamné les plus récentes déclarations de M. Trump, en estimant qu’elles menacent la démocratie des États-Unis. Plusieurs républicains ont également pris la parole.

«Peu importe la polarisation de notre pays actuellement, quand les élections sont terminées et que les gagnants sont annoncés, nous devons tous nous rallier à la Constitution et accepter l’issue», a dit sur Twitter le représentant républicain de l’Ohio, Steve Stivers.

Le sénateur Mitt Romney, qui compte parmi les républicains les moins épris de M. Trump, a évoqué une crise électorale en Europe: «Le transfert pacifique des pouvoirs est fondamental à la démocratie; autrement, c’est le Bélarus. Toute suggestion qu’un président ne respectera pas cette garantie constitutionnelle est à la fois impensable et inacceptable.»

Lors de son apparition sur les ondes de Fox, le sénateur Graham a répété que la Cour suprême pourrait éventuellement être appelée à décider de l’issue du scrutin, au terme de contestations judiciaires qui semblent inévitables. Il n’a toutefois pas mentionné que le Sénat tentera de faire approuver, avant l’élection, le candidat de M. Trump pour pourvoir le siège libéré par le décès de la juge Ruth Bader Ginsburg, ce qui pourrait donner un avantage aux républicains au sein du plus haut tribunal du pays.

M. Trump a laissé entendre, mercredi, qu’il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter d’une fraude électorale ou d’un transfert pacifique des pouvoirs si les États «se débarrassaient» des bulletins postaux non sollicités.

«Ce serait très pacifique — en fait, il n’y aurait pas de transfert, a dit M. Trump. Ce serait une continuité. Les bulletins sont hors de contrôle, vous le savez, et vous savez aussi qui le sait mieux que quiconque? Les démocrates le savent mieux que quiconque.»

Lors d’une entrevue en juillet, M. Trump avait aussi refusé de s’engager à respecter la décision des électeurs.

«Je vais voir. Écoutez… je vais voir, avait-il répondu à l’animateur Chris Wallace, du réseau Fox. Non, je ne vais pas juste dire oui. Je ne vais pas dire non non plus, comme la dernière fois.»

La campagne Biden a répondu mercredi: «Le peuple américain décidera de cette élection. Et le gouvernement des États-Unis est parfaitement capable d’expulser les intrus de la Maison-Blanche.»

L’American Civil Liberties Union a aussi dénoncé les propos de M. Trump: «Un transfert pacifique du pouvoir est essentiel au fonctionnement d’une démocratie, a dit le directeur juridique du groupe, David Cole. Cette déclaration du président des États-Unis devrait inquiéter chaque Américain.»

Contrairement à ce que laisse entendre M. Trump, il est peu probable qu’un éventuel chaos dans les États où le vote postal est universel nuirait à un décompte précis des votes.

Les cinq États qui ont déjà un tel système ont eu le temps de se préparer, mais pas les quatre qui y passent — la Californie, le New Jersey, le Nevada et le Vermont. Le système est aussi nouveau à Washington, D.C.

De ces neuf États, seul le Nevada est en jeu. Ses six votes électoraux seront importants seulement en cas d’impasse au niveau national.

La Californie, le New Jersey, le Vermont et D.C. sont largement démocrates et devraient aller à M. Biden.

Aamer Madhani et Kevin Freking, The Associated Press


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