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Tout quitter pour voyager en famille

Photo: Collaboration spéciale

En novembre dernier, Karl, Karen et leurs enfants, Lounn et Lily, ont plié bagage et sont partis pour l’aventure d’une vie: 10 mois en sac à dos à voyager en Asie et en Europe. À mi-parcours, la petite famille de Montréal a pris le temps de partager ses impressions avec Métro via vidéoconférence.

Au moment de notre entretien, Karl, Karen et les enfants sont au Vietnam, où ils ont déjà passé une partie du mois de mars avant de se rendre en Chine. Cette journée-là, ils ont visité un musée et ont beaucoup appris sur les découvertes scientifiques, comme celle du vaccin contre la peste par Alexandre Yersin, qui vivait au Vietnam. Tout le monde est hyper souriant, même si la maman admet que leurs journées sont vraiment intenses. «En une journée, on fait tellement de choses. Si on regarde les derniers quatre, cinq mois, on est capables de savoir telle journée j’ai fait ça, telle journée j’ai fait ça. Dans le quotidien à la maison, on ne se souvient pas de ce qu’on a fait hier ou avant-hier. Chaque journée a son anecdote; il y a tout le temps quelque chose de différent.»

Et comment ça se passe jusqu’à présent? «Ça dépasse nos attentes», s’exclame Karen. Leurs attentes étaient plutôt simples. «C’était de découvrir des cultures, de passer du temps avec les enfants, de nous découvrir», explique- t-elle. «C’était de prendre notre temps», ajoute Karl.

L’idée de partir en voyage en famille au bout du monde était un «vieux rêve» qu’entretenaient Karl et Karen depuis plusieurs années. «On s’était toujours dit que, quand les enfants seraient en âge de voyager – parce que c’est quelque chose qu’on voulait faire avec eux –, eh bien, on passerait à l’action», explique Karl. Mais pendant plusieurs années, le couple, qui a déménagé à Mont­réal et qui a ensuite eu deux enfants, n’a pas voyagé.

C’est une expérience tellement enrichissante que je pense que les quatre années d’efforts qu’on a pu faire pour se rendre là, on ne va jamais les regretter. -Karl

Il y a quatre ans, ils ont cependant eu un moment d’illumination lors d’un petit voyage en famille à Cape Cod. «On avait perdu le goût de la découverte. On est partis découvrir un endroit qu’on ne connaissait pas, et là, c’est revenu. On est vraiment vivants quand on voyage», raconte Karen. Ils se sont ensuite lancés dans la planification de cet immense voyage de plusieurs mois.

Choisir les destinations n’a pas été chose facile. Karen rigole en y repensant : «Au début, on voulait aller partout. On voulait faire le tour du monde. On voulait voir l’Amérique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. Il n’y avait aucune limite.» Après avoir tranché sur la longueur de son voyage, la famille a décidé de miser sur la découverte de l’Asie.

Un voyage de cette ampleur demande bien évidemment de faire des sacrifices. «Beaucoup de sacrifices financiers», souligne Karen. «Pour les vacances, on a décidé d’aller aux endroits les moins chers possible. Les sorties au resto, on n’en faisait pas», poursuit-elle. Karl se souvient bien qu’ils ont aussi révisé toutes leurs dépenses comme l’électricité, les assurances, l’internet, les vêtements. Mais ils tiennent à préciser une chose : «Ces sacrifices financiers relevaient de choix dans nos dépenses et de priorités afin de réaliser un rêve, et non d’une nécessité liée à des impératifs de survie, tels qu’avoir un toit sécuritaire ou nourrir sa famille. Plus que jamais, pendant ce voyage, nous réalisons la chance que nous avons d’avoir ces choix; c’est loin d’être le cas pour une grande partie du monde.»

Mais il n’y a pas eu que des sacrifices, il y a aussi eu des occasions de faire des sorties culturelles (gratuites!) en vue de leur voyage. «Une fois, il y a eu un événement, qui était la découverte de la culture japonaise, dans le Mile End. On y est allés (les enfants, en chœur, se souviennent avoir beaucoup aimé cette activité). Dès qu’on voyait des occasions de montrer la culture des pays qu’on allait visiter, on les emmenait pour qu’ils s’habituent», se remémore Karen.

