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Y a-t-il de l’avenir dans l’artisanat?

Photo: Métro
Anne-Hélène Dupont - 37e Avenue

À l’ère des nouvelles technologies, y a-t-il encore de l’avenir à étudier en joaillerie ou en maroquinerie au Québec? Coup d’œil sur ces deux techniques de métiers d’arts et rencontre avec deux artisanes.

Caroline Rivière étudiait en biologie marine lorsqu’elle a découvert la joaillerie. Elle se voyait en scientifique; un premier congé de maternité lui a révélé sa passion pour la création de bijoux. À la faveur d’un second congé, elle s’est inscrite au Diplôme d’études collégiales en joaillerie offert conjointement par l’École de joaillerie de Montréal (ÉJM) et le Cégep du Vieux-Montréal (CVM). Le programme, qu’elle complétera dans quelques semaines, lui a toutefois réservé des surprises.

Passion, fabrication et… gestion
Le DEC en métiers d’arts – option joaillerie (code 573.AE) prépare les futurs artisans à réaliser toutes les étapes de la production de bijoux : la conception, la fabrication et la réparation, mais aussi la mise en marché du produit et la gestion d’une entreprise. C’est d’ailleurs ce qui distingue le DEC du diplôme d’études professionnelles dans ce domaine, selon Claudia Gravel, responsable des communications à l’ÉJM. Le DEP en bijouterie-joaillerie se concentre en effet sur les compétences techniques.

Ses études à l’ÉJM ont permis à Caroline Rivière d’apprendre à travailler les métaux précieux. Elle compte d’ailleurs développer une nouvelle gamme de bijoux en argent, en plus de ceux en résine et acier inoxydable qu’elle vend sous le nom Maëlle & Fanny. Celle qui a opté pour la joaillerie en comptant concilier ainsi travail et famille trouve plus exigeant que prévu de mener seule sa barque entrepreneuriale. Sa passion pour son métier est néanmoins intacte.

Le DEC en maroquinerie : une formation unique en son genre
Le DEC en métiers d’arts – option maroquinerie (573.AG) a une structure similaire à celle du programme collégial de joaillerie. Il est lui aussi offert en collaboration avec le CVM, qui dispense les cours de gestion et ceux de la formation générale.

Il s’agit cependant d’un programme «unique en Amérique du Nord», souligne Laurence Drubigny, directrice par intérim du Centre des métiers du cuir de Montréal (CMCM). L’institution est en effet la seule sur le continent à offrir une formation créditée en travail du cuir.

Optimiste quant à l’avenir de ce domaine, Mme Drubigny affirme que les maroquiniers s’associent de plus en plus à des créateurs de mode. Elle donne en exemple la collaboration entre Frédérik Bélanger-Lacourse (diplômé du CMCM) et la designer Marie Saint Pierre. Les métiers d’arts profitent aussi à son avis, de l’engouement actuel pour l’achat local.

La directrice du CMCM fait aussi valoir le formidable tremplin que constitue le programme en maroquinerie pour ses diplômés. Le portfolio qu’ils composent au fil des trois ans de cours leur ouvre souvent les portes des études supérieures en mode ou de stages très convoités.

C’est justement le parcours qu’a emprunté Corinne Bourget. Son diplôme en poche, la jeune maroquinière est partie perfectionner ses connaissances en France, en Australie et en Martinique. Elle fabrique aujourd’hui les accessoires de la marque Corinne Wilde et enseigne la maroquinerie souple au CMCM.

«Comme une grande famille»
Caroline Rivière et Corinne Bourget parlent en termes identiques de leurs écoles respectives : l’ÉJM et le CMCM sont chacun «comme une grande famille». Admis en petit nombre, les étudiants développent un fort sentiment d’appartenance en plus de bénéficier d’un encadrement très attentionné.

Il ne s’agit pas pour autant de faire bande à part! Tant du côté de la joaillerie que de la maroquinerie, on insiste sur la nécessité pour les artisans de participer à des expositions, à des concours et à des salons. Il importe aussi d’être présents sur le Web, par le biais des médias sociaux et des portails de vente comme Etsy.

À l’ÉJM comme au CMCM, on voit le commerce en ligne comme une arme à double tranchant. D’une part, il permet un contact direct avec les acheteurs. D’autre part, il multiplie l’offre. D’où l’importance pour l’artisan de développer un style unique, et de mettre l’accent sur le marketing, souligne Corinne Bourget.

Infos

Pour admirer les réalisations des étudiants Exposition des étudiants des DEC en maroquinerie et en joaillerie
Musée des maîtres et artisans du Québec
Du 5 au 21 juin 2015
www.mmaq.qc.ca

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