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Les exclus de la vie adulte

Photo: Getty Images

Plus de 200 000 Québécois courent le risque d’être entièrement exclus du monde du travail et des adultes.

Avez-vous entendu parler des NEET? Cet acronyme anglophone réfère à un groupe de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni aux études ou en formation (NEET : not in education, employment or training) et qui n’acquièrent donc aucune des compétences nécessaires à une entrée réussie sur le marché du travail.

Selon une étude de l’Institut de la statistique du Québec, 200 100 jeunes Québécois, soit 13,4 % de nos jeunes, sont des NEET. Ils se divisent en deux groupes. Le premier est formé de jeunes chômeurs qui ne poursuivent pas une formation afin d’obtenir un meilleur emploi. En 2012, la dernière année pour laquelle les données sont disponibles, environ 88 000 jeunes québécois faisaient partie de ce premier groupe, soit 5,9 % de tous les jeunes. Le deuxième groupe est formé de jeunes inactifs, qui ne cherchent pas un emploi malgré le fait qu’ils soient sans travail. Toujours en 2012, 7,5 % de nos jeunes étaient inactifs, soit environ 111 500 d’entre eux.

Les jeunes hommes sont plus nombreux que les jeunes femmes parmi les NEET : 14,8 % de nos jeunes hommes en font partie, alors que ce n’est le cas que de 11,9 % des jeunes femmes. Les jeunes plus âgés, soit les 25-29 ans, sont aussi plus nombreux: 17,8 % des 25 à 29 ans sont des NEET, alors que ce n’est le cas que de 14,8 % des 20 à 24 ans.

L’OCDE a mené des études comparatives de la proportion de NEET parmi les jeunes de ses pays membres. Comme il fallait s’y attendre, plus les difficultés économiques d’un pays sont importantes, plus il lui est difficile d’intégrer les jeunes en emploi et plus la proportion de NEET est grande. Par exemple, selon les derniers chiffres, elle était de 23,7 % en Espagne et de 23 % en Italie, un taux beaucoup plus important qu’au Québec (13,4 %). Au contraire, la proportion de NEET parmi les jeunes était plus faible dans des économies fortes comme l’Allemagne (12 %), la Suède (10,3 %) et la Norvège (8,5 %).

Notons que la proportion moyenne pour tous les pays de l’OCDE est 15,8 %.

Les NEET sont donc moins nombreux chez nous que chez bien d’autres, alors pourquoi s’inquiéter? Ils sont jeunes, leur situation s’améliorera plus tard, non? Justement, cela risque de ne pas être le cas. Les années entre les âges de 18 et de 28 ans sont les plus déterminantes de notre vie. C’est durant ces années que la plupart d’entre nous acquièrent les compétences qui nous permettront de devenir productif et de prendre notre place parmi les adultes. Or, être un NEET, qui n’apprend et ne travaille pas pendant ces années importantes, c’est aussi être privé de l’occasion de trouver sa place au travail, parmi des adultes productifs, et finalement risquer de voir son exclusion se perpétuer.

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