Des suprémacistes blancs se réjouissent des propos de Trump lors du débat

Des membres des Proud Boys lors du rassemblement avec d'autres manifestants de droite, le samedi 26 septembre 2020 Photo: John Locher/AP Photo
Kathleen Ronayne et Michael Kunzelman - The Associated Press

Le président Donald Trump n’a pas condamné les groupes suprémacistes blancs et leur rôle dans la violence dans certaines villes américaines durant l’été lors du débat avec son rival démocrate Joe Biden mardi soir. Il a plutôt estimé que les violences étaient un problème causé par «la gauche».

«Presque tout ce que je vois vient de l’aile gauche, pas de l’aile droite», a lancé le républicain, dans un échange avec M. Biden ayant apparemment ravi les membres du groupe extrémiste Proud Boys, qui ont estimé que les propos du président équivalaient à une approbation tacite de leurs actions.

M. Trump répondait à une question du modérateur du débat Chris Wallace, qui a demandé au président s’il condamnerait les suprémacistes blancs et les milices qui ont infiltré certaines manifestations contre la brutalité policière envers les Noirs au cours des derniers mois. M. Wallace a spécifiquement mentionné le cas de Kenosha, au Wisconsin, où un adolescent blanc a été accusé du meurtre de deux protestataires lors d’une manifestation contre les actions de la police envers Jacob Blake, un homme noir. M. Trump a blâmé à plusieurs reprises les «antifas», un terme utilisé pour désigner le mouvement antifasciste.

«Je suis prêt à tout. Je veux voir la paix», a dit M. Trump. «Comment voulez-vous les appeler? Donnez-moi un nom.»

«Proud Boys», a rétorqué son rival démocrate, en référence à un groupe d’extrême droite qui s’est infiltré dans des manifestations sur la côte Ouest. Les membres de ce groupe néo-fasciste composé exclusivement d’hommes se décrivent comme des «chauvins occidentaux», et ils sont connus pour inciter à la violence dans les rues.

«Proud Boys, tenez-vous à l’écart et tenez-vous prêts» (stand back and stand by, en anglais), a lancé Donald Trump. «Mais je vais vous dire, je vais vous dire, quelqu’un doit faire quelque chose contre les antifas et la gauche parce que ce n’est pas un problème de droite.»

Le directeur de la police fédérale américaine (FBI), Christopher Wray, a cependant déclaré la semaine dernière devant un comité du Congrès que les suprémacistes blancs et les extrémistes antigouvernementaux étaient responsables de la plupart des récentes attaques meurtrières perpétrées par des groupes extrémistes aux États-Unis.

Le président Trump a tenté de lier les incidents de violence qui ont assombri les manifestations largement pacifiques à M. Biden et aux démocrates, en martelant un message axé sur «la loi et l’ordre» et en affirmant que les Américains ne seraient pas en sécurité avec un président démocrate. C’est un message qui s’adresse directement aux électeurs blancs des banlieues, notamment les femmes qui ont voté pour M. Trump en 2016, mais qui ne le feront peut-être pas cette fois-ci.

«Un message codé»

«Ce que nous avons vu, c’était un message codé lancé à travers un porte-voix», a estimé la colistière de M. Biden, la sénatrice californienne Kamala Harris, sur MSNBC après le débat. «Donald Trump ne prétend pas être autre chose que ce qu’il est: quelqu’un qui ne condamnera pas les suprémacistes blancs.»

Les dirigeants et sympathisants des Proud Boys ont célébré les propos du président sur les réseaux sociaux. Une chaîne sur le service de messagerie instantanée Telegram qui comprend plus de 5000 membres du groupe a affiché les mots «Stand Back» et «Stand By» au-dessus et en dessous du logo des Proud Boys.

Joe Biden a affirmé qu’il avait décidé de se présenter à l’élection présidentielle après que M. Trump eut déclaré qu’il y avait «de très bonnes personnes des deux côtés» lors de la manifestation de suprémacistes blancs à Charlottesville, en Virginie, en 2017, où une contre-manifestante a perdu la vie.

M. Trump a accusé mardi M. Biden d’avoir peur de dire les mots «loi et ordre» et l’a pressé de citer des responsables de l’application de la loi qui soutiennent sa campagne. Le démocrate n’en a nommé aucun, mais a déclaré qu’il était en faveur «de la loi et de l’ordre avec justice, où les gens sont traités équitablement.»

M. Biden a aussi affirmé que le terme antifa désignait «une idée, pas une organisation». C’est un peu ce qu’avait dit le directeur du FBI, bien que le président Trump ait appelé le gouvernement fédéral à désigner les antifas comme une organisation terroriste.

À un autre moment du débat, alors qu’il était question de la décision de l’administration Trump de mettre fin à une formation sur la sensibilité culturelle et ethnique parmi les employés du sein du gouvernement fédéral, M. Biden a directement accusé M. Trump d’être raciste. Il l’a également accusé d’avoir tenté de semer la haine et les divisions raciales dans le pays.

Kathleen Ronayne et Michael Kunzelman, The Associated Press


Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.