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Le père qui vit trop

Photo: Getty Images/iStockphoto

De plus en plus de travailleurs âgés ont un emploi. Est-ce au détriment des nouveaux diplômés qui cherchent un premier travail?

Dans les sociétés agricoles, le fils devait souvent attendre la mort de son père pour hériter de la terre et fonder sa propre famille. Si le père vivait très vieux, le fils n’avait d’autre choix que de patienter. On disait alors que ce père vivait trop et qu’il empêchait son fils de faire sa vie!

De la même façon, plusieurs ont récemment suggéré que le nombre de travailleurs âgés augmente, au détriment des jeunes diplômés, dont la situation se détériore. Comme un père qui «vit trop», les travailleurs âgés demeureraient donc trop longtemps sur le marché de l’emploi, au lieu de laisser la place aux jeunes.

Ainsi, selon l’Institut Vanier, il s’est perdu tout près de 230 000 emplois chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans durant la récession de 2009, alors qu’il s’est créé 83 100 emplois chez les 55 ans et plus durant la même période. Le rapport souligne que, l’an dernier, les travailleurs âgés de 55 ans et plus ont obtenu presque deux fois plus de nouveaux emplois à temps plein que les jeunes de 15 à 24 ans.

Les Fédérations étudiantes collégiale et universitaire du Québec (FECQ-FEUQ) partagent la même inquiétude et ont remarqué la faiblesse des taux d’emploi chez les 20 à 24 ans.

En effet, selon Statistique Canada, ce taux s’établit à 63,2 % au Canada, le plus bas depuis 1977.

Mais est-il pour autant juste de dire que les travailleurs âgés «volent» le travail des jeunes? Juste avant la récession, en 2008, selon l’Institut de la statistique du Québec, 27,8 % de la population de 55 ans et plus avaient un emploi. C’était aussi le cas de 59,8 % de nos jeunes de 15 à 24 ans. Trois ans plus tard, en 2011, ces chiffres étaient de 29,6 % et de 57,7 % respectivement. Il est donc juste de dire que 2,1 % des jeunes ont cessé de travailler depuis la dernière récession et qu’ils semblent avoir été remplacés par des travailleurs âgés, dont la proportion a augmenté de 1,8 %.

Néanmoins, il s’agit d’un phénomène encore récent qu’il faudra surveiller et qui ne semble pas encore inquiétant. Lorsqu’on considère les 35 dernières années, plutôt que les 3 dernières, la proportion des jeunes sur le marché du travail est toujours plus grande que celle des 55 ans et plus (parfois jusqu’à trois fois plus). Aujourd’hui, les jeunes sont 13 % plus nombreux à occuper un emploi qu’en 1976, alors que ce n’est le cas que pour 6,5 % des travailleurs âgés.

Il est donc trop tôt pour sonner l’alarme. Néanmoins, plusieurs travailleurs âgés désirent conserver leur emploi plus longtemps ou reviennent sur le marché dans des emplois traditionnellement réservés aux jeunes. Il faudra garder l’œil ouvert!

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