Soutenez

Les écrivains fantômes

écrivain fantôme
Le ghost writing est un phénomène qui prend de l’ampleur dans le monde entier. Photo: Métro

Rédaction de travaux, correction de thèses, relecture de textes… Ces services offerts en ligne sont utilisés par nombre d’étudiants. Le phénomène s’appelle le ghost writing.

En seulement quelques clics dans les petites annonces, on trouve des personnes offrant des services de rédaction ou de correction: «J’offre mes services en tant que correcteur et rédacteur pour vos travaux scolaires. Qu’il s’agisse d’une analyse littéraire, d’un texte argumentatif ou d’un mémoire de maîtrise, je suis en mesure de vous garantir un excellent résultat grâce à ma connaissance approfondie des deux langues officielles.»

Jacques (nom fictif) est une de ces personnes. Ce diplômé en lettres modernes, originaire de France, offre ses services en ligne et dit souhaiter mettre sa maîtrise rédactionnelle au service de projets différents.

Pour ce jeune Montréalais, «chacun peut obtenir de l’aide pour la rédaction de ses écrits. Le travail est offert sur mesure et est en adéquation avec les demandes et les exigences du directeur de projet.»

Jonathan (nom fictif), un Montréalais dans la vingtaine, a déjà eu recours à un ghost writer pour obtenir de bonnes notes: «Je voulais juste réussir», explique-t-il.

«La tricherie devient de plus en plus normale.» Tracey Bretag, professeure agrégée de l’université de l’Australie du Sud

Un fléau

En Australie, une équipe de chercheurs a conclu que 6% des 14 000 étudiants interrogés dans 8 universités de ce pays avaient admis avoir triché plus d’une fois. Cela s’applique tant aux étudiants de premier cycle qu’à ceux des cycles supérieurs.

Chez nous, la situation n’est pas différente. Elle serait même pire. Selon une enquête dirigée par CBC/Radio-Canada en 2014, couvrant 11 établissements du Canada et plus de 15 000 étudiants universitaires, pas moins de 53% des étudiants ont admis avoir triché dans le contexte d’un travail universitaire à remettre.

Geneviève O’Meara, la porte-parole de l’Université de Montréal, estime qu’il est toutefois difficile d’évaluer l’ampleur du phénomène.

«Il semble marginal à l’UdeM, comme le plagiat en général d’ailleurs. À notre connaissance, nous n’avons pas eu affaire à ce genre de situation dans les derniers mois», dit-elle.

L’écrivain fantôme Jacques croit toutefois que le contenu original et sur mesure qu’il propose peut passer inaperçu aux yeux des professeurs: «Chaque contenu est unique et peut donc passer sans aucun problème au détecteur de plagiat.»

Tracey Bretag, professeure agrégée de l’université de l’Australie du Sud, croit que la communauté scientifique devrait admettre qu’elle n’est pas immunisée contre cette «pratique».

Dans une lettre publiée récemment par la revue Nature, elle indique que la tricherie devient de plus en plus normale.

«La tricherie n’est pas nouvelle, mais la prolifération des services commerciaux en ligne au cours des 5 à 10 dernières années a rendu la tâche plus facile que jamais», explique-t-elle.

La professeure Bretag croit qu’il faut passer par les autorités pour tenter d’endiguer le phénomène.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.