C’était une façon aussi de préparer mentalement les enfants à ce qu’ils allaient vivre. «On leur a montré des films qui se passaient dans les pays où on allait voyager, comme Le promeneur d’oiseaux, qui se passe en Chine. J’empruntais souvent des livres sur les pays où on allait aller. On leur a montré du Bollywood, aussi.»

Cette préparation en a vraiment valu la peine, remarque Karl. «Ce qu’on vit est au-delà de nos espérances parce qu’en n’étant pas sur le terrain, on se projette sur les dangers potentiels, sur comment on va gérer telle ou telle situation si ça se passe et, en fait, ça se passe beaucoup mieux que ce qu’on avait envisagé. On avait préparé les enfants en conséquence.»

Et l’école, dans tout ça?
Lounn, 12 ans, et Lily, 9 ans, ont inévitablement manqué une année scolaire pour partir en voyage avec leurs parents. Cependant, Karl et Karen ont pu compter sur l’aide de leurs professeurs pour qu’ils manquent le moins possible de leçons. «Ils nous ont aidés à sélectionner les manuels qui sont les plus importants. On a une petite pochette avec les manuels scolaires. Ils font régulièrement des exercices
là-dessus.»

Les enfants utilisent aussi des applications mobiles pour étudier les mathématiques et des liseuses pour faire quelques lectures. Pour ce qui est de l’écriture, ils font des petits textes à propos de leur voyage sur un blogue dédié aux amis et membres de leur famille.

Les leçons d’anglais sont probablement les plus faciles à faire. «On n’a même pas besoin de faire de leçons parce qu’en fait on parle tous les jours. Il y a même des personnes, dans les pays qu’on visite, qui les aident à apprendre des nouveaux mots. En Inde, ils sont super gentils avec les enfants et ils ont un très bon anglais», explique Karen.

Et tout ça, c’est sans compter les leçons d’histoire sur les civilisations khmère, indienne, chinoise, entre autres, qu’ils font quotidiennement dans le cadre de leurs aventures.

Le point de vue des enfants

Quel a été votre moment préféré, jusqu’à présent?
Lounn : Moi, personnellement, c’était au Myanmar, au lac Inle. C’est un grand lac de plusieurs kilomètres. Un jour, on a été sur ce lac et on y a vu des villages flottants. C’est vraiment presque magique. C’est magnifique. Il y a des potagers sur l’eau. Toutes les maisons sont sur pilotis. Et il y avait beaucoup d’artisanat local. J’ai adoré ça.

Lily : Moi, je pense que c’était en Inde, quand on est allés visiter un temple d’or. C’était un temple qui était fait en or. Le temple il était sur l’eau et, nous, on se promenait autour. C’était beau à voir, surtout la nuit. L’ambiance aussi, et la cuisine! On est allés dans des cuisines et il y avait d’énormes bols de riz, d’épices.

Trouvez-vous que vos parents vous impliquent dans les décisions prises pendant le voyage?
Lounn : Je trouve qu’on est presque autant impliqués que les parents dans les choix qu’on fait. Ils nous prennent vraiment à part entière.

Est-ce que vous vous ennuyez de l’école?
Lounn : Je dois dire que je m’ennuie un peu de l’école, du rythme habituel qu’on a à l’école. C’est quand même un avantage de pouvoir voyager.

Lily : Ça nous manque quand même, les amis, la maison.

Quel pays avez-vous le plus hâte de visiter?
Lounn : Ce qui m’intrigue le plus, c’est la Chine. C’est un pays que je sens très particulier, et l’adaptation ne va pas être facile. Mais ce dont j’ai le plus hâte et ce que je pense que je vais le plus apprécier, c’est le Japon. Quand je pense Japon, je pense technologies, parc d’attractions, Pokémon, manga.

Lily : Moi, j’ai très hâte de voir la muraille de Chine et j’ai aussi hâte au Japon, parce que je pense que ça va être un peu différent des pays en Asie. Mais je n’ai aucune idée de comment les Japonais vont être en général.

Pensez-vous avoir la piqûre du voyage maintenant?
Lounn : Est-ce que j’aurai trop de voyage et que ça m’aura dégoûté du voyage? Ou l’inverse?! Je ne sais pas!

Lily : Je pense que je vais avoir envie de découvrir d’autres pays, d’autres choses.

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